On se souvient du discours de Pepe Mujica à Rio+20.
« Nous ne pouvons pas continuer, indéfiniment, à être gouverné par les marchés; nous devons gouverner les marchés. [...] Les anciens penseurs Epicure, Sénèque ou même les Aymaras disaient: Celui qui est pauvre n'est pas celui qui possède peu, mais celui qui a besoin de beaucoup et qui désire toujours en avoir plus. »
Il y a des jours où j’enrage de ne pas parler espagnol. Je lis sur Courrier International un article, avec un peu de retard, sur le discours "poétique" de José à la tribune de l’ONU en 2013, le discours, pour ceux qui le connaissent déjà qui commence par « Soy del SUR, vengo del SUR… » Pas moyen de trouver une traduction.
Heureusement le site Jet d’encre, tribune indépendante pour une pensée plurielle, en parle et je vous livre donc un morceau traduit par les soins de Lisandro Nanzer. Rien de nouveau, me direz-vous. Oui, peut-être mais il faut le dire et le redire encore.
Nous avons sacrifié les anciens dieux immatériels pour chanter les louanges du Dieu Marché. Il se charge d’organiser l’économie, la politique, les habitudes et la vie, et va jusqu’à nous financer, par carte bancaire et à crédit, l’apparence du bonheur. Il semblerait que nous soyons nés dans le seul but de consommer et consommer, et lorsque ce n’est plus possible, la frustration, la pauvreté et l’auto-exclusion nous gagnent. Une chose est vraie aujourd’hui. Avec tant de gaspillage et une telle accumulation de déchets, la mesure de l’empreinte carbone, ainsi nommée par la science, révèle que si l’humanité entière aspirait à vivre comme un Nord-américain moyen, nous aurions besoin de trois planètes. (…)
Une civilisation contre la simplicité, contre la sobriété, contre tous les cycles naturels, et, pire encore, une civilisation contre la liberté de disposer du temps de vivre les relations humaines, l’amour, l’amitié, l’aventure, la solidarité, la famille. Une civilisation contre le temps libre non rémunérateur dont elle pourrait profiter pour contempler la nature. Nous balayons des jungles authentiques et replantons des jungles anonymes en béton. Nous remédions à la sédentarité avec des tapis de course, à l’insomnie avec des pilules et à la solitude avec de l’électronique. (…)
La marche impétueuse de l’homme se poursuit pour acheter et vendre tout ce qui existe. Pour innover et négocier ce qui n’est pas négociable. Des campagnes marketing font la promotion des cimetières et des pompes funèbres, des maternités, des parents, grands-parents, oncles et tantes, en passant par les secrétaires, les voitures et les vacances. Tout, absolument tout est un marché.