Bad Judge est une nouvelle comédie de 13 épisodes diffusée depuis le début octobre sur les ondes NBC aux États-Unis et Global au Canada. Elle met en vedette Rebecca Wright (Kate Walsh), une juge apparemment compétente, mais qui est loin d’avoir atteint la maturité dans sa vie personnelle. Chaque semaine, elle tombe sur des cas divers qu’elle règle avec des jugements pour le moins farfelus, tout en accumulant les conquêtes, que ce soit durant sa journée de travail ou après. De son côté, Benched est la nouvelle comédie de 10 épisodes diffusée depuis la fin octobre sur les ondes de USA Network. Elle a pour principal personnage Nina Whitley (Eliza Coupe) qui vient de perdre son poste à un prestigieux cabinet d’avocat et qui doit maintenant travailler au Bureau de la commission d’office. Snob, un tantinet princesse, elle peine à s’adapter à ce nouvel environnement d’autant plus que ses clients sont pour la plupart des cas désespérés. Ces deux nouvelles séries ont pour objectif de mélanger l’humour au système de justice. Si la série de NBC échoue lamentablement (elle n’a pas appris de ses leçons), celle d’USA network fonctionne à fond et nous offre une bonne dose de rires.
Bad Judge : manque de balises, même pour une comédie
La première scène donne le ton. On retrouve Rebecca recroquevillée dans son lit et lorsque son cadran sonne, elle tente de faire disparaître sa gueule de bois en avalant presque toute une bouteille de pilules; c’est qu’une longue journée l’attend. Dans le premier épisode, elle doit rendre un verdict concernant un homme accusé de bigamie et pour ce faire, d’avoir falsifié son identité. Dans le second, il s’agit d’une starlette qui se retrouve en cour seulement pour faire parler d’elle dans les médias alors que dans le troisième, un manager d’un grand restaurant est accusé de harcèlement sexuel par une de ses anciennes serveuses.
Exactement comme Bad Teacher présentée au printemps 2014, elle aussi un jeudi, NBC en fait trop. On a remplacé l’enseignante bimbo qui n’effectuait son job que pour se dénicher un riche mari, par une juge blasée qui n’a surtout aucune notion d’éthique. Le bigame est condamné à porter un chandail où il est inscrit en grosses lettres « I am a convicted bigamist ». Pour la starlette, c’est quatre mois de solitude médiatique alors que pour le riche propriétaire, il est acquitté faute de preuves concrètes, mais la juge s’en prend à lui physiquement à la sortie du tribunal. On a beau jouer dans la comédie, un minimum de crédibilité est tout de même de mise et c’est justement ce qui fait défaut à Bad Judge. En plus de donner des sentences bidon, elle fait preuve d’un manque flagrant d’impartialité alors qu’elle reçoit dans son bureau Tom Barlow (John Ducey), un avocat qui parvient à la persuader en cachette d’appuyer sa défense juste avant le procès ou lorsqu’elle couche avec l’expert en médecine Gary Boyd (Ryan Hansen, lui aussi dans Bad Teacher) appelé à la barre dans un procès qu’elle préside. Le prochain dans son lit est un pompier, mais comme avec tous les autres, elle a peur de s’engager et préfère les conquêtes et passer la nuit à se saouler dans les bars plutôt que de prendre ses responsabilités. Si au moins les mises en situation étaient drôles, mais ce n’est pas le cas.
Benched : cynisme savoureux
Depuis longtemps, Nina aspire à devenir partenaire dans la prestigieuse firme d’avocats où elle travaille. Malheureusement pour elle, le patron a privilégié une collègue plus jeune, mais surtout avec une plus grosse poitrine. La journée a d’autant plus mal débuté alors que son petit ami l’a laissé pour une autre. L’avocate craque, casse quelques vases et insulte tout le monde, ce qui lui vaut d’être renvoyée. Sa réputation la précédant, seul le Bureau de la commission d’office accepte de l’employer. Tout un contraste. L’avocate se présente en tailleur dans une salle de justice infestée par l’odeur d’un rat mort. Les accusés (une bonne vingtaine) entassés dans un box font face à une justice expéditive; on les écoute à peine. Nina vient d’un autre monde et au départ, fait tout pour y retourner. Mais comme le mentionne Emily L. Stephens dans sa critique: « In her old office, Nina became a force of chaos; in the public defender’s office, she’s immersed in chaos. »
Dans la grande majorité des séries américaines s’intéressant au milieu de la justice, les accusés sont des riches qui coupables ou non, ont assez d’argent pour payer leur libération sous caution dispendieuse et qui sont défendus par des avocats malins qui surmontent tous les obstacles. Dans Benched, on éprouve un certain malaise au départ, même s’il s’agit d’une comédie parce que les pauvres sont tournés en dérision, notamment l’un d’eux que Nina refuse de défendre en raison d’une apparence physique repoussante. Puis, au fil des épisodes, c’est justement par l’humour que l’on réussit à critiquer le système de justice. Une femme pourrait être condamnée à quelques jours de prison parce qu’elle a volé des couches dans un magasin. Dans sa plaidoirie, elle ne cesse de remettre en question le ridicule du système, ce qui vaut à sa cliente une libération sous caution à 1 $. Avec ses collègues aussi elle est au départ sarcastique. Lorsque son collègue Phil (Jay Harrington) lui dit qu’il ne peut se rendre à une soirée organisée par le barreau parce qu’il doit coacher une jeune équipe de basketball, elle le refuse de le croire et le taquine. Il lui rend bien la monnaie de sa pièce puisque dans l’épisode suivant, il parvient à lui faire gober que chacun de ses collègues a déjà passé une nuit en prison afin de mieux connaître le traitement réservé aux accusés. Et la voilà qui fait exprès pour se faire arrêter, ce qui nous donne une scène hilarante d’elle sympathisant avec d’autres détenues. C’est justement son ouverture d’esprit qui s’accentue d’épisode en épisode qui charme dans la série d’USA Network et ce, sans compter des répliques croustillantes et des acteurs originaux.
Sans grande surprise, Bad Judge a déjà été annulée pas NBC, quoique la comédie se rendra jusqu’au 13e épisode prévu initialement. Si le public a fait preuve d’une certaine curiosité au départ avec une audience de 5,8 millions, à l’épisode 7, il n’en restait plus que 3,2. Même le fait que la série soit diffusée en même temps que Scandal à ABC ne peut servir d’excuse tellement elle est médiocre. De son côté, Benched a attiré une moyenne de 870 000 téléspectateurs pour ses trois premiers épisodes, ce qui n’est pas si mal pour la chaîne. Afin de plaider sa cause, on ne peut que déplorer que cette comédie n’ait pas été commandée par l’un des grands réseaux, ce qui lui aurait donné plus de visibilité.