Le quartier de Maison rouge à Louviers. (photo d'archives Jean-Charles Houel)
« Nous n’avons jamais été de ceux qui ont porté aux nues le fameux « Grenelle de l’Environnement » voulu par le ministre Borloo. Notamment en raison de la méthode choisie. Nous avons toujours considéré qu’il s’agissait avant tout d’une opération de communication. La minceur des résultats au regard des ambitions nous a donné raison.Les écologistes étant à présent hors du Gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls vient de faire sienne la fameuse phrase de Nicolas Sarkozy : « L’environnement, ça suffit comme ça ! ». Dans les décombres du Grenelle de l’Environnement subsistait la nouvelle réglementation thermique dite RT 2012* dont l’ambition était d’améliorer substantiellement les performances énergétiques des nouvelles constructions et ainsi de réduire leur consommation d’énergie, et par voie de conséquence la facture de chauffage de leurs occupants.
Sous la pression du lobby du BTP qui ne voit dans cette réglementation qu’un frein à la construction et par conséquent à ses profits à court terme, Manuel Valls, le jeudi 20 novembre, à la veille de s’envoler pour le Tchad – ce n’est sûrement pas un hasard –et devant un parterre d’entrepreneurs réunis par la Fédération du BTP, - l’équivalent du MEDEF pour le bâtiment - a annoncé que les logements collectifs bénéficieront d’une dérogation supplémentaire de trois ans jusqu’en 2018, pour se conformer à ladite norme RT 2012. Manuel Valls a fait sien le discours libéral actuel selon lequel il y a beaucoup trop de normes et qu’il est nécessaire de faire de la simplification.
C’est donc une fois de plus un cadeau fait au patronat sur le dos des Françaises et des Français, mais aussi sur celui de notre planète terre vis-à-vis de laquelle la dette ne cesse de croître. Le but des Bouygues et consorts, c’est de construire moins cher. Non pas pour en faire bénéficier les acquéreurs de logements ou les locataires des logements sociaux ou pour lutter contre le réchauffement climatique, mais pour accroître leurs profits. Car, ne nous faisons aucune illusion, le coût de la construction ne baissera pas pour autant. »
Reynald Harlaut
(*) « Depuis le 1er janvier 2013, tous les bâtiments neufs à usage d'habitation doivent avoir une consommation maximale d'énergie de 50 kilowattheures par mètre carré et par an, aux termes de la RT 2012, qui a fixé les nouvelles exigences de performance énergétique. Mais les logements collectifs bénéficiaient d'une dérogation provisoire, avec une consommation maximale de 57,5 kilowattheures par mètre carré et par an, jusqu'au 1er janvier 2015, qui sera donc prolongée de trois ans.
La RT 2012, qui vise à diviser par trois la consommation d'énergie des logements neufs, est une mesure phare du Grenelle de l'environnement. »