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Interview de Jenny Lysander, nouveau petit génie d’un folk enivrant

Publié le 20 novembre 2014 par Generationnelles @generationnelle

Il y a des chansons qui donnent des envies de 100 mètres et des airs qui font voyager dans les fjords, les cheveux au vent. C’est le cas de Jenny Lysander, musicienne suédoise qui transforme ses mélodies du nord en méditations suaves dans son EP Lighthouse. Une réalisation où le magicien Piers Faccini a fait des tours de passe passe pour un LP à venir, poétique et entêtant. 

Comment ça se passe la collaboration avec Piers Faccini en France?
La vie m’a bien souri ces derniers temps. Je travaille effectivement toujours avec Piers Faccini. Nous avons tout juste fini les derniers morceaux pour le premier album actuellement en mixage. Il sortira normalement l’année prochaine.

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Vous avez enregistré cela dans le studio cévenol du musicien, pourquoi ce lieu spécial est- il si propice à la création?
Piers doit savoir ça mieux que moi, je n’ai choisi que l’artiste qui à son tour a sélectionné le lieu. Mais c’est vrai que c’est un endroit merveilleux pour enregistrer et créer. Il y a quelque chose de très poétique dans ces montagnes. Quand je les fixais, elles avaient l’air isolées et inhabitées, et dégageaient une impression dramatique. Je suis sûre que cet environnement est bénéfique à l’esprit d’un artiste, offrant un contraste saisissant avec l’agitation des grandes villes. C’est également un lieu assez stimulant esthétiquement par sa beauté complexe, profonde et diverse.

Vous avez rencontré Piers Faccini il y a des années par mail, scellant ainsi le début d’une collaboration forte. Pouvez-vous nous raconter cette rencontre surprenante où vous avez repris « Time of Nought »?
Pers était un des premiers artistes que j’ai découvert en m’intéressant au style musical que j’aimais. Avant cela, j’écoutais essentiellement la même discographie que ma mère et ma soeur. Mais un jour j’ai réalisé que je n’étais pas trop touchée par ces chansons ou plutôt qu’il y avait un autre genre qui me parlait bien plus. Ma mère écoute de la musique classique, c’est très raffiné et sophistiqué. Ma soeur écoutait, elle a bien changé depuis, du rock, du punk et du métal. Je me suis rendu compte que j’aimais les choses simples et intimistes avec un seul instrument, une voix susurrant des paroles qui ne s’adressent pas forcément à une personne mais au sens profond dégageant une émotion palpable.  » Time of Nought  »  en est l’illustration par son calme et sa grâce.

Comment avez-vous travaillé avec lui?
Je suis allée dans ce studio des Cévennes, je me suis d’abord donné du temps pour m’enraciner, me reposer, absorber l’atmosphère du lieu, et me sentir vibrer. Après nous avons commencé à enregistrer, ma voix et guitare d’abord. Puis, j’ai regardé et écouté Piers créer sa magie, j’ai appris autant que j’ai pu. Je sais que lui et son label Beating Drum sont très soucieux que j’intervienne sur tout pendant tout le processus de création. C’est plus ou moins un rêve pour un artiste !

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Et comment avez-vous créé avec lui? C’était plus un travail à 4 mains? Votre album va-t-il sonner comme votre EP?
J’aime voir cela comme une relation de maître à apprentie avec un amour démesuré de la musique et un respect mutuel. Quand j’ai découvert la musique de Piers, je ne savais pas ce que « folk » voulait dire, j’ai juste compris que j’aimais ce que j’entendais et je sentais une sorte de sagesse et d’autorité dans ses paroles. Sa façon d’écrire totalement respectable m’a poussée à explorer sa façon d’être un artiste. Il se trouve qu’il est devenu mon producteur mais c’est juste une heureuse coïncidence. L’album sera donc dans la même mouvance que l’EP avec plus de chaleur et de rythmique.

Ensemble, vous avez donné naissance à l’EP « Lighthouse », 4 chansons poétiques avec un titre sous-entendant la fin d’un voyage illuminé. Avez-vous trouvé votre inspiration en voyage? 
C’est intéressant que vous ayez vu ça comme la bande-originale d’un voyage maritime. La plupart du temps, je m’assieds et j’écris une chanson. L’image en tête est une mer verte/bleue avec des créatures semblables à des baleines nageant en émettant des sons étranges mais harmonieux. Je m’inspire de mes voyages car il donne le sentiment de s’éloigner ou de se cacher du quotidien ressassé et « esquinté ». Les endroits qui m’ont donné le plus cette impression ont été la Norvège et l’archipel suédois. Evidemment, il n’est vraiment bien que son chez soi, un lieu calme et équilibré que vous pouvez quitter en toute tranquillité car vous pouvez y revenir à loisir.

Votre façon de chanter est proche de celle d’un elfe nordique médiéval. Vous avez déjà une longue carrière mais vous êtes très jeune. Est-ce que c’était un rêve d’enfant?
La musique est innée en moi. Enfant, j’étais obsédée par l’opéra, La flûte enchantée et La neige de la nuit que je chantais tout le temps, tellement que j’ai dû consulter un médecin phoniatre qui m’a clairement demandé d’arrêter de chanter. Mais à l’époque j’avais bien d’autres rêves, bien différents de ce que ce que je fais maintenant. Certaines rencontres aussi ont été déterminantes.

Vous avez une image bien mystérieuse et vous vous cachez souvent sur vos photos. Quelle est votre rapport à l’image? 
Mes amies me décriraient comme très timide, discrète et solidaire. Je pense que ce n’est pas faux. « Etre timide » c’est à dire rester dans l’ombre, littéralement et métaphoriquement parlant me sied parfaitement. Mettre mon visage sur la pochette ne m’a jamais effleurée ..

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Votre univers esthétique est fascinant mais assez morose. Pourquoi avez-vous choisi ce côté mélancolique? A cause des réalisateurs que vous aimez? 
J’ai toujours eu le goût des choses noires, mystérieuses et mélancoliques.Les rencontres d’ artistes comme Piers m’ont libérée de ce sentiment de culpabilité . Quand j’étais adolescente, j’aimais énormément Tom Tykwer et ses films La Princesse et le Guerrier et Cours, Lola, Cours. Ils ont fait un effet boeuf sur moi. D’autres réalisations ont eu aussi beaucoup d’importance comme Hut in the woods par Hans Weingartner, ou celles d’Hayao Miyazaki et L’Odyssée de Pi … je pense l’avoir vu 5 ou 6 fois pour ses scènes à couper le souffle et son ambiance si particulière!

Vous vivez à Stockholm. Le sentiment scandinave est-il fort là bas?
Pour moi, les scandinaves ne portent pas beaucoup d’intérêt à la vie urbaine, ils sont plutôt distants. Stockholm est bâtie sur un archipel du coup c’est assez aisé de se sentir à la campagne. A « Oak Island » où je réside je n’ai pas l’impression de vivre dans une capitale. Le matin, je fais une marche de deux minutes pour effectuer un petit plongeon dans le lac, je suis à 10 minutes de la ferme la plus proche et à une heure de bus du cinéma et du centre ville.

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Vous aimez beaucoup la philosophie chinoise. Qu’est ce que cela vous apporte?
Cela amène au Qi-Gong, en passant par  la cuisine, le respect des valeurs et le courage dans le travail artistique. Mais je suis encore bien jeune pour avoir une philosophie de vie. Je veux une vie tranquille, pendre mon temps pour apprécier les choses et les mériter.


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