"Sa gentillesse était aussi incandescente que sa colère était sombre."
Dans Fun Home, nom du salon funéraire où officiait sa famille, Alison Bechdel explore son enfance particulière, et surtout ses relations avec un père à la fois aimé et détesté, finalement prisonnier de ses propres désirs, obsessions et tyrannies. Avec une minutie et un soucis troublant du détail, l'auteure raconte comment alors que jeune-fille elle informe sa mère de son homosexualité elle apprend celle de son père en retour. Quelques jours plus tard, un camion percute cet homme mystérieux qui a caché pendant vingt ans derrière le masque de l'époux parfait une autre vie. Suicide ? Accident ? Alison ne cesse d'échaffauder des hypothèses et de chercher à trouver un sens aux scènes du passé, un sens à leur parcours inversé.
Il a fallu sept ans à Alison Bechdel pour élaborer ce magistral roman graphique autobiographique que Points publie en poche. Le petit format ne gêne d'ailleurs pas la lecture, qu'on se le dise. Et oh combien il est intéressant de suivre ainsi cette jeune femme qui se questionne, ne jette pas la pierre, mais sait dire ce qui a été bien, ou beaucoup moins, ce qu'elle a retenu des liens qui l'unissaient à sa famille, met en perspective son cheminement en regard de celui de son père, leurs choix différents. Un coup de coeur complet pour cette BD de grande qualité, dans la droite ligne de Blankets de Craig Thompson [clic], et que je rapprocherais également de ma lecture de Cet été-là des Tamaki [clic].
Editions Points - 9.90 € - 20 novembre 2014
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