Avec Tetsuo 2 : Body Hammer
(1992), Shinya Tsukamoto s’attaque au remake de son premier film culte, Tetsuo
(1988). Cette fois-ci, il fait les choses en grand, toujours plus haut,
toujours plus fou. Il met en scène son œuvre en couleur et en 35 mm. Plus qu’un remake, Tetsuo 2 est avant tout un prolongement
du premier volet. Tsukamoto approfondit son propos en lui donnant une épaisseur
scénaristique absente du premier opus.
L’enfant d’un couple se fait
enlever par deux individus. Après plusieurs péripéties, ils arrivent à la
récupérer. On comprend vite que c'est au père que les deux individus en
voulaient. Ce dernier se fait alors enlever. Ces kidnappeurs font de lui un
cobaye mi-homme mi-machine...
Tetsuo 2 : Body Hammer pourrait être tout les thèmes esquissés
de Tetsuo mais ici poussés à leur
extrême. On revisite la souffrance, la mort omniprésente, les mutations
physiques,… Ces transformations qui font de l’homme au contact du métal :
un homme-machine, un homme-arme. Ces hommes deviennent des monstres de métal
crachant le feu des armes, le but étant de répandre le chaos pour tout
recommencer à zéro mais aussi prendre conscience de ce que représente la vie.
Dans un Tokyo ultra-sophistiqué
et étouffant, des individus s’affrontent et créent une dualité. Tsukamoto
profite de la couleur pour mettre en avant ces contrastes. Tokyo en surface, la
ville bleue. Tsukamoto souligne le caractère froid et aseptisé des villes.
Elles sont profondément déshumanisées. En deçà, la fabrique des hommes-machines
avec son côté malsain et glauque fait exploser les couleurs orangés. Bleu et
rouge sont les couleurs principales de cette œuvre picturale.
Comme ce fut le cas avec Tetsuo, Tetsuo 2 a ce côté sado-maso, immorale. Une Ode à la
destruction et au désordre qui pourrait s’apparenter au mouvement
transhumaniste poussé à son paroxysme. En effet, l’amélioration des capacités
des hommes par la machine, une transformation nécessaire pour passer à une
nouvelle évolution de l’Homme ?
Et après avoir tout
détruit ?
On reconstruit pour tout détruire
à nouveau…
I.D.