ANGLETERRE
Editions Phébus, 2014
Voici un petit roman de 160 pages, un bijou d'originalité, première traduction française d'une auteure anglaise.
Avant d'en parler, je vous laisse déguster la première page :
" ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main
nous sommes en l'an de grâce mille huit cent trente et un, j'ai quinze ans et je suis assise à ma fenêtre. Je vois beaucoup de choses. je vois les oiseaux qui piaillent dans le ciel. je vois les arbres je vois les feuilles
et chaque feuille a ses veines
chaque tronc a ses fissures
je suis pas très grande et mes cheveux ont la couleur du lait
je m'appelle mary et j'ai appris à écrire mon nom m.a.r.y ce sont les lettres de mon nom
je vais vous raconter les choses telles qu'elles sont arrivées.....
Voici donc Mary, jeune fermière, cadette d'une famille de 4 filles. Elle n'a jamais quitté la ferme ce qui ne l'empèche pas d'avoir une langue bien pendue et une belle acuité du regard....même avec sa jambe boiteuse. Son père, paysan violent, la place chez le pasteur du village, trouvant ainsi une nouvelle source de revenus....
Dans la maison du pasteur, elle va alors découvrir un monde inconnu ; alors que la maîtresse de maison ne tarde pas à mourir, le pasteur Graham, suspectant une curiosité énorme chez la petite, va lui apprendre à lire. Tous les soirs, il lui donne rendez-vous....
Mary raconte un an de sa vie, un an de son apprentissage. Avec son langage bien à elle, tout en spontanéité, sans majuscules, sans fioritures.
L'analyse fine des choses et des êtres pourrait finalement lui porter préjudice...
Le roman prend alors un tournant inattendu auquel le lecteur ne s'attend pas...
Saluons la prouesse de l'écriture de ce court récit qui va à l'essentiel. Le lecteur mesure aussi bien la lucidité de la narratrice que sa sincérité.
Le découpage des chapitres en saison donne un caractère poétique au récit, passant de l'espoir au tragique.
Une belle histoire d'un "coeur simple".