« Allô quoi ! » Pendant que la France entière reste scotchée devant l’affaire Nabilla, le « génie des langues » a pris un coup dans l’aile. Sans que personne ne s’étonne que cette actu détrône le G20 à la une de nombreux médias. Allô… dîtes-vous ? On n’arrête pas le progrès, ni la connerie humaine d’ailleurs, surtout lorsqu’il s’agit de mettre la matière grise des masses en mode veille. Si l’abus de langage était d’abord réservé aux télé-réalités abrutissantes, l’épidémie de novlangue a « rebooté » notre cerveau jusqu’à ce qu’il gobe volontiers les foutaises qui le gavaient autrefois : pas seulement venant des pubs, mais aussi du discours politique de ces dix dernières années. Pire encore qu’une addiction au sucre.
Aux classiques « redressement productif », « flexisécurité », « pouvoir d’achat » et autres ritournelles redondantes (en bonne élève, j’applique scrupuleusement l’art de la répétition !), se succèdent désormais les « faire France », « faire de l’en-commun », « produire des possibles », avec une mention spéciale pour les couples confrontés à « l’infertilité sociale ». Franchement, fallait le trouver celui-là. Sans queue ni tête, les mots n’ont surtout plus de sens, servant davantage à parler pour ne rien dire ou gommer des réalités qui fâchent. On croirait presque au complot d’un abêtissement volontaire, réduisant les limites de la pensée aux confins d’un baragouinage abordable. S’il faut tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler, gardons-nous également de boire de vides paroles au risque de finir comme des « heureux ignorants ». Quitte à faire la sourde oreille la prochaine fois qu’un « Allô ! » nous interpelle.