En France, 200.000 personnes sont touchées par le virus de l’hépatite C. De nouveaux médicaments ont fait récemment leur apparition sur le marché et ont révolutionné les traitements contre l’hépatite C. Mais, seul hic, si ces nouvelles molécules sont capables » d’éradiquer » le virus de l’hépatite C à des taux très supérieurs au traitement de référence, leur coût est très élevé et limite le nombre de patients éligibles au traitement. En renégociant un peu le coût d’un de ces traitements avec le laboratoire fabricant et en assurant une prise en charge à 100%, le Ministère de la Santé ouvre ainsi l’accès au traitement, mais charge aussi le système de santé d’une dépense élevée, au profit du laboratoire. Les Associations de patients protestent voyant là une occasion ratée d’enclencher une action pour mettre fin à l’épidémie de VHC et d’ouvrir le débat sur la mécanique de fixation des prix des médicaments.
Au-delà des 170 millions de personnes infectées dans le monde, si la première limitation évoquée pour traiter l’hépatite C reste le nombre de personnes non diagnostiquées (plus de 100.000 personnes en France), la seconde est l’insuffisance d’accès aux traitements existants et tout particulièrement aux dernières molécules apparues sur le marché, le sofosbuvir (Sovaldi®) de Gilead, et le siméprévir (Janssen). Ces 2 nouvelles molécules ont soulevé l’espoir, au vu des dernières données d’efficacité de pouvoir mener à des taux de guérison de l’ordre de 90%, alors que le traitement standard (interféron pégylé combiné à la ribavirine) ne permet de guérir globalement que 55% des patients. Cependant, ces molécules étant particulièrement coûteuses, tous les patients n’étaient pas éligibles aux nouveaux traitements. Cependant, en France…
· Première décision : au terme de négociations avec le Laboratoire Gilead, le comité économique des produits de santé (CEPS) a fixé le prix du médicament Sovaldi (sofosbuvir) à 13.667euroHT par boîte de 28 comprimés : Soit 41.000 Euros pour un traitement de 3 mois. Le Ministère de la Santé précise aujourd’hui, dans son communiqué qu’il s’agit du prix public le plus bas d’Europe. Compte tenu du nombre de patients pris en charge, des réductions supplémentaires liées aux volumes de ventes prévisionnels ont également été obtenues.
· Seconde décision, ce traitement étant particulièrement coûteux, la Ministre a décidé de supprimer la participation financière de l’assuré pour ce médicament qui sera donc pris en charge à 100% par l’assurance maladie.
Des prix qui restent exorbitants : Si ces décisions apportent un accès facilité aux traitements pour les patients, les associations et collectifs sont en colère! Car, finalement, le prix de ces médicaments vadangereusement impacter les dépenses de santé, au détriment des contribuables et au profit des laboratoires. « Lescontribuables n’ont d’autre choix que d’accepter un prix aussi exorbitant qu’injustifié, destiné à rentabiliser une opération financière privée alors que l’ensemble des conditions pour autoriser la productionimmédiate d’un génériquepar l’émission d’une licence d’office sont aujourd’hui réunies », précise le communiqué du Collectif.
Accepter de tels tarifs, injustifiés au regard du coût de production et de développement, contribue à mettre profondément en danger la subsistance de notre système de santé solidaire et le principe de l’accès aux soins pour tous jusqu’à aujourd’hui revendiqué.
Un regret donc, ces nouveaux traitements étaient l’occasion d’un débat sur la mécanique de fixation des prix des médicaments, un enjeu essentiel pour l’avenir de notre système de santé comme de la recherche médicale.
Sources : Ministère de la Santé Mettre l’innovation au service des malades rapidement et au prix juste (fixation du prix de la spécialité Sovaldi),SOS Hépatites Fédération et Collectif Associations (Communiqué)
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