Lionel Steinmann / Journaliste | Le 21/11 à
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Un document présenté lors du comité stratégique de la filière alerte sur la faiblesse des plans de charge, qui menacent l’emploi chez Alstom, mais aussi chez Bombardier.
Les responsables de l’industrie ferroviaire française sonnent le tocsin. Lors d’une réunion mercredi dernier du Comité stratégique de la filière (qui réunit l’ensemble des acteurs), ses représentants ont averti l’Etat que les plans de charge actuels, faute de nouvelles commandes, pourraient aboutir à la suppression de 10.000 emplois d’ici à 2018, sur les 30.000 que compte le secteur.Les perspectives d’activité pour le matériel roulant, détaillées segment par segment, sont particulièrement alarmistes. La production de TGV va « fléchir à partir de 2017 pour devenir nulle en 2019 » ce qui signifie un arrêt de l’activité « pour l’ingénierie à partir de 2015 », indique la Fédération des industries ferroviaires (FIF) dans la présentation faite lors de la réunion.C’est encore pire pour les trains régionaux (TER), « une activité qui s’écroule dès 2016 pour devenir quasiment nulle en 2017 ». Seule la construction de rames de métro automatiques échappe au marasme.Au total, le chiffre d’affaires pour le matériel roulant (hors urbain ou péri-urbain) « passe de 1,4 milliard d’euros en 2014 à 300 millions en 2018... tandis que l’activité rénovation reste très limitée, et l’activité services reste nulle. »Alstom, mais aussi Bombardier
Les sites industriels du leader français, Alstom, encaisseraient l’essentiel de cette dégringolade, notamment à Belfort (« plus d’activité à la fin du programme TGV en cours – et activité locos à zéro »), à Aytré (agglomération de La Rochelle) et à Reischoffen, en Alsace. Mais le site de Bombardier de Crespin (Nord) ne serait pas non plus épargné, avec « une charge en chute libre dès fin 2015 ».Cette situation, estiment les industriels, devrait se traduire par « 10.000 emplois industriels en risque sur la filière, plus de 15.000 au total, sans compter la baisse d’activité induite dans les services de proximité ».Ce n’est pas la première fois que les industriels du ferroviaire alertent sur leurs perspectives d’activité, mais les précisions données mercredi sur les conséquences site par site sont sans précédent. Elles soulignent la dépendance de la filière par rapport au marché national. Et constituent une interpellation à peine voilée des pouvoirs publics pour la passation de nouvelles commandes.Les régions, tout d’abord, qui avaient signé avec Alstom et Bombardier en 2009 deux contrats-cadres portant au total sur 1.860 trains, mais qui n’en ont pour l’heure confirmé que 315, faute de pouvoir les financer.L’Etat, ensuite, appelé à remplacer les trains Corail à bout de souffle, ainsi qu’à donner de nouvelles perspectives pour le TGV (le TGV du futur étant évoqué comme « au point mort »).Le secteur noircit-il à dessein le tableau ? Patrick Kron, le PDG D’Alstom, a en tout cas reconnu il y a quinze jours des mesures de chômage partiel à Belfort. Et les syndicats, sur les sites concernés, se disent très inquiets.En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/industrie-services/tourisme-transport/0203957510527-lindustrie-ferroviaire-redoute-10000-suppressions-demplois-1066966.php?usTbZugV3lI4U5Vc.99