A mains nues

Publié le 21 novembre 2014 par Stéphanie @Sariahlit
" C'est un talent inné. On naît assassin. Comme toi. "
Barbato Paolo
Traduit par Anaïs Bokobza
496 pages
Éditions Denoël (2014)
Collection Sueurs froides
Il a seize ans, une gueule d’ange, un avenir tout tracé. Un jour, il se rend compte qu’il peut tuer sans le moindre scrupule. Un monde nouveau s’offre à lui…
Davide a eu une enfance choyée et sans histoires. Un soir, lors d’une fête, il est kidnappé et enfermé à l’arrière d’un camion. Tapi dans le noir, un inconnu lui saute dessus et tente de le massacrer. Terrorisé, Davide agit par réflexe et tue son adversaire. Il est alors conduit dans une cave, où il rejoint d’autres prisonniers. Comme lui, ils sont là pour s’entraîner à combattre et intégrer un jour l’élite des tueurs. Abasourdi, Davide comprend que son seul moyen de survie est de tuer. Il remporte chacun de ses combats. Un jour il décide de s’enfuir, mais l’organisation ne l’entend pas de cette oreille…
Naît-on assassin? C'est la question que se pose Davide tout au long du roman lorsqu’il découvre qu’il peut tuer avec ses poings sans le moindre scrupule. Analyse psychologique très fine sur les rapports entre kidnappeur et otage, À mains nues raconte l’éducation par la violence d’un gladiateur des temps modernes.
Extrait :
« Il respirait par la bouche, doucement, doucement, doucement. Quelque chose lui obturait complètement le nez, il le sentait pulser comme un cœur de bois. Il se sentait gonflé, inerte. Du peu qu'il se rappelait, il restait une unique certitude : cette fois il avait voulu le faire. L'Autre Homme était costaud, pas autant que celui du premier camion mais costaud et rapide. Un homme qui avait parlé tout le temps, qui avait posé des questions, qui avait pleuré. Et qui s'était défendu. Davide avait combattu avec la force du désespoir, en se servant de tout son corps. Dans sa tête, une illusion stupide, enfantine, s'était affaiblie, puis éteinte. »
Mon avis :
Davide n'a que seize ans et vient d'un milieu plutôt aisé. C'est son anniversaire et ses amis décident de l'emmener s'amuser dans une rave. Tout bascule rapidement lorsqu'il va attirer l'attention d'un homme. Kidnappé et enfermé dans un camion, il se retrouve dans le noir. Il se rend compte assez vite qu'il n'est pas seul, qu'un autre homme est là. Quand ce dernier commence à le frapper, Davide se défend et le tue. Mais, le scénario recommence alors qu'on l'isole cette fois-ci avec un adolescent apeuré. Il prend vite conscience qu'un seul d'entre eux va sortir de ce camion. Il n'a plus de choix : tuer ou mourir. Et Davide tient à la vie. C'est ainsi que commence l'initiation de Davide, renommé Batiza. Le jeune homme est désormais un « chien », un combattant sur lequel de riches personnes parient. Sa beauté et son innocence lui attirent les faveurs de Minuto, celui qui semble être le chef de l'endroit où il est séquestré. Il va vite devenir le petit favori, un combattant adulé par son maître. Cette affection va se développer dans les deux sens : Davide va s'attacher à son bourreau, lui faisant totalement confiance. On suit sa progression, son apprentissage au sein de cette organisation et la vie qu'il mène durant des mois dans cette cave où il est retenu. Les morts se succèdent dans l'histoire. Davide perd peu à peu de son humanité, passant de l'adolescent innocent à un assassin sans remords. C'est un livre extrêmement sombre, où la violence prédomine dans chacune des pages. C'est une lecture qui peut être dérangeante tant l'homme y est considéré comme un animal, un objet qu'on utilise pour les sales besognes, un être qui ne mérite aucune sorte de respect. Tout au long du récit, je me suis sentie oppressée par l'ambiance. Mais je ne parvenais pourtant pas à me décrocher du récit, désireuse de connaître le sort final de Batiza. Et, au bout du compte, le choc de la fin m'a soufflé. Je ne l'ai pas vu venir. Et ce doit bien être la première fois qu'un récit me laisse si désemparée, si oppressée. Ce n'est pas un livre que tout le monde pourra lire. Mais assurément, il convient parfaitement à ceux recherchant quelques sueurs froides.
★★★★☆