« C’est la plus belle journée de ma vie ! », confie, ce mercredi 21 mai, plein d’émotion, le propriétaire du « Café suprême », en plein cœur de Beyrouth, après dix huit mois de fermeture.
A quelques mètres de là, la plupart des tentes du Hezbollah, dressées en guise de protestation contre le gouvernement, se sont volatilisées en l’espace d’une matinée. Transformé en ville fantôme, le centre ville respire à nouveau au rythme des fous rires, des accolades et des coups de klaxons qui viennent du pont d’à côté.
« Aujourd’hui, je me sens heureuse, tout simplement », souffle Nazira Khalaf, une passante de 48 ans, en se réjouissant d’assister à la réouverture des quelque 200 commerces qui avaient du mettre la clef sous la porte. La sortie de crise, annoncée à l’issue de la conférence de Doha, dans la nuit de lundi à mardi, a pris la population libanaise de cours, hier matin. « On n’y croyait plus… », reconnaît-elle.
Il y a encore une semaine, les combats entre factions rivales qui causèrent la mort de plus de 60 personnes avaient même poussé de nombreux Libanais à se résigner à la triste perspective d’une répétition du scénario de la guerre civile, qui ravagea le pays de 1975 à 1990.
Et puis, finalement, ce miracle qu’on n’attendait plus : la signature, au Qatar, d’un accord entre l’opposition et la majorité. Avec, à l’appui, une feuille de route en trois points : l’élection dans les plus brefs délais d’un président de la République en la personne de Michel Sleiman – prévue pour ce dimanche, après 19 reports - , la formation d’un gouvernement d’union nationale et l’adoption de la loi électorale de 1960, légèrement modifiée, pour les législatives de 2009. A ces décisions s’ajoute l’engagement à un non recours aux armes à des fins politiques.
Et, symbole fort pour les jeunes Beyrouthins : la levée des campements du Hezbollah, qui paralysaient l’activité économique du centre-ville. « Je ne fais confiance à aucun de nos politiciens. J’espère qu’ils seront, cette fois-ci, à la hauteur », murmure, avec un brin d’inquiétude, Nazira Khalaf.
Profitant de cette éclaircie politique, qui tombe à point nommé pour la mode d’été, Vera Chalhoub, une jeune Libanaise branchée de 28 ans, qui travaille dans une entreprise du centre-ville, se réjouit, elle, de pouvoir à nouveau ressortir ses talons aiguilles.
« A cause des tentes, je devais garer ma voiture à quinze minutes d’ici, et sortir mes espadrilles pour marcher jusqu’au travail. Je vais enfin pouvoir me garer à nouveau au parking et ressortir mes hauts talons ! », se réjouit-elle, en explosant de rire.