Le palmarès du rebelle président du jury Sean Penn est bien sage, presque conventionnel. On pensait au superbe film choc "Waltz with Bachir" d'Ari Folman pour la palme d'or ou autre prix, il n'a étrangement rien obtenu, déception. En revanche, le retour de deux films italiens en compétition officielle a donné deux prix : Prix du jury pour "Il Divo" de Paolo Sorrentino et Grand prix pour "Gomorra" de Matteo Garrone, deux films politiques, le premier, biopic excentrique sur Giulio Andreotti, nonagénaire sept fois président du conseil en Italie, le second, film éclaté d'un réalisme gris et lugubre sur les traffics maffieux dans la région de Naples. Avec le prix du scénario pour "Le Silence de Lorna" des frères Dardenne, déjà palmés d'or deux fois, pas de révolution au palais... Au film de Nuri Bilge Ceylan "Les Trois singes", le prix de la mise en scène : ce film mérite largement sa place au palmarès car cette histoire terrible d'un homme politique qui paye son chauffeur pour aller en prison à sa place et détruit par ricochet le reste de sa famille allie beauté des images et force de l'histoire (contrairement au film précédent "Les Climats" qui privilégiait la forme, fut-elle superbe).
"Entre les murs", photo Haut et court, sortie en salles le 15 octobre 2008
Enfin, la palme d'or tombe sur l'avant-dernier film en compétition présenté le samedi et aussi le dernier film de la sélection française ajouté in extremis : "Entre les murs" de Laurent Cantet. On n'a pas fini d'entendre que ça ne "nous" était pas arrivé depuis Maurice Pialat il y a 21 ans avec "Sous le soleil de Satan"... J'ai vu le film ce soir en séance de rattrapage salle du 60° anniversaire à 21h15, contrairement à mes craintes, la salle n'était pas pleine malgré l'annonce de la palme d'or deux heures plus tôt... On se demande comment un public non francophone (et pour commencer, une bonne partie du jury), qui ne comprend évidemment pas le verlan et le langage des quartiers français dits sensibles a pu saisir les nuances des piquants dialogues, des échanges cocasses et fusionnels entre un prof et ses élèves d'un collège du 20° arrondissement de Paris (en anglais le titre est "The Class"). Le film est infiniment sympathique et touchant, l'interprétation nickel mais question mise en scène et cinéma novateur, on repassera. De toute façon, l'humeur était au documentaire : on pourrait résumer le palmarès en disant qu'on attendait un documentaire d'animation qui a l'air d'une fiction ("Waltz with Bachir") et qu'on a eu au final une fiction qui ressemble à s'y méprendre à un documentaire ("Entre les murs").
Pour compléter le tableau, deux prix spéciaux créés par le jury : Catherine Deneuve et Clint Eastwood, deux prix aux allures de politesse déférente pour les aînés et le prix d'interprétation masculine à Benicio Del Toro pour "Che", difficile de faire plus convenu. Le prix d'interprétation féminine est allé à Sandra Corveloni pour le film de Walter Salles "Linha de passe". On avait pourtant aperçu ce soir dans la salle le bouleversant fakir du film singapourien "My Magic" d'Eric Khoo et l'épouse du réalisateur argentin Pablo Trappero, actrice principale de "Leonera" qui avait ému plus d'un festivalier... Palme d'or : "Entre les murs" de Laurent Cantet
Grand Prix : "Gomorra" de Matteo Garrone
Prix de la mise en scène : "Les Trois singes" de Nuri Bilge Ceylan
Prix du jury : "Il Divo" de Paolo Sorrentino
Prix du scénario : "Le Silence de Lorna" des frères Dardenne
Prix d'interprétation masculine : Benicio del Toro ("Che" de Steven Soderbergh)
Prix d'interprétation féminine : Sandra Corveloni ("Linha de passe" de Walter Salles)
Pendant que le jury délibérait dans une villa sur les hauteurs de Cannes, les festivaliers ont passé leur journée en séance de rattrapage, tous les films de la compétition étant projetés aujourd'hui depuis 9h du matin à 23h simultanément dans plusieurs salles, mais, bien entendu, il fallait faire des choix... J'ai démarré sur "L'Echange" de Clint Eastwood, assez décevant, on se demande si Eastwood ne fait pas trop de films trop vite et Angelina Jolie est vraiment mono-expressive avec ce chapeau rond vissé sur le crâne, puis, j'ai enchaîné avec "Les Trois singes" de Nuri Bilge" Ceylan, un réalisateur décidémment plus doué que les autres, ensuite, "Gomorra" de Matteo Garrone, polar gris béton maffieux assez difficile à suivre, et en clôture "Entre les murs" (vu plus haut) pour ma dernière séance à Cannes.
Je complèterai ces billets du festival de Cannes de retour à Paris et j'irai faire, comme l'année dernière, un tour dans la reprise des sections parallèles à Paris, Un Certain regard (au Reflet Médicis) et La Quinzaine des réalisateurs (au Cinéma des cinéastes) du 28 mai au 3 juin, La Semaine de la critique du 3 au 8 juin (à la cinémathèque française)...
Mots-clés : Cannes 2008, Palmarès 2008
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Par vierasouto
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| 26/05/2008 03:01
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