Je l'avais annoncé dans un article posté le lendemain même de cette rencontre exceptionnelle : le 4 novembre dernier, j'ai eu l'immense privilége de faire une rencontre en tête à tête (enfin parfois à deux têtes puisque son fidèle producteur Gérard Vacher avec qui les relations sont pour le moins passionnelles comme un vieux couple, y assistait aussi) avec l'exceptionnelle star internationale Liz Mc Comb, dans le cadre d'un concert qu'elle donnera le 12 décembre prochain à la Salle de la Cité Internationale pour clôturer un festival de Jazz.
Pour ceux qui l'ignorent, précisons juste que Liz Mc Comb est certainement la plus grande chanteuse de gospel vivante, connue partout dans le monde, qui a quand même, excusez du peu, fait les premières parties d'icones comme Ray Charles ou James Brown.
C'était un moment complètement à part que j'ai pu vivre ce soir là dans un restaurant du Vieux Lyon (Le Gourmand de Saint Jean, au demeurant excellent bouchon si vous aimez la cuisine lyonnaise typique) car sincèrement, interviewer une des plus grandes stars mondiales de la black music alors que mon blog doit être à peine 5% musical (et encore, je suis sympa) est assez surréaliste.
Je vous avouerai que d'ailleurs pendant toute l'interview, je me suis un peu demandé un peu ce que je faisais là, n'ayant pas forcément les connaissances pour tenir une interview de ce style (d'autant plus que l'intervieweur avant moi était un spécialiste du jazz, et fils d'un grand jazzman qui a beaucoup oeuvré pour le rayonnement du Jazz à Lyon, autant dire que mes complexes ont largement eu de quoi se raviver!!). ...Autant face à n'importe quel cinéaste ou comédien, je pense pouvoir commence rà maitriser une itw, autant face à une jazzwoman, surtout aussi charismatique et barrée que Miss Mc Comb, c'est une autre paire de manche!!
Ce que j'ai pu voir pendant ces 3/4 d'heures de rencontre, c'est à quel point Liz mc Comb est une vraie diva, avec tout ce que ce terme parfois galvaudé et trop utilisé entraine derrière lui, et j'ai pu largement le vérifier même en un temps aussi court ( quand miss Mc Comb veut une boisson et pas une autre, on a intérêt à lui apporter fissa :o). Une rencontre qui demeura forcément un très beau souvenir, bien que j'y ai quand même eu largement l'impression de ne pas être à ma place pendant toute la durée de l'entretien.
En effet, c'est un peu le problème de ce blog, j'ai parfois ce sentiment parfois d'avoir, toutes proportions gardées, un peu créé un monstre : à force de vouloir brasser l'intégralité du secteur de la culture, je me retrouve un peu dans la peau d'un homme politique avant d'aller dans une émission de télévision et qui s'attend à être interrogé sur des questions diverses et variées.
Quelquefois, et cela a été évident lors de cette itw, j'ai parfois l'impression que pour maitriser parfaitement mon large domaine d'intervention, je dois tout connaitre du cinéma mexicain ( ca va à peu peu près), à la peinture du 16ème siècle en passant par les essais sur la photographie, ou la musique baroque allemande. Et si on peut (parfois) faire illusion derrière son écran, lorsqu'on a en face de soi une des grandes interprètes de la musique noire américaine, et son fidèle producteur très grand spécaliste de la question, on a un peu l'impression de passer pour un imposteur.
Impression corroborée par le fait que Miss Mc Comb ne s'exprimait pratiquement qu'en anglais et moi pratiquement qu'en français, et cette incompatibilité linguistique n'aidait pas vraiment à la profondeur de la réflexion et a parfois même tourné au dialogue de sourd.
Bref, contrairement à mes autres entretiens, impossible de retranscrire fidèlement le contenu de celui ci, j'ai essayé, ca ne ressemblait pas à grand chose.
J'ai néanmoins retenu de ce long entretien que le dernier album de Liz Mc Comb marquait une évolution radicale par rapport à toute sa discographie avec l’apparition pour la première fois d’une grosse sections de cuivres.
Lorsque je lui ai demandé la personne qui a vaincu ses réticences (en pensant, comme je l'avais lu que c'était son fidèle producteur Gérard Vacher qui avait employé des trésors de subtilité pour la convaincre), elle a rejeté vertement cette supposition en rétorquant que "personne ne convainc jamais Liz Mc Comb". Si elle a toujours estimé qu'elle était un cuivre à elle toute seule, elle a ce coup ci eu envie d'elle même de travailler avec une section de cuivres, mais que c'est eux qui se sont adaptés à la chanteuse et non pas le contraire, comme j'ai pu là encore le laisser entendre avec une de mes questions de petit garçon :o).
Liz Mc Comb a également nié lorsque j'ai prétendu que cet album, grâce à cette dominance cuivre, me semblait être encore plus multi-genres que le reste de sa discographie, en m'affirmant que sa spécialité a toujours été d'aller revisiter tous les genres de la musique noire américaine, le gospel évidemment, croisant le jazz, le blues, la soul, du reggae, et même du rock et du boogie woogie, mais que cela se retrouve dans le fondement même du gospel, dont toutes les musiques se sont toujours inspirées à la base.
Quant à la question de savoir ce qui guide le choix des morceaux composant vos albums, là encore, la reine du gospel ne cérébralise pas tout cela, et s'il m'a semblé y voir, à l'écoute du disque ( mais une écoute de profane, comme je vous le disais en début de billet) un véritable équilibre entre compositions personnelles, standards mondialement reconnus et reprises de morceaux moins connus du grand public, tout cela n'est selon elle jamais réfléchi, puisque seul l'envie de tel ou tel morceau est le moteur de la création de tous ces albums.
Pour By the Rivers of Babylon, à l'origine une chanson populaire des communautés Rasta, les paroles sont un psaume (Ps 137) tiré de la Bible, Liz Mc Com m'a quand même révélé avoir eu envie de ramener avec cette version dans cette veine là , la musique de la diaspora africaine (un mot qui revient souvent dans ses phrases) et l’éloigner du coté disco popularisé par les Boney M dix ans après sa création. "By the rivers of babylon" version Liz Mc Comb est en effet une reprise de l’un des titres phare de l’Histoire du Reggae enregistré en 1969 par The Melodians, bien avant la reprise de Boney M qui en a fait un tube interplanétaire en 1978.
Il faut savoir que ce morceau ’By The Rivers of Babylon‘, Liz avait déjà l’habitude de chanter dans ses concerts Gospel mais cette fois-ci accompagnée par des musiciens ayant participé aux enregistrements de Bob Marley Himself, ca change tout, c'est évident !!…
By the rivers of bablyon
Et même « What a Wonderful World », sublime chanson immortalisée par Louis Armstrong , Liz Mc Comb le fait simplement pour pouvoir le métamorphoser en chanson spirituelle, dans la plus grande tradition du gospel.
Et d'ailleurs Liz Mc Comb éprouve une vraie fierté à l'idée d'avoir repris dans son dernier album les standards Negro-spiritual comme "Wade In The Water," "Go Down Moses" ou bien encore "Joshua Fit The Battle Of Jéricho" et d'apporter un nouveau souffle à ces standards des négros spirituals afin de les faire connaitre au grand public. Liz Mc Comb s’est fait en effet une spécialité d’interpréter de façon originale les plus anciens « negro spirituals », ceux du temps de l’esclavage, et il est important que tous ses albums en contient plusieurs.
Liz Mc Comb m'a confié également avoir enregistré Brassland dans différents studios à travers le monde, plus précisement dans 4 studios différents (dont Paris, au Studio Davout, mais aussi New York, Jamaïque, Nouvelle Orléans) en fonction des disponibilités des musiciens auxquels elles tenait particulièrement , notamment ses quatre titres enregistrés avec les immenses Desmond Jones et Dean Fraser à Kingston en Jamaïque, des musiciens qui ont tous participé aux premières séances de Bob Marley, et dans ces propos, pas de fausse modestie, mais une évidence : pour obtenir le meilleur, autant à la base s'accompagner des meilleurs. Alors, certes, la confiance en soi de Miss Mc Comb est indéniable et inébranlable, mais assurément, elle ne serait pas là ou elle est sans elle.
Liz Mc Comb, originaire du Mississipi a décidé de mêler sur son dixième opus son Gospel avec de La Soul, du Jazz et du Reggae ! Pour cela Liz s’est rendu dans les superbes studios Tuff Gong de Kingston pour enregistrer, avec Dean Fraser (grand saxophoniste qui a repris les morceaux de Bob Marley en versions instrumentales sur « Dean Fraser Plays Bob Marley » !) et Desmond Jones, sur 4 titres Reggae ‘Give It Up‘, ‘The Blessing‘, ‘God Don’t Lie‘
Extrait d'un passionnant reportage sur l'enregistrement de l'album Brassland
Liz Mc Comb a perdu un seul instant son assurance, lorsqu'elle ma confié se sentir un peu sans héritiers. Il faut dire qu'elle est en effet dans sa génération l’une des dernières à connaître et à interpréter ces « chants de liberté » parce que l’histoire de sa famille en fait pour elle un répertoire évident et naturel, et hélas, cette tradition musicale en voie d'extinction qui remonte au temps de l'esclavage, dont ses ancêtres ont été les victimes, Du coup, elle se désespere un peu de constater que les générations après elle ne semblent pas être aptes à en reprendre le flambeau.
Elle m'a confié se souvenir d'une rencontre avec Maya Angelou -grande poétesse qui a beaucoup oeuvré pour l'histoire des noirs américains- en 1994 et elle déplore qu'il n'existe plus de personne de cette trempe là et avec cette histoire là. Cela dit, malgré l'angoisse des propos, dans le ton de sa voix, je ne sentais Liz Mc Comb pas particulièrement inquiète, juste un brin fataliste.
Liz a semblé trouver plus de peps pour me répondre à mon interrogation sur l'étendue de sa maitrise vocale, lorsque je lui ai demandé si après 35 ans de carrière, elle pensait connaitre tout l’étendue de votre potentiel vocal, la diva de Cleveland m'a confié qu'elle arrivait encore à se surprendre vocalement parlant, qu'il y a la dedans " des éléments de magie que je ne controle pas, mais tant mieux!"
Et à part cela, puisqu'on était quand même à Lyon, le producteur de Liz Mc Comb m'a confirmé que le concert prévu dans la cité des Gaules, le 12 décembre sera en tous points identique dans la scénographie et l’ordre des morceaux présentés à celui du Casino de Paris en début d’année 2014, avec 8 musiciens (Pierre Chabrèle au trombone, Harold T Johnson, Larry Crockette à la batterie, Reggy Washington à la basse, Richard Arame à la guitare, Ronald Baker à la trompette, Phil Makai aux percussions, et Xavier Sibre au saxophone ?) autour de la diva. De toute façon rien n'est laissé au hasard, car comme Liz le répétera plusieurs fois lors de l'entretien " je sais ce que je fais"...
Ce qui est sûr, c'est que tout le monde s’accorde à dire pour reconnaitre que ses concerts sont incroyables à tous les niveaux, et qu’il y a une réelle complicité dans vos concerts avec le public et ses musiciens qui ont le droit pratiquement tous à des longues plages de solo…
Cet exceptionnel don de présence qui touche et emporte immédiatement le public, Liz Mc Comb ne l'ignore pas et le revendique totalement, car, pour elle, impossible de concevoir la musique sans cette générosité là et cette envie de tout donner à son public.
Un public qui peut d'ailleurs être très restreint, car figurez vous que se fatiguant certainement un peu de mes questions pas très originales, Lz Moc Comb m'a offert pour un concert plus que privé un petit échantillon de ses potentialités vocales, me faisant même l'intégralité d'un orchestre simplement avec sa voix pour me prouver qu'elle pouvait tout à fait se passer de cuivres, contrairement à ce que ma première question le laissait entendre...
J'avais très envie de filmer cette petite bulle enchanteresse, mais dès que j'ai amorcé le geste de prendre mon appareil photo et le mettre en position caméra, son fidèle producteur m'a vite fait comprendre que ce n'était pas vraiment une bonne idée.. c'est vrai quoi, les absents ont toujours torts comme on dit, et puis ces derniers n'ont qu'à aller à la Cite Internationale le 12 décembre prochain aller applaudir Liz Mc Comb et voir quelle interpréte exceptionnelle elle est....
Concert Évènement !Vendredi 12 décembre 2014
CITÉ DES CONGRÈS Salle 3000 LYON
En tournée française pour la sortie de son nouvel et 10e album, "Brassland", la diva dévoilera ses 21 nouveaux titres explosifs sur la scène de la cité des Congrès à Lyon pour un concert absolument exceptionnel.
Durant 2h30, Liz y déploie son tout nouvel album " Brassland ", enregistré entre New-York, Kingston, la Nouvelle-Orléans, Détroit et Paris, avec huit musiciens hors-pair. Un " all stars " à l’image de cet opus on ne peut plus éclectique, voire encyclopédique, bannissant la ségrégation des genres pour naviguer des tubes gospel, jazz et spirituals à un répertoire mariant allégrement blues, funk et soul dans l’esprit de la mythique Motown.