Connaitre les différents états de vigilance ne sert à rien si on ne sait pas où regarder. C'est pourquoi dans cet article, nous allons passer en revue quelques situations dites à risque appelant un niveau de vigilance adéquate. Il n'est pas question ici de passer en revue toutes les situations possibles mais plutôt de guider le lecteur dans une démarche préventive en illustrant certaines applications des notions amenées dans les articles précédents.
Avant d'aborder les différents types de situation, je souhaiterai introduire la notion d'incongruence comportementale. L'incongruence comportementale est une dissonance dans le comportement d'un individu par rapport à la situation présente (par exemple, une personne portant une doudoune en plein été). C'est typiquement le genre de personne au sujet duquel notre subconscient nous dit "fais gaffe à ce gars-là, je le sens pas". Ce type de comportement, certaines fois évident, mais d'autres fois plus subtile, dois immédiatement éveiller notre vigilance.
Bars et boites de nuit:
L'analyse de la configuration des lieux en entrant permettra le cas échéant d'opérer un repli sécurisé. Issues de secours, nature du sol, objets ou mobilier pouvant servir de bouclier ou d'arme de fortune sont autant de détails qui, observés en amont, nous permettront d'optimiser notre prise de décision et notre trajectoire de repli.
Nous l'avons vu dans les articles précédents, les boites de nuits (et d'une manière plus générale, les lieux de divertissement ou l'alcool coule à flot) et leur proximité sont particulièrement propices aux agressions "de type male alpha". L'alcool contribue pour beaucoup à la désinhibition des comportements et la compétition entre males y est exacerbée. Notez que ce lieu peut également être le terrain de chasse de certains prédateurs (notamment sexuels) mais la présence de la foule les empêche en très grande majorité de passer à l'acte (dans ce cas, le chemin de retour en fin de soirée deviendra le lieu à risque).
Ainsi, les signes que nous devons guetter seront liés aux comportements des "males alpha". La présence d'alcool étant un facteur aggravant, un groupe d'hommes très alcoolisés et particulièrement agités devra donc éveiller votre attention. Il ne s'agit pas là de quitter la boite dès que nous croisons un homme saoul, sinon, autant ne pas aller en boite. Il s'agit simplement de les garder à l'œil. Jusque-là, aucun besoin d'être un expert en self-défense pour en déduire qu'un groupe de jeunes bourrés et pleins de testostérone représente un risque de bagarre... Le moindre regard, la moindre bousculade peuvent être prétexte à déclencher les hostilités. La présence au sein ou à proximité du groupe de jeunes femmes sexy est un facteur aggravant car ce sont autant d'opportunités pour un mâle dominant de montrer son potentiel de male reproducteur.
Voyons maintenant comment la notion d'incongruence comportementale peut m'aider à aiguiller ma vigilance. Imaginons désormais un homme, quasiment immobile au milieu de la piste de danse, me regardant fixement. De deux choses l'une: soit cette personne souhaite me séduire et se demande comment m'approcher, soit il m'en veut (jalousie, regard mal interprété...), est en train de me jauger pour estimer mon potentiel combattif et attend le meilleur moment pour déclencher les hostilités. Dans les deux cas, son comportement doit éveiller mon attention. Pour la suite, l'ensemble de la situation devrait me permettre de décider laquelle de ces deux hypothèses est la plus plausible. Son langage corporel me fournira notamment de précieuses informations sur ses intentions. Un menton relevé et un regard "de haut" sont des signes d'agressivité et de mépris manifestes. Des mâchoires serrées et des yeux plissés, révèlent une colère intense. Il sera donc de bon ton d'éviter l'individu en question.
Lieux sombres et déserts (rues, quai et couloirs de métro...):
Les lieux sombres et déserts sont propices aux agressions de type "prédation" à fortiori en soirée et la nuit. L'agresseur de type "prédateur", choisi, traque sa proie et planifie son crime de manière à s'exposer à un minimum de risques possibles. Les lieux déserts assurent l'absence de témoin (là, j'enfonce des portes ouvertes ;-)) et, si par hasard un badaud vient à passer dans le coin, l'obscurité de l'endroit minimise le risque d'être identifié par la suite.
Désert + sombre = risque d'agression type "prédation"
Passons le conseil élémentaire qui serait d'éviter de faire le chemin du retour de la soirée seul pour nous concentrer plus particulièrement sur le thème de la vigilance.
L'agresseur de type "prédateur" met toutes les chances de son côté pour arriver à ses fins et s'en sortir sans encombres. La surprise est donc l'un de ses meilleurs atouts. Une vigilance adaptée a justement pour objectif de supprimer (ou du moins de minimiser) cet effet de surprise.
Analysons tout d'abord la typologie des lieux. L'idée est de repérer les endroits et passages propices à une embuscade. Il est donc primordial de surveiller tout endroit ou la luminosité est réduite et présentant des caches potentielles: Porche, local poubelles, arrière de véhicules... Essayez dans la mesure du possible de marcher au milieu du trottoir de manière à ne pas frôler les murs à l'approche d'un porche. De la même manière, s'écarter du mur avant d'aborder un coin de rue permet de se ménager un temps de réaction supplémentaire en cas de surgissement d'un individu. Enfin, un lampadaire cassé doit faire monter votre vigilance d'un cran.
Dans un lieu désert, toute personne que nous croisons devrait faire l'objet d'une vigilance renforcée. Il serait cependant illusoire de croire que nous pouvons maintenir notre vigilance en code rouge/orange en permanence. Certaines personnes émettent cependant des signaux qui, si nous savons les lires, révèlent de mauvaises intentions à notre égard. Nous en revenons donc aux incongruences comportementales.
Souvenez-vous, que l'incongruence est une dissonance entre le comportement d'un individu et la situation présente. La plupart du temps, notre inconscient en perçoit la majorité et nous transmet un sentiment de malaise diffus que nous choisissons la plupart du temps d'ignorer. Pourquoi? Par peur du ridicule, par peur de la paranoïa, par peur de froisser l'autre... D'autant que dans la majorité des cas, nous ressentons un malaise mais ne sommes pas en mesure d'en déterminer la cause.
Voici donc quelques exemples pour illustrer le concept d'incongruence comportementale:
- Un homme stationnant dans un couloir de métro, qui est le lieu de passage par excellence, présente selon moi une incongruence comportementale. Qui se reposerait au beau milieu d'un couloir de métro? Qui attendrait un ami à cet endroit? Excepté pour faire la manche, personne n'a d'intérêt à stationner dans un tel endroit. Si en outre cet homme scrute la foule, il est fort possible qu'il soit en repérage pour sélectionner une victime potentielle.
- Les comportements sociaux veulent que lorsqu'un groupe de personnes discutent, elles soient disposées en cercle et que leur attention soit centrée sur le groupe lui-même. Une groupe de personnes alignées contre un mur et dont l'attention est manifestement portée sur les passants doit absolument éveiller votre attention.
- Les distances de relations interpersonnelles sont également un excellent indicateur d'incongruence comportementale. La distance sociale est la distance propre à une relation professionnelle ou de discussion avec un inconnu. Elle se situe approximativement entre 1m20 et 3m60. La distance personnelle est quant à elle réservée aux amis. Elle se situe entre 50cm et 1m20. En dessous de 50cm, nous entrons dans la distance intime. Cette distance est réservée aux gens très proches tels qu'un compagnon (ou compagne). Un inconnu s'approchant de moi, sans raison apparente, de manière exagérée (inférieur à 1m20) révèle des intentions particulières à mon égard (intention de séduire ou menace physique). La lumière rouge doit automatiquement s'allumer dans ma tête. Bien entendu, le contexte est à prendre en compte. Il ne s'agit pas d'allumer toute personne qui me frôlera à l'heure de pointe dans le métro. Mais une personne s'asseyant juste à
côté de moi dans un abribus désert mérite la plus grande vigilance et la mise en place de stratégies de protection (déplacement, garde passive...). Si vous n'êtes toujours pas convaincu sur cette notion de distances interpersonnelles, amusez-vous à observer le placement des gens dans un ascenseur ou sur les bancs publics. Deux inconnus prennent systématiquement des positions opposées de manière à se retrouver le plus loin possible de l'autre.
Attention: Les distances interpersonnelles peuvent varier en fonction des cultures.
Si ces deux types de situations sont celles présentant la plus grande probabilité de se retrouver impliqué dans une agression, ce ne sont cependant pas les seules. Toute situation de la vie courante nous expose à un risque d'agression même si le risque est bien moindre. Je pense notamment aux comportements de certains conducteurs particulièrement incivils. Monsieur tout le monde peut se transformer en vrai c***ard au volant. Une conduite particulièrement agressive devra donc également éveiller notre vigilance.
Vous l'aurez compris, adopter une vigilance appropriée à la situation n'a rien à voir avec une quelconque paranoïa mais signifie simplement aiguiller nos sens et notre attention vers les détails importants et pouvant révéler de mauvaises intentions à notre égard. Ceci afin d'anticiper toute tentative de la part d'un éventuel agresseur et nous laisser le temps d'éviter, de fuir ou riposter.