Jamais l'élaboration du budget de la France n'aura été autant scrutée par les médias étrangers. Et pour cause, la Commission européenne a bien failli déclencher un séisme politique en refusant de valider en l'état le budget 2015. Mais que s'est-il donc passé ?
Une vidéo pour commencer
J'ai été invité sur le plateau de TV Cristal pour donner quelques clés de compréhension sur l'élaboration du budget 2015. C'est à voir gratuitement sur le site de
TV Cristal en cliquant sur l'image ci-dessous :
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Le budget 2015 en un coup d'oeil
Bien que non encore voté définitivement, le budget 2015 - appelé PLF 2015 dans le jargon de la loi - a été construit sur les bases suivantes :
[ Source : La Dépêche ]
Quel est le montant des "économies" ?
Au-delà des éléments de langage qui polluent le discours politique, il est bien entendu évident que ces 50 milliards d'euros - dont 21 milliards en 2015 - ne peuvent être des "économies" ; il s'agit bel et bien de coupes claires dans les budgets publics !
Elles se répartissent de la manière suivante pour le budget 2015 :
Quel est le point d'achoppement avec Bruxelles ?
La trajectoire de réduction du déficit public était la suivante au début de l'année 2014 :
[ Source : Le Point ]
Or, très rapidement il devint évident que le gouvernement ne serait pas en mesure de respecter ce retour du déficit public rapide en-deçà des 3 % du PIB, non plus que la réduction du déficit structurel (hors effets de la conjoncture). Ce fut alors le début d'un bras de fer avec la Commission européenne, dans le cadre de la procédure de semestre européen :
Nombreux étaient malheureusement ceux qui ignoraient, jusqu'à la venue de cette fameuse lettre, que la France doit désormais transmettre sa trajectoire budgétaire triennale à la Commission européenne. Au bout du compte, ce sont donc bien les services de la Commission européenne qui décideront de valider ou non le budget de l'État français, et non le Parlement français !
Et en l'occurrence ces derniers ont décidé que le compte n'y était pas en matière de réduction des déficits, ce qui a conduit Michel Sapin à promettre 3,6 milliards d'euros d'efforts supplémentaires dans la réduction du déficit public.
Et avant même le 1er janvier 2015, les coups de
rabot ont déjà commencé dans les ministères pourtant déjà à l'os pour nombre d'entre-eux...
En complément du semestre européen, on trouve dans l'arsenal communautaire le Traité pour la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG, dit Pacte budgétaire) ainsi que ses avatars ("two-pack", "six-pack",...). Mais quel que soit le nom de la gangue, le fruit mauvais reste le même : le déficit devra tendre vers 0, quelles que soient les dépenses financées, ce qui signifie qu'après s'être privés de la politique monétaire les États se privent désormais de la politique budgétaire en pleine crise. Ne cherchez donc pas trop loin si vous voulez savoir pourquoi la crise n'en finit pas en Europe !
Dans mon prochain billet, je vous expliquerai en détail pourquoi le déficit public ne se réduit pas malgré les hausses d'impôts et les baisses drastiques de dépenses publiques.
A suivre !
N.B : l'image de ce billet provient d'un article de ce site : http://www.cgt-ag2r.fr