Ce billet a été écrit à la sortie du film... le contexte est donc celui de cette année de production.
Flash Point n’échappe pas à la règle. Film d’action mêlant kung-fu et intrigue policière presque aseptisée pour toucher un plus large public, on sent le produit formaté. Le film de Yip a un scénario maigre comme ça. L’intrigue est revue et rabâchée. On regrettera son manichéisme enfantin, les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Aucuns personnages ambigus juste stéréotypés comme il faut, voire caricaturaux. Le personnage de Donnie Yen en est l’exemple. Il est prêt à tout pour atteindre son but quitte à outre passer allégrement la loi et les règlements. Il cause plus avec ses poings qu’avec sa langue, une sorte de Charles Bronson en mode kung-fu se justifiant par "Ma philosophie est : les policiers attrapent les criminels ! Tout ce que j’ai fait, a été de maintenir la paix".
L’histoire donc, c’est celle de l’inspecteur Ma (Donnie Yen), casse-cou de la police de HK qui a pour mission de coincer un gang mené par une fratrie de trois frères d’origine sino-vietnamienne : Archer, Tony et Tiger. Ces derniers sont infiltrés par un agent, collègue de Ma : Wilson (Louis Koo). Au cours d’une opération de police qui ne se passe pas comme prévu, Wilson est démasqué et manque de se faire tuer. Archer est alors arrêté et les ennemis de la fratrie décident de témoigner contre eux. Tony et Tiger prennent alors la décision d’éliminer l’ensemble des témoins qui pourraient condamnés leur frère, et dont Wilson fait partie.
Flash Point c’est donc Donnie Yen et avant tout Donnie Yen. Un film tout à sa gloire. Il n’y en a que pour lui, faisant passer les autres personnages au second plan, très très loin derrière lui. Mais ce qui fait Flash Point dans le panorama cinématographique hongkongais, c’est le retour du film d’action "made in HK". Depuis ces derniers temps, Donnie Yen est, sans doute avec SPL (2005) et Dragon Tiger Gate (2006) à l’origine de la renaissance de ce genre tombé en désuétude dans l’ex-enclave britannique, tant en la matière les productions locales étaient fades.
Donnie Yen nous montre à travers ce Flash Point qu’il est l’un des meilleurs acteurs martiaux et surtout chorégraphe (aidé de sa team) en montrant une créativité sans borne. Il y distille un mélange de différent style de combat allant du muay thai au jeet kune do en passant par le judo. Ce qui, en termes de rendu crée le point fort de ce film avec des scènes d’actions spectaculaires, où les protagonistes s’affrontent dans des combats corps à corps réalistes. Ceci à l’image de la dernière scène du film : les personnages, perdus s’affrontent dans les herbes hautes. Un affrontement final très graphique, entre Ma et Tony où les deux hommes se battent dans une maison abandonnée, celle d'Election 2 (2006) de Johnnie To.
Quant à Wilson Yip, il réalise un film d’action avec toute l’efficacité d’un réalisateur de film d’action. C’est dit. On regrettera quand même qu’il se contente du minimum syndical, notamment de ce qui se fait aujourd’hui en la matière, et sans donner à ce film la Yip's touch d’un Bullets Over Summer (1999). Dommage.
Flash Point reste donc un bon divertissement qui remet au goût du jour le savoir-faire des hongkongais dans l’actioner martial.
Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, sept ans (de réflexion comme en amour ?). La part de la production venue du Mainland est toujours plus forte, voyant l'identité cinématographique hongkongaise se perdre, du moins évoluer vers autre "chose" (une nouvelle identité ?). Il n’y a pas eu de véritable retour du film d’art-martiaux urbain made in HK, notamment pour concurrencer l’émergence de la Thaïlande ou bien de la Corée du Sud. Par contre, Donnie Yen, bon gré mal gré continu, pour le meilleur et le pire son bonhomme de chemin…
I.D.