Le génome humain d'Ötzi, la momie vieille de 3500 ans, a été décodé à partir d'un échantillon d'os de la hanche.
Ce minuscule échantillon a pu fournir de nombreuses informations alors qu'il pesait moins de 0,1gr.
Une équipe de scientifiques de l'EURAC, à Bolzano, ainsi que leurs collègues de l'université de Vienne ont identifié de l'ADN non humain dans l'échantillon. Credit: Frank Maixner (EURAC)
Une équipe de scientifiques de l'EURAC de Bolzano, avec des collègues de l'Université de Vienne, ont analysé avec succès de l'ADN non humain dans l'échantillon. Ils ont trouvé des traces de présence de Treponema denticola, une bactérie qui peut être pathogène et être impliquée dans le développement de maladies parodontales.
Ainsi, juste en regardant l'ADN, les chercheurs ont pu poser un diagnostic à partir d'un CT scan fait l'année dernière et qui avait montré que l'Homme des Glaces souffrait de périodontite.
Beaucoup de ce que nous savons d'Ötzi, par exemple à quoi il ressemblait ou le fait qu'il souffrait d'intolérance au lactose, provient d'un petit échantillon d'os qui a permis de décoder son patrimoine génétique.
Cette fois, l'équipe de scientifiques a examiné de plus prés cette partie de l'échantillon comprenant de l'ADN non humain.
"Ce qui est nouveau c'est que nous n'avons pas procédé à une analyse directe de l'ADN mais plutôt étudié l'ensemble du spectre de l'ADN, afin de mieux comprendre quels organismes étaient dans cet échantillon et quelle était leur fonction potentielle" explique Frank Maixner, de l'EURAC, l'Institut pour les Momies et l'Iceman de Bolzano.
"Cet ADN 'non humain' dérive principalement d'une bactérie vivant normalement sur et dans notre corps. Ce n'est que l'interaction entre certaines bactéries ou un déséquilibre au sein de cette communauté bactérienne qui peut provoquer certaines maladies. Aussi, il est très important de reconstruire et comprendre la composition de cette communauté bactérienne en analysant ce mélange d'ADN." a ajouté Thomas Rattei, Professeur de Bioinformatique au Département de Microbiologie et Science de l'Ecosystème à l'Université de Vienne.
C'est à l'improviste que l'équipe, spécialisée en microbiologie et en bioinformatique, a détecté, dans le mélange d'ADN, la présence importante d'une bactérie particulière: la Treponema denticola.
Cette découverte confirme donc le diagnostique de la tomodensitométrie comme quoi Ötzi soufrait de périodontite.
Ce qui est encore plus surprenant, c'est que l'analyse d'un minuscule échantillon d'os peut encore, même après 5300 ans, apporter l'information que ce pathogène opportuniste semble s'être diffusé par l'intermédiaire de la circulation sanguine depuis la bouche jusqu'à l'os de la hanche.
En outre, les recherches ont montré que ces éléments de la microflore commensale buccale humaine étaient de vieilles bactéries qui n'ont pas colonisé le corps après sa mort.
En plus de ce pathogène opportuniste, l'équipe de scientifiques, menée par Albert Zink, directeur de l'EURAC, a aussi détecté une bactérie du genre Clostridia dans l'échantillon d'os de l'Iceman à l'état dormant.
Dans des conditions anaérobiques, cependant, ces bactéries peuvent se réactiver et dégrader les tissus.
Cette découverte pourrait ainsi être importante pour la conservation de cette momie mondialement célèbre: "Cette trouvaille indique que des conditions modifiées pour préserver la momie du glacier, par exemple lors du passage à une atmosphère à base d'azote couramment utilisée pour les objets de valeur culturelle, il faudra aussi faire une préservation au niveau micro-biologique." explique l'équipe de scientifiques qui va maintenant regarder de plus près le microbiome d'Ötzi.
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