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Atelier d’écriture chez Asphodèle : la faim du vampire

Publié le 20 novembre 2014 par Biancat @biancatsroom

plumes asphodeleYouhou ! Cette semaine, j’ai réussi à attraper au vol l’atelier d’écriture d’Asphodèle, dont voici les mots collectés : transfigurer, chauve, blanc, solitude, silence, matin, se ressourcer, ivresse, ténébreux, épuisant, insomnie, étoilé, fête, rêver, sommeil, voyage, chanson, fesse, recommencement, voluptueux, sarabande, passeur, prologue, pavillon.

Et voici ma proposition avec Véra le vampire, suite de mon texte précédent :

« Pour rester à ses côtés, je ne me suis pas nourrie cette nuit. Pour une fois, le ciel étoilé n’a pas été le témoin de ma cruauté, ni de mon immense solitude. Après ce jour de jeûne, l’ivresse devient insupportable. Mes crocs appellent sa chair blanche et mon corps est pris de vagues voluptueuses à la pensée du festin qu’il va m’offrir. Je jouis des humains depuis des siècles et pourtant, la fièvre de l’attente est restée intacte. Un recommencement sans fin. Dans ces moments, je me rappelle le désir charnel que j’éprouvais quand j’étais humaine. Le frisson de l’espoir, les prologues délicieusement longs et tendres ou violents et sauvages, la sarabande des corps et des sens, les insomnies torrides, épuisantes, et les silences apaisés du petit matin. Bien sûr, mon corps froid ne ressent plus tout cela. Mon plaisir s’est mué en un ténébreux désir, tout aussi brûlant mais désormais fatal.

Il soupire d’aise dans son sommeil, je veux croire que c’est de moi qu’il rêve. Les contours pulpeux de son beau visage, de ses épaules, de ses fesses et surtout cette veine qui bat dans son cou, vont bientôt avoir raison de la frêle émotion qu’il a éveillée en moi.

vera-vampire
La faim me tenaille tellement à cet instant que je sens le masque prêt à tomber. Je vais me transfigurer et laisser émerger le monstre. Quand je suis sur le point de porter l’estocade, la même pensée me vient toujours : et si le voyage était doux ? Et si les anges préparaient une fête en l’honneur de l’âme qu’ils s’apprêtent à accueillir dans leur pavillon céleste ? Jusque là, j’ai repoussé la mort en la donnant, mais un jour elle me prendra aussi, en plein vol, quand je l’aurai décidé. Moi, aucun ange ne m’attendra, juste le crâne chauve et les yeux de chat fluorescents d’un effrayant passeur. Même après tout ce temps, je ne suis pas encore prête à entendre sa sinistre chanson. Alors je poursuis indéfiniment mon œuvre et je me ressource à l’idée de ma toute-puissance. »


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