Il en est des auteurs à succès comme de tout, il y a des jours avec et des jours sans … Autant j'avais apprécié son dernier opus « Le Tango de la Vieille Garde », autant je me suis obligée à terminer celui-ci, sans grand plaisir.
Le thème est pourtant cher à l'auteur : l'art et sa signification sociale. Une réflexion fouillée - et qui frise parfois l'ennui - sur ce que représente l'art contemporain, comme ces « installations » parfois absurdes qui sont pourtant hautement prisées des collectionneurs et des musées. Ici, il s'agit essentiellement d’art de la rue, des graffiti, des tags. Des artistes affirment et apposent leur super « moi », leur signature, sur les supports les plus divers, dans la ville : des murs ou des usines désaffectés, des parois totalement inaccessibles, des trains, des couloirs de métro, des œuvres d'art méprisées (par eux). Chacun recouvre l'ouvrage d'un autre, affirmant son passage en y apportant couleurs violentes et phrases assassines.
L'héroïne du roman, Lex, est une historienne d'art plutôt musclée, spécialisée dans ce style, cet univers des graffeurs. Elle est mandatée par un éditeur pour une mission particulièrement difficile et qui s'avère rapidement dangereuse : rencontrer l'un des génies du genre, surnommé Sniper, pour le convaincre de sortir de l'anonymat pour publier un recueil d’œuvres complètes, exposer au MoMa de New York, et mettre ses principales œuvres disponibles – des études, des pochoirs, des vidéos, des morceaux de murs - aux enchères. La quête de l'artiste, espagnol comme elle, la conduit à Lisbonne puis à Vérone et Naples. Mais elle n'est pas la seule à lui courir au train, car un industriel dont le fils s'est tué en relevant un défi proposé par Sniper, a juré la perte de l'artiste insaisissable.
La trame de l'histoire est donc un peu courte, et même si l'on pénètre dans un monde particulièrement opaque au non-initié, la progression du roman est trop linéaire selon mes critères personnels d'appréciation des polars.
C'est vite lu, ça vous laisse un arrière-sentiment de « trop peu », Perez-Reverte nous a habitué à plus de suspens, à les personnages plus foisonnants. Mais il est évident que les éditeurs de ces auteurs ultra-rentables demandent chaque année un ouvrage supplémentaire et il faut croire que les ventes se font sur la foi du nom de l'auteur.
Je crois avoir lu tous les romans d'Arturo Perez-Reverte traduits – toujours aussi élégamment par François Maspero – en français, sauf Le Hussard et Jour de colère que Claude a lu avant moi. Il me faudra attendre le prochain pour retrouver l'émotion de La Peau du tambour ou de La Neuvième Porte.
La Patience du franc-tireur, d'Arturo Pérez-Reverte, traduit de l'espagnol par François Maspero, Seuil, 259 p., 21 €.