Quatrième de couverture :
Deux bus roulent vers un même lieu des environs d’Ypres, mais à des époques différentes. En 1915, le bus amène des combattants canadiens à Frezenberg, enjeu de féroces combats contre les Allemands. Aujourd’hui, ce lieu s’appelle Bellewaerde et des employés vont passer une journée au parc d’attraction. Deux univers apparemment étrangers. Des passerelles s’établissent cependant entre eux : le jeune Serge s’étonne de la présence d’un jardinier pas comme les autres. Un roman sur l’horreur de la Grande Guerre. Sur la nécessité de préserver la mémoire de cette époque. Sur la fidélité à la parole donnée qui défie le temps. Trois nouvelles proposent d’autres facettes de ces thématiques.
J’ai relu ce livre parce que je l’ai fait lire à mes élèves en ce mois de novembre et je dois avouer que j’avais un peu peur de cette relecture : ce n’était pas mon roman préféré (de mon auteur chouchou) à l’époque où il est paru et je me demandais s’il passerait le cap douze ans après.
Eh bien je peux dire que je l’ai davantage apprécié en 2014 : je me souviens que le personnage de Bérénice, jeune femme ambitieuse mais presque servile, qui profite de tout ce qui passe sans vouloir s’attacher, me paraissait hautement insupportable. Je suis moins sévère avec elle, sans doute m’a-t-elle plus touchée grâce au regard de son jeune neveu, Serge, le narrateur de la partie contemporaine du roman. Le regard d’un neveu sur sa tante jeune et sympa, qui l’emmène faire plein d’activités (ça me fait penser à quelqu’un, ça…)
Quant à la partie « 1915 », dans la deuxième bataille d’Ypres que les Anglais épuisés tiennent à bout de baïonnette, je l’ai redécouverte sous le regard mélancolique, sensible et lucide de Pierre Lambert. Et je n’ai pu m’empêcher d’admirer à nouveau le jeu d’échos et de doubles qui traversent le roman, d’un chapitre à l’autre, d’une époque à l’autre. Une construction très habile qui perce des passages entre les deux : le jeune garçon « voit » le soldat d’il y a cent ans, il se laisse toucher, intriguer par cet homme, grâce à la touche de réalisme magique dont Xavier Hanotte a le secret. Et à travers Pierre Lambert qui erre à la recherche de son ami, à travers le garçon qui écoute sonner le Last Post à la Porte de Menin sans savoir ce que cela représente, à travers aussi ces deux femmes oublieuses des hommes qui les ont vraiment aimées, c’est toute l’importance de la mémoire, en particulier celle de la Grande Guerre, que le romancier met à l’honneur.
En refermant le roman, je me suis dit que c’est vraiment Xavier Hanotte qui a éveillé, nourri mon intérêt, ma passion pour cette Première guerre mondiale, avec notamment sa traduction des poèmes de Wilfred Owen, le poète qui apparaît dans les rêves de son personnage de roman Barthélémy Dussert et bien sûr avec le roman Derrière la colline qui se passe durant la bataille de la Somme en 1916 et qui m’a fait parcourir les lieux du souvenir le livre à la main. J’ai pris plaisir dans Les Lieux communs à retrouver l’univers et les thèmes du romancier : le souvenir, la mémoire, l’amoureux éconduit, l’amitié, la poésie, le réalisme magique, la promesse, le retour. Et l’émotion des retrouvailles avec un auteur que j’aime tout particulièrement.
Xavier HANOTTE, Les Lieux communs, Belfod, 2002 (Espace Nord, 2013)
L’avis d’Argali
PS : J’ai bien conscience de ne pas beaucoup aider ceux qui souhaitent un avis bien construit sur le roman. Que voulez-vous, avec Xavier Hanotte, je perds toute objectivité. On n’est pas sérieux quand on est « amoureux »…
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