Après mon billet consacré au docu de Polanski diffusé par Canal Plus sur Jacky Stewart, WEEK-END OF A CHAMPION (clic) en voici un sur Jimmy Connors. Vous allez finir par croire que je suis abonné à cette chaîne autrefois subversive et piratée, et vous aurez raison. THIS IS WHAT THEY WANT c’est le titre de ce film produit par ESPN, visionné vendredi soir à l’heure de la tranquillité, quand la femme et les gosses sont au lit. L’homme moderne dispose d’un temps à lui très limité par l’égalité des sexes et la fin de la polygamie, il doit donc géré au mieux son quota d’éveil pour garder en forme le grand fauve qui dort de plus en plus profondément en lui.
THIS IS WHAT THEY WANT est un docu bourré de testostérones, avec un mec à l’ancienne, brutal, primaire, vulgaire. Diablement masculin d’avant les chiennes de garde.
Je n’ai jamais aimé Jimmy Connors.
J’ai adulé Mc Enroe, vibré avec Noah, j’ai soutenu Wilander et Edberg, j’ai jamais accroché la coupe au bol de Connors sur mon papier peint à grosses fleurs à Homécourt (clic). Avec THIS IS WHAT THEY WANT, docu côté coulisses truffé d’anecdotes et d’interviews, je sais maintenant pourquoi. Dans ce show à l’américaine de 50 minutes, souvent bipé pour éviter la censure des grands médias US, ses anciens adversaires le traitent ouvertement de connard tout en louant le génie de ses retours et passing shots. Connard. Excusez du peu. Ce gosse des quartiers pauvres, venu déstabiliser l’establishment et ce sport de bourgeois, ne s’est pas fait que des amis au cours d’une longue carrière de près de 20 ans. Des ennemis, il en a plein.
Après de somptueuses images d’archive du début des seventies, les 1ers titres, les engueulades mémorables avec les arbitres et Mc Enroe, THIS IS WHAT THEY WANT retrace la dernière épopée de l’idole au crépuscule de sa carrière, tournoi de Flushing Meadows 1991. Le montage et la réalisation sont dignes d’un soap opéra, le spectateur vit chaque balle avec une intensité dramatique proche de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE version raquette Wilson en aluminium.
1er tour en 5 sets épiques contre Mc Enroe frère, Connors prend l’ascendant au bord de la défaite grâce à un public hystériiiiiiique et hypnotisé, quart de finale halluciné contre Aaron Krickstein, son jeune ami dont il vient à bout en 5 sets alors que l’autre avait le match en main, Connors se révèle durant le tournoi tel qu’en lui-même, les yeux exorbités, irascible, teigneux, insensible à toute forme de compassion ou de questionnement si ce n’est : qu’est-ce je dois faire pour lui niquer la gueule ? Pardon, on causait comme ça dans les années 70 sur les courts des grands tournois, les pubs Gilette et les éléments de langage n’existaient pas encore.
THIS IS WHAT THEY WANT, c’est ce que dit Connors de la foule venue l’acclamer, le spectacle, sa hargne, cette envie démesurée de se surpasser et de ne s’avouer jamais vaincu, même perdant. Flushing Meadows 1991 ou la mort d’un vieux lion déjà mort qui ne veut pas mourir.
Poésie Sportive.
Mention spéciale à Krickstein 20 ans après, expliquant qu’il était ami avec Connors, s’entraînait avec lui, et à qui Jimbo n’a plus jamais adressé la parole après leur quart de finale. Sans explication aucune. Ce même Krickstein que son coach abandonne une semaine après la défaite contre Connors, pour entraîner… Pete Sempras. Putain de destin.
Mention spéciale encore à Patti Connors, ex-playmate dont mes draps se souviennent encore et qui, à plus de 60 ans, n’est vraiment plus la même. Vraiment plus. Comme Jimmy Connors qui vit aujourd’hui avec deux belles hanches en titane. Le génie de haut niveau, c’est vraiment pas la santé… In memory of Georges Best (clic).Pour la grande histoire du sport et la petite de l’humanité, THIS IS WHAT THEY WANT s’achève par sa fin, Jimmy Connors se prend une grosse volée en demi-finale du tournoi de Flushing Meadows 1991, face à un mec-machine, un monstre physique, un cogneur à fond de cours, dénué d’états d’âme, précurseur du tennis moderne. Un certain Jim Courrier.
THIS IS WHAT THEY WANT est à regarder en replay (clic). Si tu es fan et bilingue en anglais tu peux lire la biographie de Jimbo, THE OUTSIDER, où ce salaud révèle qu’il a obligé Chris Evert-Lloyd a avorté à 19 ans (clic). Tout pour réussir, quel qu’en soit le prix, En libraire comme au tennis.