Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune à la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012
« De la Lune à la Terre » est un album particulier à mes yeux. Il clôt la désormais mythique série « De Cape et de Crocs » née de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir à la découverte de ce dernier épisode, je m’étais imposé de lire une nouvelle fois l’intégralité des opus précédents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des dernières aventures de nos héros. Ce n’est donc que récemment que je me suis plongé dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours édité chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rêve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre célèbre trio dont on devine le portrait dans le ciel étoilé. Voilà qui ne faisait qu’attiser ma curiosité déjà pas loin d’avoir atteint son paroxysme.
Le synopsis proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvée, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitié s’opposent, la comédie peut tourner au tragique. Avant de tirer leur révérence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de théâtre. Arriveront-ils tous à bon port ? »
Réussir son dénouement est rare.
En littérature ou en bandes dessinées, une des plus grandes difficultés est d’arriver à conclure. Réussir son dénouement est rare. Il est pourtant important de ne pas négliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goût à la dégustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou décevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il était évident qu’il fallait sublimer leur séparation. L’opus précédent se concluait par la mise en échec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.
Il faut néanmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune à la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On découvre un combat spatial homérique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue également. Les sentiments sont intenses et pas toujours réciproques. La tragédie cohabite avec le romantisme. L’amitié offre également des moments touchants. Le côté théâtral est évidemment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.
Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacité à faire naitre des émotions par ses personnages est une performance. Son souci du détail donne une profondeur à ses décors et chacune des cases dont on se délecte avec appétit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitées d’une atmosphère qui nous emporte complètement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenés à travailler à nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espère…
En conclusion, « De la Lune à la Terre » offre à cette série un dénouement à son ampleur. J’ai terminé ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminée. La qualité de cette épopée m’incite à m’y replonger régulièrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontré Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de réparer cette erreur et de combler ce manque…
Note : 17/20