Le célèbre botaniste a écrit une cinquantaine de livres, dont une quinzaine spécifiquement sur les plantes. Aujourd’hui âgé de 81 ans, il est toujours à la tête de l’Institut européen d’Écologie.
En un demi-siècle, le regard de la société sur les plantes a-t-il changé ?
Oui, complètement. Je me souviens qu’en 1961, lorsque j’ai passé mon agrégation sur les plantes médicinales à la faculté de Paris, on m’avait dit que ce serait la dernière année. Et que tout cela serait remplacé par l’enseignement des molécules de synthèse. Fort heureusement, les plantes ont bien résisté. Non seulement, leur usage médicinal n’a pas diminué – il n’est qu’à voir le développement de la phytothérapie ou de l’homéopathie – mais elles tiennent aussi le choc face au puissant courant technologique qui veut imposer les OGM et le brevetage du vivant.
Comment réagissez-vous à l’expression « mauvaises herbes » ?
Les jardiniers qui s’évertuent à arracher le petit chénopode blanc qui pousse au milieu de leurs salades devraient se rappeler qu’on le mangeait au Moyen Âge, précisément en salade, et qu’il est toujours délicieusement comestible. Pareil au XIXe siècle quand les impressionnistes comme Cézanne ou Monet peignaient leurs tableaux, il y avait toujours au milieu des champs des taches rouges ou bleues, celles des coquelicots ou des bleuets. Aussi, même si on a voulu les chasser à coups de pesticides, je suis content quand j’en aperçois au bord des routes et des chemins.
Quel est le livre que vous avez écrit sur les plantes qui vous tient le plus à cœur ?
Celui sur la Vie sociale des plantes (Fayard, 1984). J’y montre que même si elles sont parfois en compétition, elles se mélangent aussi et s’entraident. C’est une leçon de vie pour les hommes et ceux qui comme moi, croient à la fois à la Création et à la théorie de l’évolution.
Le site de Jean-Marie Pelt
source : La vie 2014