25 novembre 2014
Ombres sur Bahama
- Il est pépère, celui-là, murmura-t-il en se penchant en avant.
Une brusque secousse de la ligne l'arracha de son siège. Il se retrouva à genoux sur le pontage l'air abasourdi, tenant toujours la ligne. Il essaya de se relever, mais déjà la ligne se tendait à nouveau lentraaînait dans la mer.
-Bon Dieu ! râla Mellin d'une voix qui se bloquait dans sa gorge.
Il courut vers l'arrière du bateau et s'agenouilla regardant dans l'eau, d'où s'éleva à ce moment un cri atroce. Il y eut un bref tourbillon d'écume, puis une silence total se fit. Mellin, blême, se retourna pour voir Jock, qui rallumait placidement une cigarette.
- C'est ce qui s'appelle se faire torcher sans bavures, bredouilla Mellin, dont le corps n'était qu'un ruissellement de sueur glacée.
Il s'était même pas attaché à son siège, ce sac à vin ! C'est vrai que ça aurait pas changé grand-chose. Il y avait pas besoin de requin pour faire péter ces courroies: un bébé sardine aurait suffi, au bout de la ligne.
Éditions PRESSES DE LA CITÉ