Auteur: Matthew Gregory Lewis
Titre en français : Le moine
1ère édition : 1796
Ma note :
Quatrième de couverture :(édition française)
On le nomme “Monk” Lewis, tant cet écrivain a été marqué par sa créature scandaleuse. Le livre fut d’abord interdit par la censure et Lewis obligé d’en réviser l’édition. Il n’a que vingt ans lorsqu’il écrit Le Moine et confronte le lecteur avec l’Invisible d’une manière directe et brutale. Le Surnaturel y fait sauvagement irruption et s’impose ; d’où la réticence d’un Coleridge, déconseillant aux parents de mettre un tel livre dans les mains de leurs enfants.
Il connaissait bien la littérature allemande et traduisit plusieurs grands auteurs, tel Schiller. Il adaptera avec succès un roman de Zschokke, Le Bandit de Venise.
Il hérita d’une fortune importante à la mort de son père et, avec effroi, en découvrit les sources, dans les Indes Occidentales. Il mourut de fièvre jaune à son retour d’un second voyage, laissant un passionnant Journal qui dénonce le scandale des pratiques coloniales dont nul alors ne se souciait. Comme la plupart des auteurs “gothiques”, Monk Lewis ne fut jamais en odeur de sainteté auprès des critiques et il fallut attendre des auteurs comme Artaud ou Breton pour que certains considèrent enfin Le Moine avec sérieux.
Mon avis :
L’intrigue se déroule en Espagne (l’auteur semble l’oublier quelques fois quand il parle de Strada di San Iago ou Strada di la vida..curieux mélanges hispano-italien, ou alors je ne suis pas au courant de certains faits historiques et culturels), dans une société où la religion et la superstition cohabitent allègrement.
Un moine dont la réputation de saint a fait le tour de Madrid se voit peu à peu sombrer dans le péché et la luxure. Un jeune homme nommé Lorenzo de Medina tombe amoureux d’Antonia, venue à Madrid avec sa mère demander de l’aide à leur beau-frère et oncle, Don Raymond de las Cisternas, ami de Lorenzo. Don Raymond est amoureux d’Agnès, jeune soeur de Lorenzo, mais Agnès a pris le voile, et une évasion est mise en place. Hélàs, la jeune pécheresse est démasquée, l’évasion avortée. Entre-temps, le moine Ambrosio, orphelin voué à la vie monastique dès l’enfance, est séduit par une étrange femme qui le conduira à sa perte. Désormais dépravé, Ambrosio va jeter son dévolu sur la jeune Antonia. Encouragé et conseillé par Matilda, il va commettre les pires crimes pour arriver à ses fins.
Sorcellerie, châteaux hantés, amours contrariées et tragédies ponctuent cette horrible et délicieuse histoire, dense et passionnée. L’ambiance est noire, la descente aux enfers du moine est fascinante. Malgré les quelques longueurs du début le rythme est vite pris et on frémit aux destins funestes des personnages. Démasqué et sur le point de payer pour ses crimes, le moine vendra son âme au diable pour échapper au bûcher. Mais la fuite ne serait-elle pas pire que la réddition ?
Cette histoire gothique écrite à la fin du XVIII ème siècle par un jeune anglais de 20 ans donne un roman à la fois flamboyant et noir.