Une bagarre qui tourne mal, un homme meurt. Le cadavre, c’est Faugères compositeur de chansons, son assassin, Jean Leprat, pianiste et jeune amant de sa femme Eve, chanteuse à succès, seule témoin de la scène. Jean et Eve décident de maquiller le meurtre en accident de la route pour s’éviter des ennuis qui ne tardent pourtant pas à arriver, sous la forme de disques envoyés régulièrement par la poste, où Faugères menace sa femme.
Un roman policier sans aucune arme, ni même d’enquête, un certain commissaire Borel (Faut-il y voir un clin d’œil au commissaire Bourrel joué par Raymond Souplex dans la série Les cinq dernières minutes, diffusée à la télévision française à partir de 1958 ?) n’intervenant qu’à la fin. Tout le roman reposant sur l’analyse psychologique des deux amants, le bouquin s’adapterait facilement au théâtre me semble-t-il, toutes les scènes confrontant Jean et Eve quasi exclusivement.
Si j’ai un peu peiné au début du livre, le temps de me réadapter au style des années 50 et que l’intrigue s’installe, après ce ne fut que du bonheur. Le crime ayant mis l’amour entre les deux tourtereaux à l’épreuve avec le regard du mort toujours présent dans leurs pensées (l’œil de Caïn dans sa tombe ?), on voit leur mentalité évoluer, la peur les gagner et les ronger. A ce petit jeu, Eve (45 ans) très expérimentée dans les choses de la vie et de l’amour, se montre plus combative que Jean (30 ans) ; elle, a connu les succès dans le spectacle, lui, a les dents longues et cherche la reconnaissance professionnelle. La passion résistera-t-elle à l’ambition quand un cadavre, sorte de deus ex machina, semble orchestrer la manœuvre du fond de sa tombe ?
Un bon roman à l’évidence, qui m’a ramené dans mon Paris des années 50, tant par les images évoquées par le récit, que par le style d’écriture légèrement daté - surtout dans l’approche psychologique.