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Le jour où Sarkozy a eu la trouille

Publié le 20 novembre 2014 par Juan

Le jour où Sarkozy a eu la trouille

Il a dû lâcher. Il a cédé. Cela faisait des semaines qu'il n'osait pas affronter l'une des réformes les plus marquantes du mandat Hollande, la légalisation du mariage homosexuel. Quatre jours après cette lâcheté imcroyable, et de retour après une énième conférence rémunérée Outre-Atlantique, Sarkozy revient sans comprendre.


Stupéfiant.


Nicolas Sarkozy louvoyait. Le sujet l'embête. A titre personnel, on peut deviner qu'il y est favorable. Politiquement, il aurait aussi pu se servir de cette affaire pour montrer combien il n'était pas la caricature "buissonnienne" de la campagne présidentielle de 2012.
Patatras...
Se déclarer favorable, ou même neutre, devenait impossible. Samedi, donc, Nicolas Sarkozy a cédé. devant une assistance rassemblée par un groupuscule proche du mouvement anti-mariage gay, et dénommé Sens Commun, Nicolas Sarkozy a promis qu'il abrogerait la loi légalisant le mariage homosexuel. 
Ce fut l'une des plus grandes bourdes politiques que l'ancien monarque ait jamais commise. 

1. Sarkozy a cédé à la pression de la petite foule d'un groupuscule. Bruno Le Maire, également invitén a eu davantage de courage, en assumant son soutien personnel et connu, au mariage pour tous. Pour Sarkozy, la séquence fut lunaire et dévastatrice. Sarkozy a perdu beaucoup, ce jour-là, en crédibilité politique. Il a eu moins de courage Répondant à des cris réclamant l'abrogation alors qu'il ne parlait que de "réécriture", Sarkozy a en effet concédé:


"Si vous préférez qu'on dise abroger la loi Taubira pour en faire une autre... En français, ça veut dire la même chose (...) Mais enfin, si ça vous fait plaisir, franchement, ça coûte pas très cher."

Si, cela coûte très cher. 
2. La proposition est absurde. S'il parvient à ses fins, la France aura donc des Français mariés sous un régime devenu hors-la-loi. C'est juridiquement "délicat", le mot est faible.  Nombre de ses soutiens, jusqu'à certains très proches telle Nathalie Kosciusko-Morizet dès lundi matin sur Europe 1, ont fortement réagi. Car Sarkozy, mal en point ce soir-là sur l'estrade, est parti dans une autre suggestion, franchement vaseuse et improbable: la création d'un "mariage pour homo". On croit rêver... Il fallait se pincer pour le croire: "Le Pacs n'est pas suffisant (...) Je veux un mariage pour les homosexuels, un mariage pour les hétérosexuels, qui tiennent compte justement de la différence".

3. En résumé, Sarkozy a proposé d'abroger une loi qui a permis plus de 7.000 mariages, puis il a envisagé, séance tenante,  de créer "deux mariages". Mais finalement, il s'est réfugié derrière l'avis des militants de l'UMP... Le tout en quelques minutes d'une improvisation incroyable qui témoignait surtout d'une couardise politique et personnelle assez surprenante. 

Nicolas Sarkozy, l'homme d'Etat, cédait devant quelques dizaines de militants UMP anti-mariage gay. 

Imaginez devant Poutine ou quelques autres.


4. Sarkozy est parvenu à inquiéter jusqu'à Nadine Morano
"Les Français attendent d'autres priorités que la réécriture de la loi Taubira" Nadine Morano, sur Twitter, le 16 novembre
5. Depuis lundi, ses proches se démènent pour modérer les dégâts. Nathalie Kosciusko-Morizet explique combien Sarkoyz a eu raison d'en appeler au vote des militants. C'était le plus beau des aveux d'impuissance. Valérie Pécresse se risquait à dire que réactiver le débat sur le mariage pour tous était la pire des mauvaises idées. Nadine Morano, Frédéric Lefebvre, Christian Estrosi et même Rachida Dati n'ont rien compris à l'attitude de Nicolas Sarkozy.
6. Après cette funeste intervention, Nicolas Sarkozy est parti deux jours aux Etats-Unis pour donner une conférence rémunérée. L'homme a des frais, besoin d'argent, de beaucoup d'argent.

7. Mercredi, Sarkozy est encore tétanisé. Il n'a peut-être plus de grand sens politique. C'est une première hypothèse à retenir, puisqu'il n'a pas réalisé l'ampleur de sa bourde. Pour se justifier, lors d'un meeting à Mulhouse mercredi 19 novembre, Sarkozy ose nier les faits et même ridiculiser les militants de cette organisation SENS COMMUN, opposée au mariage pour tous : "J’ai vu qu’on s’étonnait que je discute et que je dialogue avec des jeunes responsables qui sont venus à la politique récemment."
Personne ne s'étonne qu'il débatte avec qui que ce soit. Tout le monde fut surpris qu'il cède aussi vite à la petite foule d'un petit meeting. Chacun pouvait en revanche s'étonner qu'il qualifie ces extrémistes de l'ati-mariage gay (ils en réclament l'abrogation !) de "jeunes responsables qui sont venus à la politique récemment". Excusez-le, il s'adressait à des "rookies", des "noobs", bref, des débutants.
Il fallait bien leur dire ce qu'ils avaient envie d'entendre, n'est-ce-pas ?
Il ne restait plus qu'à traiter de l'affaire libyenne.

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