Je ne vais pas vous parler de Jane Austen (je frémis d’horreur à chaque fois qu’un producteur hollywoodien en mal d’idée massacre un de ses chefs d’œuvre. Pourquoi le cinéma tient-il absolument à transformer un livre fin, intelligent, remarquablement écrit en bluette indigeste?). Non, je vais vous parler d’un message tombé il y a peu dans ma boîte mail.
Quand je vous raconte mes petites histoires, j’essaie toujours de vous faire sourire (sauf une fois, certes), même en piquant une colère. J’ai prevenu dès le premier billet, et dans mon « à propos », je suis joyeusement de mauvaise foi. J’ai aussi un léger sens de l’exagération: Maricheri ne fait pas vraiment 6m08, mais il est beaucoup plus grand que moi (de 31 cm et demi. Je tiens au demi). Je ne suis pas exactement coiffée comme Chewbacca non plus (mais il y a de ça…). Je me moque gentiment de tout, et surtout de moi. Mais ça ne plait pas à tout le monde. Ce que je conçois parfaitement, par contre pourquoi perdre du temps à m’envoyer un email pour me dire à quel point mon blog est nul et mon sens de l’humour affligeant?
Comme je suis d’un naturel calme et serein, ça ne m’a pas du tout perturbé.
-aaaaargh, Maricheri, je fais quoi? J’arrête le blog, je me flagelle, je vais me cacher au fond d’une grotte? C’est terrible, il y a quelqu’un qui m’écrit pour me dire qu’il n’aime pas ce que je fais. Raaaaah, j’étouffe!
-c’est qui?
-je sais pas, mais c’est très grave! C’est une catastrophe, cette personne me hait!
-et alors?
Évidement vu comme ça…mais ça me travaille quand même. Pourquoi quelqu’un vient me lire si il (ou elle, ahaha, entretenons le mystère) trouve ça aussi pénible? Et pourquoi tenir absolument à m’en informer? Il y a suffisamment de choix sur la blogosphère quand même! Je lis plein de blogs mais parce qu’ils m’intéressent, m’amusent, me font découvrir des choses et des gens sympas. Pas parce que je les trouve insupportables. Et quand je tombe sur un truc que je n’apprécie pas, je clique ailleurs. Il ne me vient pas à l’idée d’envoyer un email incendiaire à l’auteur du blog. C’est de très mauvais goût, et franchement, qui a le temps de faire ça? Quel plaisir peut-on y trouver? Il faut vraiment s’ennuyer et avoir une vie toute triste pour prendre plaisir à critiquer gratuitement des personnes qu’on ne connait même pas. Quand, en pleine crise de nerfs, j’ai demandé à Maricheri ce qu’il me conseillait de répondre:
-ben, rien.
-Rien? Comme ça? C’est pas poli, si? Il faut bien que je réponde, je ne peux pas laisser cette personne aigrie, toute seule…
-tu t’en fiches!
Maricheri est un grand philosophe. Il fait preuve d’un calme olympien quand je m’affole. D’ailleurs c’est bien simple, ça fait plus de 18 ans qu’il vit avec une hystérique, et il s’en porte très bien. C’est fou (faut pas pousser, il a aussi un caractère de cochon parfois, mais c’est parce qu’il aime la charcuterie apparement). Il ne se prend pas la tête au moindre petit incident alors que je peux angoisser pendant des nuits entières sur rien. Par exemple, 17 ans après, je me souviens parfaitement de la fois où je suis allée travailler avec de nouvelles chaussures. J’avais oublié d’enlever l’étiquette du prix sur la chaussure droite. Non seulement je suis persuadée que tout le monde s’est fichu de moi, mais que même maintenant, ils continuent à en rire. Attention, je suis parano, pas mégalo: je ne pense pas que mes collègues de l’époque se souviennent de moi, juste de ma chaussure droite et de son étiquette. J’ai encore honte au point de songer parfois, en pleine insomnie à me couper le pied droit, pour être sûre de ne plus avoir à revivre un truc pareil, c’est dire à quel point je ne dramatise jamais (et c’est juste un exemple, évidement que je m’inquiète de choses beaucoup plus graves!). Alors que si cela arrivait à Maricheri, il enlèverait calmement l’étiquette, et n’y penserait plus…comment fait-il? C’est rageant, tiens.
J’ai suivi son conseil, je n’ai pas répondu. J’ai même effacé l’email. Puis j’ai essayé de le récupérer, mais c’était trop tard. Il y a là derrière son écran quelqu’un que j’ai involontairement contrarié et qui a probablement déjà oublié Pomdepin pour s’attaquer à un autre blog. Mais au cas où cette personne serait encore là j’aimerais lui dire: arrêtez de lire quelque chose qui vous horripile à ce point, respirez un grand coup. Allez prendre un café, un thé, un verre de champagne, peu importe, juste quelque chose que vous aimez. Regardez autour de vous, vous êtes peut-être au milieu de vos proches, de vos amis, il y a peut être des objets qui vous sont chers, ou juste un rayon de soleil. Détendez-vous, et souriez, vous verrez, c’est agréable.
(Keepcalm-o-matic.co.uk)