Giuseppe Volpi, comte de Misurata, et né à Venise le 19 novembre 1877. Orphelin de père et en raison du peu de moyen financier, Giuseppe Volpi doit abandonner ses études à l’université de Padoue et se rend dans l’empire ottoman pour faire fortune.
Devenu riche en exportant du tabac du Monténégro, il investit ses gains dans l’industrie naissante de l’électricité et en 1905, il rentre en Italie où il crée la SADE (Société adriatique d’électricité), obtenant une position importante dans le secteur de la production et de la fourniture d’énergie électrique.
Photo archives Giacomelli
En 1917, il est parmi les personnes, avec Cini, qui participent à la réalisation du nouveau port Marghera, dont la première centrale électrique porte son nom. Un buste honore encore de nos jours sa mémoire en ce lieu. Après la Première Guerre mondiale, il acquiert de prestigieuses chaînes d’hôtels gérant ainsi à Venise le Grand Hôtel et l’Excelsior.
Il avait également acheté la villa Barbaro, dite dilla Volpi, contruite par Andrea Palladio à Maser, dans la province de Trévise.
Bien que franc-maçon, il adhère au fascisme et de 1922 à 1925 il est gouverneur de la Tripolitaine. Il donne alors son aval pour la dure répression ordonnée par le général Rodolfo Graziani contre les indépendantiste libyens. En 1925, le titre de comte de Misurata lui est concédé par Victor-Emmanuel III, roi d’Italie. De 1925 à 1928, il est ministre des finances du gouvernement de Benito Mussolini : son action gouvernementale cherche à favoriser le rapprochement des capitalistes vers le fascisme.
Il est président de la Confindustria de 1934 à 1943. Il se fait le promoteur des intérêts du capitalisme italien auprès du régime, assurant en échange le soutien et la collaboration du monde industriel au fascisme et au projet politique mussolinien. Le soutien diminue à partir de 1943 lorsque les importantes destructions occasionnées aux infrastructures et aux établissements industriels italiens par l’offensive anglo-américaine mettent en crise la politique et l’économie du pays.
Pendant les années où il est président de la Confindustria, Volpi est aussi président de la Biennale de Venise et le principal promoteur de la 1er exposition internationale d’art cinématographique, le plus ancien festival cinématographique au monde. La première édition s’est tenu en 1932 et, après le festival de Cannes créé à l’origine pour le concurrencer, aujourd’hui connu comme la Mostra Internationale d’Art Cinématographique de Venise. Pour cette raison, le prix du meilleur acteur et celui de la meilleure actrice (les « Coupes Volpi ») portent son nom.
Dans les premiers mois de 1943, Mussolini procède à un vaste remaniement de son gouvernement qui touche Galeazzo Ciano et Alessandro Pavolini ainsi que Volpi qui est remplacé le 30 avril par le directeur général Giovanni Balella. Pour cette raison Volpi ne participe pas à la séance du Grand Conseil du fascisme, auquel il participait de droit en sa qualité de président de la Confindustria, qui dans le 25 juillet destitue Benito Mussolini. Dino Grandi qui est l’un des instigateurs de la chute du régime fasciste et un ami personnel de Volpi, ne l’en informe que le lendemain.
Il tente par deux fois de s’enfuir en Suisse sans réussite (le 26 juillet et le 16 octobre). Le jour qui précède sa seconde tentative, il délègue l’administration de ses sociétés au comte Vittorio Cini. Il est arrêté par les SS et retenu plusieurs jours dans la prison de Via Tasso, mais compte tenu de son état, sur l’intervention du maréchal Rodolfo Graziani, il est libéré et rendu à sa famille.
Après la guerre, il est jugé à plusieurs reprises pour sa responsabilité pendant la période fasciste mais son état l’empêche de se présenter devant les juges et grâce à l’amnistie Togliatti et aux témoignages en sa faveur par des personnalités antifascistes, il est acquitté de toutes les accusations.
C’est à cette période que Volpi, déjà souffrant à cause du diabète, commence à présenter les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer qui en peu d’années lui fait perdre ses capacités intellectuelles et le conduit à la mort.
Sa tombe se trouve dans la Basilique des Frari à Venise, en face de la maison où il vivait en dépit de son palais sur le Canal Grande. Son sarcophage se trouve, aux Frari, donc, près du monument à Pesaro, à côté de l’autel de la famille Pesaro. Tous les écoliers de Venise participèrent à ses funérailles. Il existe une chapelle familiale au cimetière San Michele in Isola.
Il est le père de Giovanni Volpi, entrepreneur et dirigeant sportif italien, organisateur de course automobile, fondateur de l’écurie de course Scuderia Serenissima et de l’entreprise de construction automobile Automobili Turismo e Sport.
Sergio Romano, Giuseppe Volpi – Industria e finanza tra Giolitti e Mussolini, Marsilio Editori, Venise, 1997, ISBN 8831767747. Il existe une traduction en français édité par l’école française de Rome.
Glorifié par certains, détesté par d’autres, il reste de lui l’image d’un homme qui a fait rapidement fortune dans une époque trouble, et qui a profité largement de la période fasciste. Il reste aussi le promoteur de Porto Marghera et tous les dégâts irrémédiables que cette création industrielle a produit sur la lagune, ainsi que du barrage du Valjon dont il fut un des décideurs quand il était à la tête de la la SADE (Società Adriatica Di Elettricità), et du désastre que l’on sait… et probablement d’autres choses néfastes pour l’avenir de Venise que nous ne soupçonnons même pas encore.