Crédit photo : Richard Vroom
Le maire de Roberval ou comment saccager son propre jardin — Le maire de Roberval vient de démontrer le caractère véridique de cet adage : Tout est dans la manière. Par ses paroles outrées et outrageantes, il a déconsidéré sa cause qui, ma foi, n’était pas dépourvue de raison.
À quelques kilomètres de la municipalité dont il est le premier magistrat, on trouve la bien située réserve amérindienne de Mashteuiatsh. Les Ilnus souhaitent y développer un parc industriel, y construire un centre commercial, etc.
L’argument du maire : étant donné que les Amérindiens jouissent d’exemptions fiscales, la concurrence entre les nouveaux établissements sur réserve et les commerces de sa municipalité (qui vivent sous régime fiscal des Blancs) ne sera pas loyale. Ça se défend. Est-il normal que nous vivions encore au Canada sous des lois qui accordent à l’un et à l’autre des avantages ou désavantages selon leur filiation parentale ?
D’un autre côté, peut-on reprocher aux Ilnus de vouloir développer leur communauté ? Et de le faire à l’intérieur des cadres de la loi qui, malgré eux, les régit ?
Il y avait là un beau débat à tenir, qui probablement n’aura pas lieu. Monsieur le maire, par des paroles inconsidérées, insultantes, a tout saccagé. Ce ne sera pas le premier débat que nous aurons manqué au Québec : souvenons-nous de celui sur l’avortement qui a tourné en fait autour des péripéties peu édifiantes du couple Chantal Daigle/Jean-Guy Tremblay.
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Note de lecture — Une phrase glanée hier soir dans un ouvrage de Léon Denis :
« La pensée cherche la pensée dans la nuit (…). »
Magnifique. De quoi se tourner et retourner longtemps dans son lit.
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Chiac — Si j’en crois ce que j’entends, si j’écoute les textes sur mélodies approximatives des vedettes montantes, si je me fie aux suppôts de l’air du temps (TLMP et SRC-Radio, entre autres[1]), demain nous parlerons chiac au Québec – alors que l’on parlera anglais à Paris… Nous avions déjà partiellement échappé au joual, échappera-t-on à cette nouvelle peste ?
Tout ce qui rapetisse réussit ici. Jusqu’où ira cette détestation de soi ?
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Une maladie québécoise — Le tout à l’État.
On ne peut rien entreprendre ici, rien espérer sans que l’État s’en mêle ou que l’on fasse appel à l’État. Les
Pendant ce temps, l’État s’engraisse, et nous nous appauvrissons, étouffés sous les exigences d’une machine étatique de plus en plus lourde, qui se nourrit de notre travail.
Et la plus grande pauvreté est d’ordre psychologique : notre dépendance croissante qui engendre l’irresponsabilité. Pays de no fault.
Notes :
[1] Dans les radios-poubelles, on parle mal par méconnaissance de la langue et relâchement ; à la SRC, par conformisme snobinard parfois – regrettable quand on songe à tout ce que l’on doit à cette institution en ce qui a trait à la diffusion de la culture. Quant à moi, je parle mal par nature…
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon