« Il incarne l’espoir d’un nouveau Liban, celui de la paix, de l’indépendance du pays, et de l’unité nationale », s’enthousiasme Antoine Lahoud, le maire adjoint d’Amchit, en distribuant des poignées de mains. Un peu plus loin, la route qui passe devant la maison en pierre de Michel Sleimane a été ré asphalté pour l’occasion. « C’est un grand jour pour Amchit et pour le Liban», confie Wahid Saadi, 88 ans, un instituteur à la retraite et ancien voisin de la famille Sleimane, qui se souvient de « l’enfant calme, discipliné et studieux » à qui il donnait des cours particuliers.
L’élection du successeur d’Emile Lahoud s’est déroulée à Beyrouth sous haute protection en présence de l’émir du Qatar, ainsi que des ministres des Affaires étrangères de la Syrie, de l’Iran, de l’Arabie saoudite. Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères et Javier Solana, le diplomate en chef de l’Union européenne, avaient également fait le déplacement à Beyrouth pour l’occasion.
Le scrutin, reporté à 19 reports, a finalement a été rendue possible grâce à un accord signé in extremis à Doha, la semaine passée, entre les différentes factions politiques au terme d’affrontements sanglants qui ont meurtri le pays. Cet accord symbolise également un espoir de sortie de crise, qui s’était envenimée depuis la démission en novembre 2006 de six ministres de l’opposition face au refus de la coalition soutenue par l’Occident de leur accorder un droit de veto sur les décisions du gouvernement Siniora.
« Michel Sleimane représente aujourd’hui le dernier rempart de la Nation face à la guerre civile », remarque Sami Nader, professeur de sciences politiques à l’université Saint-Joseph, en soulignant son « souci de privilégier le dialogue à la force ».
C’est en février 2005 que l’ex-commandant en chef de l’armée commença à gagner le respect de la population libanaise lorsque ses troupes restèrent en dehors des grandes manifestations qui suivirent l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, imputé à Damas par la majorité antisyrienne. A la fin de l’été 2006, il prit l’initiative, après l’offensive israélienne contre le Hezbollah chiite, de déployer l’armée dans le Sud Liban. En janvier 2007, il imposa aussi, pour la première fois en 10 ans, un bref couvre-feu pour mettre fin à des heurts entre sunnites et chiites.
« C’est grâce à lui, également qu’on a pu en découdre avec les islamistes du camps palestinien de Nahr el-Bared, en septembre 2007 », rappelle Sami Nader, tout en émettant néanmoins certaines réserves par rapport à la gestion récente, par l’armée, du récent coup de force du Hezbollah, seule faction autorisée à être armée. « Il a fait preuve d’indécision quand, selon moi, il fallait que l’armée tranche dans le vif pour empêcher la fermeture, par un seul groupe politique, de l’aéroport, du port et de certains médias », dit-il.
C’est justement là que se trouve l’un des principaux défis du futur Président, qui devra s’attaquer à la question sensible du désarmement du Hezbollah. Selon l’accord de Doha, les différents partis s’engagent à ne pas recourir aux armes à des fins politiques. « C’est une question ardue », relève Bahjat Lahoud, tout en contemplant la place principale de Amchit tapissée de photos du nouveau Président. « Aujourd’hui, je suis heureux mais inquiet en même temps », dit-il.
(Photos : A Amchit, dans la ville natale du général Sleimane, l'ambiance était à la fête pendant tout le week-end)
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