Si l'on fait exception des natsume, boites à usucha utilisées durant la cérémonie du thé (ne sert pas à conserver), et peut-être éventuellement des soucoupes, les laques sont un artisanat japonais que l'on n'associe pas au thé. Pourtant, les tasses en laque sont des objets splendides, chaleureux, dont l'association avec une théière en terre peu donner un effet esthétique saisissant. Bien sûr, pour le thé, la laque possède un très embarrassant défaut : l'odeur. Si à froid l'odeur de laque disparaît en 24 heures, remplie avec un liquide très chaude, une tasse en laque continuera à sentir pendant longtemps. Il faut donc attendre plusieurs mois, voire années, à utiliser son laque avec un thé glacé, des alcools avant de pouvoir en profiter avec un thé chaud.
Par ailleurs l'artisan forge lui-même ses outils, de manière à qu'ils soient parfaitement adaptés à leur manière de travailler. S'il n'y a pas de décor peint maki-e à faire le travail est alors fini, sinon, une fois complètement secs, ces laques sont confiés à l'artisan maki-e. Il ne s'agit pas à proprement parler de peinture, on trace la forme à la laque transparente, puis on saupoudre en quelque sorte d'une poudre d'or, d'argent, ou autre selon la couleur (ici la timing est très important, la poudre doit être déposée juste avant que la laque ne sèche). Il est possible d'y ''peindre'' à peu près tout ce que l'on veut, seulement, chaque couleur, chaque texture, chaque épaisseur fera l'objet d'un travail différent, chacun demandant que le précédant ait parfaitement séché, en sommes, 24 heures. Ainsi, plus le dessin est complexe, plus il demandera de phases, donc de temps. L'artisan maki-e ne passe pas de longues heures sur une œuvres, mais quelques dizaines de minutes chaque jour, pendant une semaine, un mois, etc. Il travaille donc à la fois sur un nombre très important d’œuvres. Pour fabriquer un nombre important de maki-e identique, on peut utiliser des pochoirs pour tracer les formes à la laque, ensuite, le reste du travail est identique (c'est comme le moule en céramique, il n'a d'intérêt que pour fabriquer un nombre important d'objets, et le travail reste de toute façon manuel et délicat). On pourrait rajouter à ces taches celui du designer qui conçoit la forme des œuvres.Au 19ème siècle, alors que la Chine renvoyait l'image de la porcelaine, le Japon renvoyait celui des laques. C'est un artisanat très ancien, plus de 1500 ans dit-on, qui m'a d'abord intrigué, puis touché, et qui mérité d'être sorti de l'unique cadre des tables des auberges ryokan de luxe. Les petites tasses ci-dessous sont des issus de techniques modernes, sur un coeur de bois et de résine sont appliquées des couches d'uréthane, qui à l'avantage de ne pas avoir d'odeur. L'effet de balayge doré serait impossible à obtenir avec de la laque. En revanche les motifs de fleurs sont eux de vrai maki-e à la laque, 'peints' à la main.