Une solution originale qui préservera le maximum d’emplois et garantira une certaine indépendance du titre mais le lien avec les lecteurs sera essentiel...
Le Tribunal de commerce de Nice a tranché sur la reprise de Nice-Matin et c’est le projet de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) des salariés qui a prévalu. L’offre de la SCIC ne compte aucun licenciement sec mais 159 départs « volontaires » correspondant à environ 15 % des effectifs.
Deux offres étaient aussi présentées : celle du géant belge des médias, le groupe Rossel, et celle de Georges Ghosn, l’ancien propriétaire de France-Soir. Si ces deux offres étaient financièrement supérieures, elles se montraient dévastatrices en termes d’emplois : 376 départs (soit un tiers des effectifs) pour la première et 228 pour la seconde.
La totalité des fonds levés pour cette reprise s’élève à 14,2 millions d’euros se répartissent ainsi :
- 2,3 millions apportés par les salariés correspondant à la mobilisation de leur treizième mois
- 460.000 euros de dons obtenus à la suite d’une campagne de " financement participatif "sur la plateforme Ulule
- 2 millions de prêt apportés par le Conseil régional
- 1,5 million apporté par des organismes du mouvement SCOP (Socoden) et France Active (Sifa)
- 8 millions de cessions à Bernard Tapie correspondant à 50 % de Corse Matin et aux murs de quatre agences locales.
À l’inverse du Conseil régional Provence Alpes Côte d’Azur, le Conseil général des Alpes Maritimes et la ville de Nice ont refusé de participer à ce montage. Bernard Tapie ne participera pas à la coopérative comme cela avait été envisagé initialement. Il récupère la totalité de Corse Matin, journal rentable dont il possédait déjà 50 %.
Cette décision du Tribunal de commerce constitue une grande victoire des salariés comme le souligne le communiqué du SNJ, membre de l’Union syndicale Solidaires. Nice-Matin devient ainsi le quatrième titre de presse détenu sous forme coopérative avec Alternatives économiques, Regards et le tout dernier venu, le Journal toulousain.
En choisissant la forme coopérative, Nice Matin renoue avec son passé lorsque, fondé après-guerre par des membres du journal de résistance Combat, il était géré sous forme de Société anonyme à participation ouvrière (SAPO). Il passera ensuite dans les mains du groupe Hachette, puis du Groupe Hersant Média.
La situation de la presse quotidienne régionale et de la presse écrite en général est difficile. Le pari pris par la nouvelle structure n’est pas gagné d’avance. Rappelons que ce journal a connu une baisse de diffusion de 23 % sur les huit dernières années et perdait un million d’euros tous les mois.
La coopérative souhaite maintenir les quatorze éditions des titres Nice-Matin, Monaco-Matin et Var-Matin qui représentent 160.000 exemplaires quotidiens. Elle compte également développer une stratégie numérique qui devra compenser les baisses de diffusion de la presse papier. Il est prévu de confier la direction du journal à Robert Namias (ex-TF1) qui sera aussi Directeur de la rédaction.
A la différence d’une SCOP dans laquelle les salariés doivent détenir plus de 50 % du capital, la SCIC est organisée en plusieurs collèges qui se partagent le pouvoir selon un pourcentage prédéterminé. Deux collèges doivent obligatoirement exister, celui des salariés et celui des usagers, auxquels se rajoutera très certainement celui des financeurs.
Mais la clé d’une relance durable du journal réside dans le lien qu’il saura créer avec ses lecteurs. Le succès de la levée de fonds auprès du public montre un engagement important pour maintenir le journal. Souhaitons que la présence d’un collège des lecteurs permettra de dépasser les seules relations marchandes existantes entre les salariés et les usagers...
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