Ils font la Social TV : David Labouré

Publié le 26 novembre 2014 par Marclindner @Socialtvfrance

Ils font la Social TV – Episode 2 : David Labouré, Responsable des Relations en ligne à la RTS.

Retrouvez chaque semaine un nouvel épisode de « Ils font la Social TV ». 

Pour ce deuxième épisode, nous avons rencontré David Labouré, la personne de référence dans le domaine de la Social TV à la RTS (Radio Télévision Suisse). Il nous explique son parcours atypique, son intérêt pour ce domaine mais aussi l’importance de développer une véritable stratégie Social TV au sein d’un tel éditeur public.

SocialTV.fr : Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

David Labouré : Pour ma part, c’est un peu particulier… J’ai fait un apprentissage de commerce dans une banque et me suis rapidement orienté vers le web au niveau du webmastering et le webdesign… J’ai ensuite suivi une formation de marketing et de communication afin de me réorienter dans ce domaine.

A ce moment-là, il y a 5 ans, les réseaux sociaux commençaient à être sur le devant de la scène et je m’y suis intéressé tout de suite. C’est un domaine qui est le juste milieu entre web et marketing/communication. De ce fait, j’ai vraiment voulu me lancer sur ce nouveau terrain, je suis tombé dedans et y suis toujours !

Il y a 4 ans, j’ai suivi la première formation de spécialistes en médias sociaux dans une école de communication en Suisse, le SAWI. J’y ai d’ailleurs repris récemment la codirection du cours, dont nous avons lancé la nouvelle formule en septembre. Ainsi, depuis bientôt 4 ans, je travaille à 100% dans le domaine des réseaux sociaux et de la communication digitale.

Quel poste occupez-vous actuellement ? Quelles sont les missions qui y sont rattachées ?

A l’heure actuelle, à la RTS, il n’y a pas d’appellation professionnelle telle que « Social Media Specialist » ou « Community Manager »… Je suis le Responsable des Relations en ligne RTS. En gros, je m’occupe de tout ce qui touche à la communication d’entreprise sur le web 2.0, une sorte de porte-parole 2.0. J’ai la responsabilité des présences corporate sur Facebook, Twitter, Linkedin, Google+ et Instagram. Sans oublier, celle sur le site Internet.

Aux Relations en ligne, nous gérons également la veille en termes d’e-réputation, c’est-à-dire tout ce qui se dit sur notre marque et sur nos émissions en ligne. Nous sommes une équipe de 2 personnes accompagnées d’un(e) stagiaire. Depuis 2013, nous organisons également régulièrement des opérations blogueurs et invitons des e-influenceurs lors de nos conférences de presse, évènements spéciaux…

Sinon, il y a un autre versant à mes activités qui est la formation en interne aux réseaux sociaux, ainsi que la coordination avec les émissions et les chaînes sur les projets. Il s’agit d’accompagner les nouveaux projets et de former les collaborateurs qui en font la demande. Nous nous rencontrons, nous discutons et lançons le projet ensemble si besoin. J’essaie de les aider, de les aiguiller… Il s’agit de coordonner et superviser ce qui se fait et d’essayer de développer de nouvelles expériences, comme nous avons pu le faire avec The Voice of Switzerland. Cette émission n’était diffusée par la RTS que sur le web. De même, l’expérience sur le match Suisse-France est un bel exemple.

De fait, à ce niveau, nous travaillons en équipe. Nous regroupons nos forces car peu de monde est encore spécialement dédié à ce type de projets et nous essayons de travailler en petites équipes pour les mener à bien avec le Labo Numérique, la promotion, les diverses rédactions…

Votre poste a-t-il évolué ces dernières années ?

C’est un peu difficile de parler d’évolution car j’occupe ce poste depuis deux ans seulement. Je remarque cependant qu’il y a de plus en plus d’activités liées aux programmes et je pense que l’évolution sera pour début 2015, avec, normalement, une réorganisation des activités « médias sociaux ». Je suis une personne de contact à disposition des chaînes, rédactions et émissions. Avec elles, nous discutons des médias sociaux et d’autres projets pour les aider à les développer, mais aussi à analyser ce qui marche et ne marche pas… Par conséquent, l’évolution, c’est la perpétuation de mes fonctions avec de plus en plus de liens directs avec les programmes, à la radio comme à la TV. J’essaie de les accompagner du mieux possible et de plus en plus pour mener à bien des projets intéressants, participatifs et qui fonctionnent.

Comment pensez-vous qu’il va évoluer dans les années à venir ?

Je vois évoluer surtout l’organisation vers plus de travail en équipe car, actuellement, nous sommes une toute petite équipe, au sein des Relations en ligne… J’ai une personne à 50% avec moi, accompagnée d’un(e) stagiaire. Il y a beaucoup de choses faites individuellement et il faudrait désormais centraliser ces activités, fonctionner en centre de compétences avec plusieurs personnes afin de travailler en profondeur sur de nouveaux projets et d’essayer de réfléchir à des nouvelles expériences, comme nous avons pu le faire avec Suisse-France. Il faut aussi être à la disposition aussi, si je reprends l’exemple de la Coupe du monde, du service des sports qui n’a personne de dédié à 100% aux réseaux sociaux.

Votre idée serait de faire, comme à la RTBF, un véritable département nouveaux médias ?

Exactement. Sauf que ce centre de compétences serait uniquement dédié aux réseaux sociaux parce que nous avons déjà un Laboratoire numérique… Une personne de la RTBF est venue nous présenter son organisation. Nous avons eu, de ce fait, l’occasion de nous poser la question de savoir ce que nous pourrions également faire, de réfléchir à ce qui pourrait être mis en place. Nous verrons donc si nous nous orientons vers ce type d’organisation ou une autre, mais en tout cas, j‘imagine plus de professionnalisme, une meilleure visibilité et un meilleur contrôle sur ce qui se fait, ce qui existe et les moyens de mieux mesurer la réussite. Ceci car nous sommes à plus d’une centaine de présences sur les réseaux, mais personne n’a réellement le temps d’analyser ce qui marche, ce qui ne marche pas, ce qu’on pourrait faire pour améliorer, pour aider ou coacher les collègues.

Il s’agit vraiment de professionnaliser cet axe « réseaux sociaux » et d’avoir un vrai suivi avec des objectifs bien définis… Essayons de créer de nouvelles expériences intéressantes… Ce qui se fait pour l’instant, comme Rising Star et Danse avec les stars, reste assez limité au niveau de l’expérience Social TV selon moi. C’est assez basique… On doit pouvoir faire mieux et rendre l’expérience plus intéressante pour tout le monde… y a plus qu’à [rires] !

Quelle est votre vision de ce secteur ?

Je pense qu’il y a énormément de belles expériences à réaliser mais qu’il faut se donner les moyens et le temps d’y réfléchir. Il ne faut pas forcément se baser sur l’acquis et y ajouter un petit tweet affiché par-ci, par-là… On va aller vers beaucoup plus de co-création, de réaction en direct pour tout ce qui est politique, plus de factchecking peut-être… Essayer d’amener une vraie plus-value à ces expériences de Social TV.

Nous pourrions y intégrer également de la gamification, avoir plusieurs angles d’attaque, permettre de choisir les candidats avant de lancer l’émission… Que les publics pourront peut-être, non prendre possession du programme, mais y être très impliqués avant même sa diffusion, auront leur mot à dire sur le concept de l’émission afin qu’ils aient vraiment l’impression de participer au programme et qu’ils se l’approprient.

Pour tout ce qui est débat politique, il y aurait très certainement de chouettes choses à faire… Il y a moyen d’aller plus loin que ce qui est déjà proposé vu que nous n’en sommes qu’au début. Le participatif devra être présent, même si c’est avec autre chose que des tweets et du Facebook… L’avenir nous le dira…

En tout cas, nous avons vraiment envie, à la RTS, de proposer des expériences nouvelles, et de ne pas nous limiter à ce qui a déjà été fait à TF1, France Télévisions ou à la RTBF. Nous voulons apporter de nouvelles idées, notre swiss touch !

Il y a donc beaucoup d’opportunités pour vous, il faut juste faire preuve de créativité et d’originalité…

Exactement mais il faut que les producteurs des émissions aussi soient convaincus, jouent le jeu… En l’espace d’une année et demie, je remarque une grande évolution au niveau des personnalités à l’interne… De plus en plus de personnes sont intéressées et impliquées dans cette nouvelle façon de diriger et de créer les émissions. Certaines souhaitent aussi réfléchir à long terme sur l’évolution de leur émission, à savoir sur ce que l’on pourrait apporter de plus et faire de mieux pour intéresser plus de monde ou des cibles un peu plus jeunes… Je vois de plus en plus de contenus qui sont faits exclusivement pour le web, avec une couche sociale de plus en plus importante aussi.

En conclusion, il y a une prise de conscience dans les différents services ?

Oui, jusqu’à la direction. Mais, il faut aussi voir jusqu’où on peut aller avec les moyens à disposition et ne pas vouloir tout faire mais faire intelligemment. Souvent, il suffit d’avoir les bonnes personnes, motivées et de mettre les mains dedans pour arriver à de beaux résultats…

Un grand merci à David Labouré d’avoir répondu à nos questions. 

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