La beauté gratuite sauvée de l'eau. Il y aurait sans elle quelque chose d'absurde dans la collectionnite de Jean Prod'hom.
Mais quand on voit les photos de l'ouvrage qu'il consacre à ses trouvailles (Tessons, éditions d'autre part), on comprend, on approuve, on
adhère. On se prend à rêver d'imiter ses gestes d'arpenteur des grèves et des rivages qui recueille des fragments si divers et parfois si beaux.Ce que Jean Prod'hom appelle tessons, faute de mieux, ce sont des morceaux de vaisselle cassée, que la mer, le sable, le fleuve ont érodés. Le travail des artisans humains qui les ont élaborés et celui des éléments qui les ont brisés et polis crée parfois de pures merveilles. Il faut, pour qu'ils plaisent à Prod'hom, des couleurs, un reste d'image épurée, et des bords sculptés.
Le collectionneur, qui préfère sa quête aux monuments les plus fréquentés, se promène, baisse les yeux, admire et sélectionne. Puis, chez lui, il classe. Ça ne sert à rien, ça ne vaut rien, ça ne rapporte rien. C'est magnifique, parfois sublime.
Aux photos publiées de certains de ces objets, Prod'hom joint de très beaux textes. Ils expliquent la naissance et le développement de sa collection, réfléchissent sur le sens de ces objets et sur leur valeur, commentent certains lieux de cueillette.Ces textes très écrits ne sont pas le plus petit charme du livre, qui se révèle un recueil étonnant, poétique et beau – comme les tessons choisis par Jean Prod'hom.
Jean Prod'hom, Tessons, éditions d'autre part