Vivre & Mourir à L.A..

"Il avait un fusil pointé vers moi"
Faricelli se défendait mentalement en se disant qu'il n'avait pas le choix.
C'était lui ou moi.
Il avait tué Parker.
Mais depuis il était en fuite.
N'avait-il pas toujours été en fuite?
De père en fils?

Son père avait fuit l'Italie pour les États-Unis, Faricelli avait fuit le Colorado enneigé pour la côte ouest ensoleillée de la Californie. Victime des quolibets racistes de par ses racines italiennes, même si il insistait qu'il était né ici, à Los Angeles, il avait changé son nom pour John Farr. Mais avant l'heure, on l'appelait John Fart dans la cuisine où il avait commencé à bosser pour assurer sa subsistance. Quand il avait quitté la pizzeria qui l'avait engagé, il s'était présenté sous le nom de John Carr au salon de bronzage qui allait maintenant l'employer.
Un salon de bronzage en Californie, quelle absurdité. Vous n'avez pas assez du soleil dehors? venez prendre le plus nocif des rayons en dedans. Et étrangement le commerce fonctionnait bien. Des femmes de riches qui ne voulaient pas montrer leurs bourrelets sur la plage. Qui voulaient du cancer condensé, John Faricelli dit John Carr avait maintenant non seulement sa situation sociale, mais il voyait parader devant lui, pas au salon, mais tout près, dans les rues, ce qu'ils considéraient comme les plus belles filles du monde.
Il s'était amouraché d'une belle californienne d'origine mexicaine, il lui avait dit qu'il comprenait parfaitement le sentiment de se sentir étrangère qu'elle pouvait ressentir de temps à autre aux États-Unis. Elle travaillait comme serveuse dans le bar voisin. Toutefois celle-ci s'intéressait davantage au barman. Elle se servait de John pour le rendre jaloux. Et ça a fonctionné. Le barman a pris comme un affront que la serveuse se colle à John et l'a conquise presque de force. Dans un instant qui se situait presqu'entre le viol et l'assaut. La serveuse et le barman était un couple. Et John en avait été le bête accessoire. John et la serveuse n'avaient même pas échangé un baiser ou une nuit ensemble.

Friends zone all the way.
John avait alors choisi de changer l'itinéraire de ses errances. Il allait fréquenter le bar Divine sur Glendale Boulevard qui n'avait rien de divin. C'était même une planque à merde. Là il se présenterait sous le nom de John Garrett, question de se réinventer à nouveau. Il se ferait beaucoup d'amis mâles mais au niveau des femmes: rien. Il y avait bien les deux serveuses, deux femmes exquises pour l'oeil, Sandy & Ashley, qui, à elles seules, justifiaient la présence des clients. Elles avaient de la conversation, de la personnalité, du charme, mais elles étaient protégées par Sam, le boss de l'endroit, un ogre qui avait la tête de Vin Diesel. "Touchez à mes filles et je vous tue" disait-il sans rire. Sa bouille était photographiée au dessus du bar comme pour rappeler à tous qu'il veillait au grain même si il n'y était pas toujours.

Benson avait mis la main aux fesses d'Ashley lors d'une soirée bien arrosée et il avait été battu dans la nuit, presqu'à mort. Personne n'avait revendiqué l'assaut sur Benson, mais il allait de soi que Sam y était pour quelque chose. Sam était resté silencieux sur la chose et s'était contenté de pointer tout le monde du doigt le lendemain. Avec sa gueule de gorille en furie. Puis il avait quitté la région, le temps de se faire oublier. Et de faire laisser planer la menace sur les clients du bar. Il n'était pas là non plus le soir des mains baladeuses de Benson. Ce qui ne l'avait pas empêché de savoir. Et de réagir. Benson n'avait pas porté plainte. Il n'avait plus la mâchoire pour tellement jaser de toute façon.

John Garrett préférait Sandy.Ses yeux bleus avait tout pour le séduire. Et elle paraissait moins vulgaire qu'Ashley.
Un soir bien arrosé. John lui confessa que si jamais elle avait besoin d'un grand frère, d'un confesseur, d'un ami, d'un protecteur, qu'il était nettement disposé à tout faire pour elle. Sandy, à la grande surprise de John, avait été très attentive à ses propos, Elle lui avait alors avoué que Sam les gardaient prisonnières de leur emploi, elles et Ashley. Qu'il leur était non seulement interdit de changer de job mais qu'en plus, elles devaient parfois jouer les escortes en fin de soirée.

John sentait qu'on demandait au héros en lui d'intervenir. Il aurait tout fait pour Sandy. Et cette fois, celle-ci, lui demandait de la tirer d'embarras.
John discuta donc de la chose avec Sam. Ne le confrontant pas, lui demandant tout simplement si il ne s'occupait pas en parallèle d'une agence d'escorte en plus de gérer le bar.
"En quoi ça t'intéresse, Garrett?"
"Sandy...Sandy est-elle parmi tes escortes?"

C'était quoi cette question? John venait-il de compromettre la sécurité de Sandy? le visage de Sam paru largement irrité. C'est là qu'il a sorti un fusil. Garrett n'a pas eu le temps de réfléchir. Il n'a que réagi, il a sorti son propre fusil et lui a fait éclater la tête.
What
the
fuck?

Sandy était accourue de derrière le backstore.
John avait le visage ensanglanté.
Sam était mort et la tête en bouillie.
Sandy a hurlé.
John a fui.
Il se terrait depuis.
Il changerait de nom encore c'est certain.
Il changerait son prénom cette fois.
Vin, comme Vin Diesel, il s'en tire toujours Vin Diesel.
Vin Walker, un croisement entre Vin Diesel et Paul Walker, ses deux acteurs préférés.
Il pensait à ça quand une balle lui traversa la tête.
Il était pourtant accroupi dans son appartement, se croyant à l'abri mais une balle lui traversa tout de même la tête. D'une balle provenant d'une arme dans la main d'un autre.
Sam Parker avait un entourage. John n'était rien. Pas même une identité.

On découvrirait sur son cadavre des cartes l'identifiant comme Giovanni Faricelli.
Faricelli était venu goûter au soleil en Californie,
Il n'aura même pas été nuage, se contentant de n'être que smog.