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Publié le 25/11/2014 Par lefigaro.frUne équipe de chercheurs néerlandais a établi un lien entre la raréfaction des plantes favorites de ces pollinisateurs dans certaines régions des Pays-Bas et le déclin des populations d'abeilles sauvages.
En France, le déclin des populations d'abeilles est observé depuis les années 1990. Selon une nouvelle étude scientifique parue lundi, le phénomène paraît surtout résulter de la raréfaction, ces dernières décennies, des plantes sur lesquelles ces insectes préfèrent butiner. Les chercheurs ont ainsi analysé le pollen contenu dans des spécimens de 57 différentes espèces d'abeilles datant d'avant 1950 qui se trouvent dans des musées d'histoire naturelle aux Pays-Bas. Les scientifiques ont de cette manière pu déterminer que ces insectes avaient des plantes préférées pour butiner, avant d'établir un lien entre la disparition de ces plantes dans certaines régions des Pays-Bas et l'important déclin de leurs populations sur la même période.
«Nous avons montré que le déclin des variétés de plantes préférées pour butiner était l'un des deux principaux facteurs du dépérissement des abeilles», explique Jeroen Scheper, chercheur à l'Institut néerlandais Alterra de recherche spécialisé dans l'environnement, l'un des auteurs de ces travaux parus dans les Comptes rendus de l'académie américaine des sciences (PNAS). Les prairies naturelles de plus en plus rares cédant le pas à une agriculture intensive et faible en biodiversité, les sources d'alimentation des abeilles se sont appauvries. Autre facteur notable: la taille du corps des abeilles. En effet, les espèces les plus grosses ont besoin de plus grandes quantités de pollen, or celui-ci est devenu moins abondant. Enfin, l'allongement de la durée du vol des abeilles, qui doivent aller chercher leur pollen, ou la sensibilité au changement climatique se sont montrés comparativement moins importants pour expliquer le phénomène.
Aux États-Unis et en Europe, les abeilles sont également victimes depuis le début des années 2000 du «syndrome d'effondrement des colonies». La pathologie a entraîné des pertes de populations allant jusqu'à 90% dans certains cas. Longtemps inexpliqué, ce mal mystérieux touche les ouvrières chargées de collecter le pollen et ne rentrent pas dans leur ruche. Scientifiques et apiculteurs pointent également du doigt les pesticides agricoles. Conscient du problème, la Maison-Blanche a ordonné en juin aux agences fédérales de réexaminer les effets des agents chimiques sur les abeilles et les autres pollinisateurs. L'Europe a de son côté consacré une étude d'envergure sur le sujet, et imposé un moratoire visant depuis décembre 2013 quatre insecticides.
Car l'enjeu est de taille. Les abeilles domestiques et sauvages ainsi que les autres pollinisateurs permettent d'assurer la reproduction de 70 à 80% des plantes à fleurs. Ils sont par conséquents essentiels pour l'alimentation humaine. Plus de 70% des cultures, dont quasiment tous les fruits, légumes, oléagineux et protéagineux, épices, café et cacao, en dépendent très fortement.