"C'est mon ordinateur qui veut que je fasse de la dance music."

Publié le 23 novembre 2014 par Teazine
Dans le royaume du mp3, il reste encore des groupes qui conçoivent des albums comme un entier. Une jolie brique à poser sur l'édifice de sa carrière. Chez LIARS, la construction s'apparente à un mur en légo bigarrés, ou bien, à l'image de la pochette de leur dernier disque Mess, à une toile d'araignée faite de fils de toutes les couleurs qui partent dans toutes les directions. Lorsqu'on interviewait Foals, en 2010, on avait déjà discuté de cette étonnante capacité à se réinventer à chaque sortie. Et comme la TEAm particulièrement aimé le très dansant dernier LP (Mess) (surtout l'enchaînement PARFAIT des deux premiers morceaux "Mask Maker"/"Vox tuned D.E.D"), l'opportunité d'en parler directement avec les intéressés était inratable. On s'est donc retrouvées face à Angus, le chanteur, pour parler d'albums concepts et d'un tas d'autres trucs. Plié en quatre pour se faire une place dans son fauteuil des minuscules loges de La Superette (à moins que ce soit un effet d'optique dû à la taille du personnage) Angus s'est montré plutôt bavard sur le sujet, tout en ne cachant pas son admiration pour d'autres groupes qui semblent faire de la musique, "just for the sake of it" (voir aussi  et ). 

INTERVIEW LIARS
Vous avez beaucoup dit que cet album avait été créé spontanément, par opposition au précédent, WIXIW, qui était très travaillé et marquait votre première expérience de composition avec des instruments électroniques. Est-ce que vous avez réellement réussi à vous lâcher suffisamment pour faire ce que vous aviez prévu? Vous donnez l’impression d’un groupe très réfléchi, qui conceptualise chaque disque. Oui, on a réussi, dans le sens où on s’est dit "si je fais quelque chose, alors ça va être sur l’album". On a fait exprès de ne pas s’accorder beaucoup de temps. On a essayé de se limiter à un mois... alors que la composition de l’album précédent nous avait pris près de trois ans. C’est vrai que ça n’était pas facile, il faut parfois se forcer à  "laisser aller". Mais c’était dans l’idée qu’on avait pour cet album et on a abouti à un résultat dont je suis personnellement très content. Est-ce qu’il y a une réelle différence entre des groupes qui conceptualisent hyper leurs albums et d’autres qui, disons, composent en se bourrant la gueule dans un garage ? Haha. Non, la plupart du temps quand je me prépare à composer un album, je préfère ne rien écouter pendant un moment. Pendant ces périodes, j’essaie de me couper totalement du reste. J’essaie de ne pas mater de films, de ne pas lire, j’essaie de me "stériliser" la tête d’une certaine manière. J'espère alors que ce que je crée vient vraiment de moi. Mais j'ai quand même l'impression que je suis facilement influençable. Par exemple si je suis dans ma voiture et qu’à la radio ils passent un truc débile, genre les Foo Fighters, alors j’aurai envie de faire une chanson avec de la guitare. C'est ce que j'essaie d'éviter. Mais en terme de qualité, tu préfères de la musique qui a été pensée, conceptualisée, comme vos albums, ou bien plutôt de la musique que je qualifierais de plus directe, spontanée ? Personnellement je suis plus intéressé par le concept. Ca dépend vraiment de ce que l’on recherche. Pour LIARS, j’aime concevoir chaque album comme une pièce à part, avec à chaque fois une manière différente d’appréhender notre travail. Parfois, ça me plairait effectivement bien qu’on soit "juste" un groupe de mecs bourrés dans un garage, mais ça ne nous correspond pas. Donc pour vous, même le fait de rechercher à faire de la musique spontanément, c’est un concept en soi, pas un truc qui vient naturellement. Oui, c’est ça. C’était l’idée derrière Mess. Parfois, on devient trop cérébral. Du coup, on a cherché à voir ce qui se passe quand on travaille avec les tripes et pas avec la tête.

C’est intéressant que du coup le résultat soit plus dansant, plus entraînant que les albums précédents. Peut-être même que les réactions du public sont elles aussi plus spontanées, plus excitées, plus dansantes… ? Oui. Le truc c’est que quand je compose sur un ordinateur, j’ai parfois le sentiment que c’est la machine qui me guide dans une certaine direction. C'est mon ordinateur qui veut que je fasse de la dance music. La plupart des programmes destinés à faire de la musique sur l’ordinateur, la façon dont ils fonctionnent, avec des pistes que tu peux facilement faire tourner en boucle… c’est pas comme si t’étais physiquement dans une salle en train de tout faire, au contraire, tout est simplifié. Il suffit de presser un bouton et la machine commence à faire les choses à ta place. Pour moi, la dance c’est simplement le langage musical de l’ordinateur. J’ai essayé d’y résister sur WIXIW et du coup pour Mess, j’ai cherché à "laisser aller". Laisser sortir cette dance music. J’aime la façon dont cette musique est plus directement "physique" que nos morceaux sur WIXIW. Votre concert de ce soir a justement lieu dans un festival de musiques électroniques (La Superette). Et je pense que la majeure partie de cette musique est portée sur la danse. Est-ce que c’est possible de composer sur son ordinateur SANS faire de la dance ? Oui bien sûr, je pense que c’est possible. Mais je pense qu’il y a une certaine influence de la part de l’objet. Comme par exemple quand tu as une guitare et un ampli, tu vas probablement avoir envie de jouer du rock. On serait donc influencés par l’histoire qu’il y a derrière l’instrument ? Sûrement. A mon avis, c’est la forme de l’outil qui détermine ce qu’on va en faire. On pourrait donc dire qu’un instrument est conçu pour remplir une certaine fonction. Et du coup beaucoup de softwares sont faits pour la dance. Donc les utiliser dans ce sens paraît naturel. Donc votre prochain concept ça sera de créer un programme qui vous permet d’aller dans un autre sens ? Haha. Je ne pense pas. Je fonctionne toujours par action/réaction. Du coup, étant donné que ça fait maintenant plusieurs années que je compose sur des ordinateurs… ... tu rêves de te remettre à jouer avec de "vrais" instruments ... Ouais. J’aimerais juste me poser et utiliser ce qu’il y a à ma disposition. Genre me poser dans une pièce, jauger quel son je peux en retirer, utiliser des sons de la vie courante… ce genre de truc me manque vraiment.

Ce genre de réaction antagonique me fait penser à la vision binaire que l’on a parfois en histoire de l’art ou de la musique. Cette idée que des mouvements axés sur la spontanéité, l’exubérance, sont suivis par des périodes où on va chercher à faire quelque chose de plus réfléchi, de plus structuré, et vice versa. Exactement. Pour moi, c’est la meilleure façon de travailler. Tester un truc, puis faire l’opposé. Bien sûr, j’admire des artistes qui ont trouvé leur façon de faire et qui poursuivent sur cette voie, en cherchant à la perfectionner. Par exemple, quand j’étais enfant, je trouvais que les tableaux de Mondrian étaient incroyables. Je les trouvais cools, j’aimais ce côté abstrait. Mais plus tard, j’ai commencé à avoir l’impression que toutes ses œuvres sont pareilles. Ca ne change jamais. Alors que ça aurait pu être super intéressant de le voir s’approprier d’autres choses, genre, je sais pas, faire des dessins au crayon. C’est la même chose avec les grands guitaristes. Je suis très envieux de types qui sont des génies et qui jouent tout le temps de leur instrument et qui jouent des morceaux de leur répertoire. Mais en même temps, à mon avis, ça devient beaucoup plus intéressant si le gars pose soudainement sa guitare pour tenter autre chose. On en revient à cette envie d’avoir une approche pure et en un sens, naïve, de son travail... Exactement. Si le type en question se met par exemple au trombone - alors qu’il n’a aucune idée de comment ça marche - on a des chances d’aboutir à une approche très intéressante, à voir une nouvelle façon d’aborder ce nouvel instrument. Mais c’est super dur de lâcher ce qu’on sait faire le mieux pour se jeter dans l’inconnu. Oui, ça fait peur. Pour moi c’est un peu comme déménager. Je suis en droit de penser que l’endroit où je vis est beau, que j’y ai plein d’amis, de la famille, etc. Mais je peux me dire aussi que c’est trop confortable. Pourquoi je n’irais pas ailleurs pour voir ce qui s’y passe ? Qu’est-ce qui peut m’arriver ? Bien sûr, c’est une prise de risque, mais à mon sens, ça a aussi une certaine valeur. Ca force a être créatif, à se remettre en question.

C’est difficile pour soi-même mais en tant que groupe, c’est aussi un risque par rapport à son public, non ? Inévitablement. Bien sûr que la musique est aussi une industrie. Mais c’est à toi de savoir, en tant qu’artiste, à quel point tu crois en ce que tu fais versus à quel point tu te sens concerné par ce que le gens vont en penser. A mon avis, si tu veux être créatif et heureux, tu dois faire abstraction de ce que le public pense. En même temps, tu as besoin de ton public pour pouvoir vivre de ton travail. C'est sûr que tu as besoin de ton public. Mais tu as aussi une responsabilité face à toi même, tu es la personne la plus à même de savoir ce qui tu aimes faire. Si tu te retrouves à faire des trucs que tu n’aimes pas, juste pour faire plaisir à d’autres, c’est un horrible cercle vicieux. Peut-être qu’on se fait aussi une idée faussée des attentes du public. Peut-être que ça ne lui fait pas plaisir de voir un artiste persévérer dans une seule direction. C’est ce que je pense. Des fois on me dit que je suis cruel envers mes auditeurs, parce que je les déstabilise, que je ne leur donne pas ce qu’ils "veulent". A mon avis avec ce genre de raisonnement on prend juste les gens pour des cons. C’est aussi une question de respect vis à vis de ses auditeurs d’assumer qu’ils sont eux-mêmes créatifs et curieux. Qu’ils ont envie de suivre LIARS comme une espèce de voyage. Je pense que notre public est conscient que certaines de nos chansons ou certains de nos albums ne vont pas leur plaire, mais ça ne devrait pas avoir d’influence sur la façon dont ces personnes perçoivent la part de nos morceaux qu’ils apprécient. Et avec ce genre de démarche, on peut même potentiellement attirer un public plus large. Exact ! Par exemple, si Britney Spears décidait tout à coup de faire un album a capella, bien sûr que cela dérangerait une partie de ses fans, mais il y aurait un tas d’autres personnes – moi y compris - qui trouveraient ça incroyable. Le principal c’est qu'elle sache ce qu’elle a envie de faire. Malgré tout, est-ce qu’il vous arrive de rencontrer des fans de LIARS qui auraient préféré que le groupe reste tel qu’il était au début ? Evidemment. Et d’une certaine façon, je souhaiterais presque être capable de garder une constante. D’avoir un intérêt intarissable dans un domaine précis qui me ferait persévérer. Genre les musiciens de blues. Ces mecs savent ce qu’ils veulent faire dans la vie. Malgré tout ce que j’ai pu dire, je trouve ça vraiment cool. J’aimerais bien être capable de me focaliser comme ça. Mais, ce n’est pas moi. Si je n’étais pas dans un groupe avec lequel on cherche constamment à explorer de nouvelles choses, de nouveaux mediums, je pense que j’aurais arrêté de faire de la musique il y a dix ans déjà.

Est-ce que ce choix de composer avec des ordinateurs est une sorte de réaction à un contexte donné, où les ordinateurs sont omniprésents ? Est-ce que tu pense que c’est une réaction à une société ultra-connectée, où tous les échanges sont accélérés ? Absolument. Je pense que nous sommes très influencés par les médias et aussi par la question de savoir quelle quantité d’information on est capable de consommer. C’est incroyable tous les choix qu’on a en permanence! Pour moi, ça a clairement une influence. Mais en même temps, je me sens surpassé et anxieux. Cette surabondance me fait peur. Cela dit, on peut aussi voir ça comme un bénédiction. Par exemple, si je me demande quel son fait un tambour taiko japonais, je peux le savoir en quelques secondes et décider de l’utiliser dans mon morceau. C’est évident que les médias actuels ont influencé les processus de créations et multiplié les possibilités. Donc Mess exprime aussi ce sentiment d’être surpassé par l’information ? Non, je ne pense pas. Nos albums ont toujours pour point de départ une idée qu’on a envie d’explorer et dans ce cas, particulièrement, je pense que c’était une réaction claire à notre sortie précédente. Ca arrive souvent, on fait une fixette sur une certaine manière de travailler et quand on a tout a coup la possibilité de faire autre chose, c’est un nouveau souffle.

Tu as une formation d’arts plastiques. Est-ce que cette façon de travailler vient de là ? Sûrement. Le fait de se considérer plus comme un artiste que comme un musicien permet peut-être mieux de conceptualiser son travail. Pour moi, c’est beaucoup plus facile de faire ce que je fais si j’ai une idée de ce que va être l’album dans son entier. J’ai une meilleure compréhension de mon travail en partant d’un concept. Du coup la musique est plus un moyen d’exprimer une idée donnée qu’une fin en soi. Tout à fait. Ce genre de démarche simplifie énormément les choses. Tu commences à composer en sachant que tes morceaux doivent traiter d’un truc précis. Par exemple quand on a fait cet album au sujet de Los Angeles, Sisterworld, on a dû trouver des sons qui allaient exprimer l’idée qu’on se fait de la ville. Le concept te permet de cerner ce qui est pertinent pour ton disque et ce qui ne l’est pas. Tu peux très bien avoir une chanson vraiment cool mais qui ne colle pas à l’idée de départ. Donc vous avez des archives de chansons que vous gardez pour plus tard ou sortirez en compilations posthumes ? Haha. Oui. Beaucoup plus que quiconque ne voudra jamais écouter.
Il est vrai que LIARS apparaissent plus comme un projet artistique que comme un groupe... Oui. On n’est pas du genre à juste se poser et gratter des accords. Mais bon, on fait quand même des disques. Malgré tout, j’ai encore de la peine à me définir en tant que musicien. Je ne considère pas en tant que tel. Bien sûr, il se trouve que je suis dans un groupe et il se trouve que je compose des chansons. Est-ce que tu remarques une réelle différence entre toi et des gens qui eux se voient en tant que musiciens ? Oui. Souvent les discussions entre musiciens deviennent très techniques, les gens parlent de leur matos, de leurs instruments, etc. Mais ça ne m’intéresse pas du tout. Je suis plutôt perdu dans ce domaine. C’est plus facile pour moi, et aussi plus correct, de me considérer en tant qu’artiste. Et bien que la musique soit le médium le plus proéminent dans mon travail, je me vois quand même comme un artiste multi-médias. Je fais des vidéos, des photos, du graphisme... J’ai réalisé ça quand j’étais à l’école d’art. J’avais envie de tout faire. Et puis je me suis retrouvé dans le bon groupe, qui me permet de continuer à tout faire. Le fait de faire de la musique est aussi un moyen de créer en dehors de la scène des arts plastiques, des galeries etc. Ouais, les galeries sont vraiment une plaie. Il y a ce faut semblant autour du fait que faire de l’art coûte de l’argent, que les artistes en ont besoin pour vivre, que les galeristes veulent aussi gagner leur part… Je trouve que le débat autour de la marchandisation de l’art est épuisant. Sans parler de tout cet aspect de réseautage, du paraître, etc. Je déteste tout ça. Déjà quand j’étais à l’école d’art, j’avais de la peine avec ce genre de pratique : c’est comme si parler autour d’un verre de vin rouge à un vernissage faisait partie du job. De ce point de vue, la musique est différente. Je pense que c’est difficile de réussir à faire de la musique sans s’y investir complètement.
Est-ce que dans le même sens que l'art contemporain, le fait d'expliquer les concepts qui se cachent derrière LIARS fait partie d'un ensemble? Je ne sais pas. J’essaie plutôt de ne rien lire de ce qui est écrit à propos du groupe. Au début, je lisais les critiques pour savoir ce qui marchait bien, ce qui marchait moins bien. Mais au bout d’un moment j’ai réalisé que ça ne m’apportait pas grand chose. Ce qui m’importe c’est de savoir ce qui, à mon avis, fonctionne. C’est sur cela que j’aimerais me concentrer. Je ne veux pas être influencé par l’appréciation des autres. Ce que j’aime, c’est avoir un dialogue, échanger des avis. Mais si on se met à faire attention à toutes les critiques, on ne s’en sort plus. Vous faites pas mal d’interviews. Est-ce que tu penses que c’est une démarche explicative, que les gens ont besoin de ces explications pour vraiment saisir ce que vous faites ? Ou bien il s’agit plutôt d’aller plus loin, de transcender l’album ? C’est plutôt ce second aspect. Quand tu discutes avec d’autres gens de ton travail, qu’ils te posent des questions, ça te donne aussi les moyens pour mieux comprendre ce que tu es en train de faire. Tu saisis mieux pourquoi certains aspects sont importants à tes yeux. Il s’agit donc moins d’expliquer au gens que d’acquérir une meilleure compréhension de son propre travail. Je pense que c’est une part importante de tout travail créatif : être capable d’en discuter. Le regard des autres apporte aussi de nouvelles choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé… Oui tout à fait !

Est-ce que vous accordez tout autant d’importance à votre façon d’apparaître sur scène ? Oui. Ca fait partie du travail. C’est une autre plateforme d’expression. Je prends ça au sérieux, je vois ça comme une performance. A mon avis, il y a des musiciens qui préféreraient ne pas avoir à faire de live, qui pensent que la musique se suffit et qui refont leurs trucs tels quels sur scène. Ca ne m’intéresse pas vraiment. Pour moi, le concert est aussi une expression artistique. C’est une occasion d’incarner la musique. Oui. Il y a un aspect physique. Un côté actif. Pour moi c’est important de le faire. C’est plus difficile depuis que vous faites de la musique électronique ? Oui. C’est une des choses les plus dures qu’on aie faites. C’est une musique qui n’a pas véritablement de source physique. Les gens peuvent avoir l’impression qu’il vous suffit de presser un bouton et basta. Exactement. Il faut réinterpréter les morceaux, défaire les pistes de l’ordinateur afin de pouvoir incorporer le corps dans la performance. C’est ce qui est bizarre avec la musique électronique. Cette nécessité de créer une expression physique. Je comprends qu’on puisse avoir envie de voir un groupe qu’on apprécie sur scène. Je suis moi-même fan de plein de musique et j’aime aller à des concerts. Et donc même s’il s’agit de musique électronique, j’attends d’un concert qu’il soit intéressant, qu’il y ait quelque chose de captivant. Le concept même de concert est probablement imprégné de la culture rock. Cette envie d’aller voir des groupes qu’on a aimé sur disque, avec quand même l’envie d’une part d’être conforté dans notre appréciation et d’autre part, l’envie d’être séduit par de nouveaux aspects. Par exemple les visuels. Chez LIARS ils sont particulièrement importants, non ? Oui. Pour cette tournée on a un programme de Vjing qui réagit directement à la musique. Donc les visuels diffèrent à chaque concert. C’est plutôt cool.
Pour toi c’est quoi un concert réussi ? Quand je perds conscience de ce qui se passe en dehors. Ca donne le sentiment que le corps prends le dessus sur l’esprit. Et dans le public ? Je ne sais pas. Il y a beaucoup d’éléments de contexte qui sont importants. Qu’est-ce qui s’est passé avant. Dans quelle état d’esprit je me trouve. Est-ce que je suis ouvert à de nouvelles découvertes. Ca peut aussi arriver de se perdre totalement dans la musique. C’est vrai. Mais je pense que ça a aussi à voir avec le contexte. Est-ce que je me laisse emporter ou pas ? J’adore quand ça arrive mais je ne peux pas dire que c’est ce que je recherche à tout prix quand je vais à un concert. Est-ce que tu te comportes sur scène en pensant à ce que tu aimerais voir si tu étais dans le public ? Non. Je veux vraiment faire ce dont j’ai envie, ce qui me semble être la chose à faire. Et j’espère que ça passe au niveau du public. Mais ça m’arrive de sortir de scène en ayant le sentiment que c’était un bon concert et les gens me disent que c’était nul. Ou l’inverse: je n’ai pas atteint le point que je voulais atteindre et les spectateurs, eux, adorent. C’est relatif et subjectif. Au final, je fais juste ce qui me semble juste et avec un peu de chance, ça marche! 

Illustration: Lemon Photos: Küng
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