A la mystérieuse mort de son père, l'une de plus grandes fortunes de la planète, Ilya voit sa vie basculer du tout au tout. Plutôt que de rejoindre son école privée en suisse pour la rentrée, le jeune homme part séance tenante pour Londres afin de vivre avec une grand-mère qui lui est totalement inconnue. En guise de rentrée, le voici donc blackboulé à l'Institut Excelsior où les quelques personnes avec qui il va lier connaissance presque malgré lui vont révéler des facultés pour le moins exceptionnelles.
David Khara fait partie de ces auteurs pour lesquels je lâche tout quand il sort un nouveau bouquin. Pas de fanatisme débridé là-dessous ni d'adoration inquiétante, il se trouve juste que, jusqu'à présent, j'ai toujours grandement apprécié les histoires dans lesquelles il m'a embarqué. Celle-ci ne fait pas exception et le fait qu'il signe signe là son premier roman à destination de lecteurs plus jeunes n'y change rien. Ça n'est en tout cas pas être une barrière, bien au contraire. Plusieurs raisons à cette adhésion. La première étant qu'on devine les influences de David Khara à travers l'ensemble de ses ouvrages et, plutôt que de les régurgiter au point d'être trop marquées, trop évidentes, il les fait siennes, les transforme au point de livrer une œuvre singulière et prenante à bien des égards. Il parvient ensuite à camper une ambiance et une situation à l'économie de mots et de menus détails qui savent révéler leur pertinence sur le long terme. Ainsi le sort d'Ilya et de ses comparses, par le mystère qui les entoure, par les péripéties et les obstacles qu'ils sont amené à rencontrer nous importe vraiment. Sans doute aussi parce que le lien qui les unit, l'amitié naissante que l'on sent naître entre eux malgré leurs différences puise sa source dans l'Histoire et les sombres recherches scientifiques que la seconde guerre mondiale a entraîné dans son sillage. David Khara dresse ainsi une belle passerelle avec sa trilogie Projet – LeProjet Bleiberg, Le Projet Shiro et Le Projet Morgenstern qui l'a révélé au grand public.
La démarche est d'autant plus habile qu'elle ne gêne à aucun moment la mécanique du récit, mené tambour battant, avec ce qu'il faut d'humour, de gravité, de tension et aussi d'émerveillement à mesure que l'on découvre les capacités du groupe de jeunes et de l'interaction salutaire qu'elles génèrent entre eux. Là encore, leurs différences ne sont jamais une barrière et dès lors que les pièces du puzzle s'assemblent les unes après les autres, que les bases de l'histoire s'éclairent enfin, le lecteur, jeune ou moins jeune, est ferré. Il n'aspire qu'à une chose : embrayer avec la suite. Laissons à l'auteur le temps de l'écrire, nous n'en serons à coup sûr que plus surpris encore. Compris les filles?
Thunder, tome 1, Quand la menace gronde, de David Khara, Rageot, 2014, 215p.