La critique de Claude :
Ce mot lourd de résignation est la clé de ce roman. On l’entend prononcer chaque fois que survient une catastrophe, ainsi réduite à l’état de simple désagrément. C’est ainsi que se consolent les membres de l’aristocratie parisienne, comme Nathalie, duchesse de Sorrente.
Née avec du sang Bourbon, elle a épousé le descendant d’un Général d’Empire, qui tient avant tout à éviter de prendre position sur quoi que ce soit – comme beaucoup de Français entre 1940 et 1944-.
Malheureusement, cette indifférence emporte avec elle ce qui aurait pu faire l’intérêt du livre. Un Somerset Maugham (je pense à lui à cause de Cannes, décor de nombre de ses oeuvres) aurait confronté ses personnages aux exigences du combat, dans la résistance ou ailleurs. Les Mémoires d’Ernst Junger, capitaine de la Wehrmacht affecté à l’Etat Major de Paris (dont il a été rendu compte le 9 mars 2014 dans ce blog), attestent des compromissions de la « société parisienne » avec l’occupant, et donc ses rencontres quasi quotidiennes avec les « grands noms ».
Autour de Nathalie, rien de tel, pas d’aventure, même quand elle se découvre une généalogie pleine de risques ; la guerre se passe dans des appartements glacés faute de chauffage, à constater le vide de sa propre vie.
C’est un livre bien écrit, mais, on l’a compris, pas vraiment passionnant.
« Ce sont des choses qui arrivent », roman de Pauline Dreyfus, Grasset, 230 p., 18 €