Eidos Napoli, Stile Latino, The Gigi, Gabriele Pasini : de jeunes marques italiennes pour les jeunes (et les connaisseurs)
S’il me fallait trouver un motif de satisfaction à la période actuelle, je proposerais volontiers celui-ci : les jeunes veulent s’habiller mieux. Ils ont le choix, ils ont le temps, ils ont tout loisir de s’informer, ils comparent, ils discutent et sont de moins en moins inféodés à l’équation costume = contrainte qui a empoisonné la vie des générations 68 et post-68. Certaines marques italiennes l’ont bien compris et commencent à s’adapter à ce marché naissant – la fameuse génération Y dont personne ne sait quand elle commence ni où elle est censée s’arrêter. Mieux, certaines entreprises solidement implantées, plutôt que de courir plusieurs lièvres à la fois, au risque de perdre une partie de leur identité, ont donné jour à de jeunes pousses chargées de conquérir un nouveau public, urbain, branché, et de plus en plus tourné vers un casual de bonne facture. Avant de revenir plus en détails sur chacune des marques présentées ici, il nous a paru intéressant de les réunir afin de mieux appréhender de quel creuset commun elles étaient issues.
Eidos Napoli : un classique à la mode de New York
Eidos Napoli est une marque née dans les années 1990 dans le sillage du Napolitain Isaia et progressivement délaissée depuis. En 2013, la famille Isaia a décidé de la faire revivre en confiant sa direction artistique à Antonio Congioli, ancien bras droit de Michael Bastian. Au menu : tissus exclusifs, associations périlleuses et finitions main, pour un style à la fois chic et désinvolte. En l’espace de quelques collections, ce jeune homme au CV déjà impressionnant a réussi à imposer une version très new-yorkaise du vestiaire italien. Eidos Napoli n’est ni une pâle copie de son grand frère, ni un énième exercice de style. La clientèle semble apprécier. (Ci-dessous, quelques clichés de la collection Eidos x Eton.)
Stile Latino : quand l’Italie rencontre le goût japonais
Fondée en 2005 par Vincenzo Attolini, fils aîné de Cesare Attolini et petit-fils d’un autre Vincenzo Attolini, inventeur de tant de manières de faire typiquement napolitaines, Stile Latino a eu très vite les faveurs du Japon. Dans un style maîtrisé et riche, Primo Guercilena réalise un travail remarquable, entre héritage et innovation. Malheureusement pour nous, les prix pratiqués sont encore très tributaires de l’esprit tailleur.
The Gigi : le métier au service de la créativité
Le slogan disait : Don’t look back, et, de fait, force est de constater qu’en créant une nouvelle marque, The Gigi, quelques mois à peine après avoir vendu celle qui leur avait apporté la consécration, les frères Boglioli ont définitivement oublié de regarder en arrière. Avec le sens de l’image qui les caractérise, ils sont parvenus immédiatement parvenus à créer des modèles immédiatement reconnaissables. Leur secret : un gros travail sur le traitement des matières ; non seulement sur les teintures, mais également sur le « grain ». De nombreuses pièces de la collection Automne-Hiver 2014 ont par exemple un aspect très mat.
Gabriele Pasini : l’enfant terrible
Sur l’échelle de l’exubérance, Gabriele Pasini est peut-être la marque de cette sélection située le plus haut, et pourtant je ne serais pas étonné que ce soit celle qui séduise le plus les jeunes. Est-il besoin de présenter monsieur Gabriele Pasini ? L’homme est à lui-même sa propre publicité. Styliste barbu, chauve et tatoué, il est celui qui ose : les gilets croisés, les motifs sur les motifs, les bagues, les grandes écharpes, les chaînes, et j’en passe. Un vrai agitateur d’idées, dont le moins qu’on puisse dire est qu’il ne laisse pas indifférent. Les modèles Gabriele Pasini sont réalisés par Lardini.