Bonjour, Je me permets de reprendre librement un article que j'ai lu sur Novovision (qui n'est d'ailleurs apparemment plus disponible) pour y ajouter ma touche personnelle. Même si je suis en accord avec sa réflexion, je pense qu'il omet la puissance communautaire du crowdfunding qui devient de plus en plus une alternative de financement crédible. J'ai fait le choix de diviser l'article en deux parties, vous allez comprendre pourquoi.. Prendre le risque de créer En France, L'état, par ses subventions et ses aides, avait malgré tout réussi à établir un semblant d'équilibre. Mais doit-on rappeler que depuis toujours le succès a toujours été imprévisible. C'est dans la nature même de la création, puisqu'il s'agit de faire quelque chose de nouveau et que l'on ne peut pas savoir à l'avance si ça sera réussi. Certes aujourd'hui leur création se noie dans les milliers de photos ou d'images publiées chaque jour. Dématérialisé, leur travail perd sa valeur économique pour atteindre le plus souvent la valeur zéro. Mais il a été toujours, très difficile de construire une économie viable dans ces conditions, la révolution numérique n' y a rien changé, car cette impossibilité à prévoir rend l'opération inévitablement risquée. Il faut investir dans la création, sans aucune assurance sur le résultat final de l'opération. On peut tout perdre (perdre le temps, l'énergie, les moyens que l'on a consacré à cette création), car cet effort créatif ne sera pas récompensé (et quelle que soit la récompense que l'on en attendait), ou tout gagner dans le succès : récompense économique, sociale ou psychologique. La seule véritable économie de la création développée a pu se mettre en place, qu'avec l'utilisation de technique de réduction de cette incertitude. Pour résumer, il y a trois grandes familles :
- Le financement indirect : par une autre activité
- La prise de risque par un autre : par un producteur ou un éditeur
- Le risque au niveau zéro : commandes ou souscription
La première d'entre elle, c'est le financement indirect de la création par une autre activité " alimentaire ". C'est le cas de l'écrasante majorité des artistes en particulier des gens qui publient des livres, qui ont une autre activité par ailleurs, plus ou moins directement liée à leur création, et parfois sans aucun rapport. Leur effort créatif est financé quoi qu'il arrive, même s'il ne rencontre pas le succès espéré (dans ce cas, ce " financement " ne peut pas vraiment être considéré comme une récompense...). Si le succès arrive, la récompense est accordée " en bonus ". Une autre solution, bien connu elle aussi, est de faire porter le risque par un autre. C'est la situation du producteur pour la musique ou le cinéma et de l'éditeur pour la littérature ou la presse. C'est lui qui prend le risque, en finançant de multiples créations, et en espérant qu'un succès compensera les échecs. C'est la situation également du mécène ou du collectionneur (qui ne se rétribuent pas de la même manière, mais qui font bien le même pari). Ou encore si l'on se rapproche de l'artiste que l'on connaît tous, beaucoup sont tributaires de financements issus de leur cercle de relation. Il y a aussi, bien entendu, la méthode blockbuster ou Hollywoodienne comme je l'appelle, il s'agit de reproduire ce qui a déjà fonctionné, réutiliser les mêmes recettes et si possible les mêmes ingrédients (pourquoi pas ?) pour lesquels on sait déjà qu'une demande existe (vous pouvez me rappeler combien y-a-t-il d'Harry Potter déjà ?). Mais ça ne marche pas toujours et ce n'est pas de la création... Le travail sur commandes et l'aide des subventions de l'état Il y a enfin la réduction du risque à zéro. C'est le travail sur commande et c'est de cette manière qu'on a financé la plupart des chefs-d'œuvre de la culture européenne du passé, de Michelange à Jean-Sébastien Bach. Jusque dernièrement, l'état à travers le ministère de la culture, conscient de la nécessité d'avoir une culture forte et de permettre à la création d'avoir une certaine liberté maintenait un semblant d'équilibre grâce à ses subventions. Mais celui-ci se désengage, faisant une croix sur des dizaines d'années de développement artistique et de médiation. La création artistique en pâtit déjà. (...) A suivre...