Poezibao a appris hier après-midi, de la bouche de Patrick Beurard-Valdoye, la disparition de Bernard Heidsieck. (lire cet hommage sur le site Sitaudis).
Poème-Partition « N »
(octobre 1955)
Si vite qui bat si fort
se singe à mort sa métrique
De soi de calcul s’emmaillote
Petits pas
Les yeux clos s’encalcule
Pas à pas en rond t’articule
Pouce à pouce
Fil à fil
Se tresse te trame et te coud
Aïe Dieu sait comme
Comme de juste
Comme il faut
je tu il
À perte ni vu
De vue ni connu
Regards plexiglass mécaniques
Mon Ariane à se pendre
À tel vide alentour
Vide à cœur si lisse
À vômir mais encore
Quelle heure heure est-il
De mal en pie
Goutte à goutte
Te noie tu trembles
Chair de poule
Pour si peu pour un rien
Si ni force ni que rage
Alors rire en rond en soi
Ni plus ni plus
Ni plus ni moins
Sur soi
Les nerfs et la peau
À fleur de peau
Que sur les os
Tendu tambour
Que bisque et bisque
Et rage en cercle
Ce silence et rage
En rond qui bat
Si vide face à face
Face à lui face à toi
Coûte que coûte
Qui bat sans cesse sur soi
Ni but sans fin
Sur toi battu
À mort à sang agonie
souffle court girouette
Vents contraires vraies pirouettes
Je n’en puis plus
Tant battre
Titube halète titube
de rire et de rien
Mine de rien
Rien
Air de rien
Trois fois rien
Autant pour moi
Si ce n’est plus
Si ce n’est moins
Tant de bruit
Pour rien
Qu’à peine plus
Qu’à peine moins
Moins que rien
Je n’y suis pour rien
Et pourtant mais encore
Pour le meilleur et pour le pire
Dans les siècles des siècles
Alleluïa, alleluïa
Bernard Heidsieck, poèmes-partitions (1955-1965), précédé de Sitôt dit (1955), avec 2 CD comportant l’enregistrement de l’intégralité des poèmes-partitions publiés dans le volume et qui ont été enregistrés, en leur temps, par l’auteur, éditions al dante, 2009, pp. 35 et 36.
Bernard Heidsieck dans Poezibao :
Bio-bibliographie (par JP Bobillot), Vaduz (parution), extraits 1, extraits 2, note poésie
Sur UbuWeb :
liste des enregistrements de Bernard Heidsieck disponibles.