Les commentaires sont utiles… Un échange avec David Cohen me donne l’idée qu’il n’est pas
naturel de penser. Que l’homme cherche à éviter de se fatiguer. Comment se
fait-il que nous pensions, donc ? Il se trouvait que j’étais alors en
train de réviser des textes pour un livre. Et que cet échange me les a fait
voir sous un angle nouveau. En fait, j’ai retrouvé une vieille idée, mais que
je n’avais pas aperçue ainsi.
L’histoire
Les textes en question proviennent de notes prises pendant
une mission. Résumé :
C’est un peu l’histoire de la Guerre de Troie n’aura pas
lieu. Je travaille pour un équipementier. Il n’est pas rentable. Il doit donc
batailler pour maintenir sa rentabilité en phase d’appel d’offres. Je suis là
pour l’aider à tenir son cap. Mon texte est la chronique de l’appel d’offres.
Irrationalité à l’état pur. C’est une guerre fratricide. Le jeu de chacun est
de baisser les prix pour nuire à l’autre ! A chaque fois que je pense
avoir ramené quelqu’un à la raison, il revient 5 minutes plus tard à sa
position antérieure. Et ça dure sur une trentaine de pages ! Et ça se
termine par 200m de pertes. (Même le client n’en revient pas !) Et, alors
que tout le monde a participé au désastre, on me demande de désigner des
coupables !
Voilà le plus curieux. Alors que l’on pensait tout perdu,
les ennemis d’hier se mettent à travailler ensemble et produisent en une
semaine un plan qui permettra (après quelques nouveaux coups de théâtre) de
combler le trou. Celui qui n’a pas assisté à un tel retournement ne peut pas
comprendre que l’exploit soit une des caractéristiques de notre culture !
Mon interprétation
Je pense que l’on voit ici la façon dont la société procède
pour penser sans que nous pensions…
En gros, elle nous projette les uns contre les autres. Nous
essayons d’imposer aux autres nos intérêts. Ils font de même. D’où une
succession d’attaques et de contre-attaques, de victoires et de revers… Mais
ces chocs nous permettent à la fois de comprendre la logique de l’autre, ce qui
compte pour lui, sa notion de la justice, et de progressivement mettre au point
notre partie de la solution collective nécessaire. Tout cela se fait dans la
douleur, mais inconsciemment. C’est ainsi que nous pensons sans penser. Du
moins, c’est ma théorie.
Séance de créativité
« Husaren Völkerschlacht bei Leipzig » par "Geschichte des Husaren-Regiments von Zieten ( Brandenburgisches) Nr. 3" von Armand Freiherr v. Ardenne Berlin 1903. — La source de ce fichier n’est pas indiquée.
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