Sixième journée en Crète.
Déjà.
Et même si nous savons que nous prenons l’avion de retour à Paris le lendemain, Musclor et moi avons décidé de continuer à nous faire plaisir en découvrant cette fois-ci les environs d’ Héraklion pour m’épargner des dizaines de kilomètres à parcourir ( pour rappel, je me suis farci 7 heures de trajet la veille )
Après notre petit-déjeuner en bord de mer ( nous avons définitivement abandonné celui de l’hôtel que je trouve immonde ), nous prenons la route de Tylissos pour aller visiter son site archéologique constitué de 3 maisons de l’époque minoenne.
Après nous être acquittés de nos 2€ de billet d’entrée, nous découvrons un site beaucoup moins grandiose que ceux de Phaestos ou de Cnossos certes, mais au final je l’ai trouvé tout aussi impressionnant.
Il ne s’agit pas là d’un palais minoen mais plutôt de « villas » ( le terme qu’aiment utiliser les archéologues étant en réalité « megaron » ) datant du XVIème au XIVème siècle avant J-C, que l’on soupçonne fortement d’être une « annexe » du palais de Cnossos tant les ressemblances architecturales et ornementales sont semblables.
avec de jolis pithoi
Les archéologues pensent même que le site de Tylissos était en fait un centre de travail du bronze ( énormément d’objets en bronze ont été découverts sur ce site dont 3 baignoires imposantes ) ou un grand atelier de sculpture, la proximité du mont Ida aidant à s’approvisionner en ressources.
Sous un soleil de plomb, nous déambulons parmi les ruines, appareil photo à la main. Nous pouvons circuler comme bon nous semble sur ce site à taille plus « humaine » que Cnossos ou Phaestos, l’occasion de constater que des siècles avant notre Ere, les hommes ne circulaient pas dos voûté dans les couloirs puisque les murs érigés étaient déjà extrêmement hauts.
Nous croisons de la rubalise à certains endroits, signe que l’endroit est fragile et/ou en cours de restauration par les employés du site.
C’est d’ailleurs ce que j’ai le plus apprécié à Tylissos : on peut regarder les gens travailler, fouiller, reconstituer et établir la cartographie des lieux. Le boulot est minutieux et c’est dans une bonne ambiance que l’équipe de fouille travaille sous une chaleur importante. C’est d’ailleurs le jour où nous souffrirons le plus des températures, avec 36°C au compteur et pas un poil de vent.
Je demande l’autorisation à deux demoiselles de les photographier en train de travailler. L’une ne tiendra pas à figurer sur mes clichés tandis que la seconde se prêtera volontiers au jeu. Sous leur parasol et armées de burin, de pistolet à eau et d’argile, elles semblent tout absorbées dans leur tâche :
Une fois n’est pas coutume, je suis impressionnée par les technologies développées à l’époque de la construction de ces villas : le système d’irrigation à lui tout seul est un exemple de l’ingéniosité des minoens. A signaler la présence d’une énorme citerne d’eau, stockage providentiel pour alimenter les cultures alentour.
Une grande partie des objets découverts à Tylissos est exposée au musée d’Héraklion. Il subsiste néanmoins quelques jarres de bonne taille sur le site en lui-même, à l’endroit où se trouvait le magasin :
Alors que Musclor prend son 254ème cliché, je m’éloigne un tantinet des ruines pour avoir une vue d’ensemble ( et aller aux wawas ). Le site étant assez petit et malgré la présence d’une quinzaine de visiteurs seulement, on a vite la sensation que l’endroit grouille de monde. Je m’auto-bénis une fois encore d’avoir choisi la fin du mois de Septembre pour visiter la Crète !
A côté des waters ^^
Après deux heures d’immersion minoenne, nous décidons de nous rendre dans le village d’Arolithos situé sur la route d’Héraklion, à 11km à l’ouest de la capitale . Notre guide du Petit Futé le décrit comme « un village privé et reconstitué (…) véritable vitrine de l’artisanat crétois ». Il paraîtrait même que dans un but purement touristique, les habitants revêtent leurs costumes traditionnels crétois.
Nous avons hâte de découvrir cet endroit construit dès 1985. Nous l’imaginons déjà fourmillant de monde, empli de la bonne humeur et de l’hospitalité crétoises que nous apprécions tant…
Finalement, en lieu et place d’un petit village accueillant, nous découvrons un parking désert. Après quelques dizaines de mètres gravis vers le haut de la colline et pas une seule âme rencontrée, nous comprenons que le village est en réalité en aval, et qu’il est tout petit. Qu’importe, nous redescendons donc dans un silence pesant.
Nous découvrons des ruelles très colorées, aux teintes vives et d’innombrables espèces de plantes et de fleurs qui donnent un côté charmant au village.
Mais toujours pas âme qui vive…
Il est pourtant 11 heures du matin et le soleil est au rendez-vous. Au détour d’une ruelle, je manque sauter sur un jeune couple de touristes français tant je suis contente de voir quelqu’un.
Nous nous rendons vite compte que le village est extrêmement petit avec deux petites rues principales charmantes, mais cruellement désertes. Nous passons devant un atelier de céramique ouvert…mais désert lui aussi.
« Mosaic Workshop »
Il paraîtrait qu’ Arolithos compte un atelier de forgeron et un autre de tissage, et qu’on peut même les visiter. Malgré la taille minuscule du village, nous ne les trouverons pas. Et ce n’est pas en demandant aux habitants-fantômes qu’on sera susceptible de les dénicher ^^
Alors on se venge sur les photos ! Même si nous apprécions le décor, nous déplorons un certain manque d’authenticité, celui que j’avais tant apprécié dans le village de Maroulas par exemple, quand bien même il était désert lui aussi. Là je sais pas, j’ai le sentiment d’être à Disneyland, la foule de marmaille en moins.
Il faut noter que ce village étant privé puisqu’ il appartient entièrement au fondateur, il est formellement proscrit de faire des photos professionnelles sans l’accord de ce dernier…
Au bout de cette arcade, nous découvrirons une piscine loin d’être authentique . C’est là qu’on a commencé à se demander si en réalité, ce village ne serait pas un immense hôtel…Et mes recherches sur Internet en rentrant à Paris l’ont confirmé.
Au détour de la petite placette du village, nous croisons un homme ( pincez-moi je rêve ) qui semble être serveur. Nous le suivons et découvrons une immense terrasse de restaurant avec vue panoramique sur la vallée d’Héraklion. En fait, tous les gens ( j’en ai compté 6 ) étaient rassemblés ici, à l’ombre des arbres, avec vue sur la piscine juste en contrebas.
Nous commandons un apéro ( la faute à la chaleur ^^ ) en regardant passer un troupeau de krikri sauvages qui cherche de l’herbe fraîche dans la montagne environnante brûlée par le soleil.
C’est sans regrets que nous quittons Arolithos au bout d’une petite heure de promenade ( apéro compris ). Nous nous attendions à un petit village touristique certes, mais un minimum animé. Nous y avons trouvé un endroit désert, village fantôme digne du Far West ( les couleurs pétaradantes en plus ).
Nous choisissons de nous rendre à Héraklion pour déjeuner et c’est au restaurant Koyzeinepi que nous jetons notre dévolu. Nous y étions déjà allés pour déguster une bière fraîche et c’est avec une petite vue sur la mer de Crète que nous jouissons de plats copieux et goûtus ( avec un cheesecake en dessert à tomber à la renverse ).
Nous décidons pendant ce repas de nous accorder une après-midi détente sur la plage de notre lieu de villégiature : Agia Pelagia. Nous rentrons donc à l’hôtel pour enfiler nos maillots et attraper le masque de plongée.
Notre hôtel ( auquel je consacrerai un billet de blog dédié )
J’avais déjà eu l’occasion de constater lors d’une de mes précédentes trempettes que les eaux cristallines de la plage regorgaient de petits poissons multicolores. J’ai donc enfilé mon masque et mon tuba arguant que je devais avoir une classe impériale avec ça sur la goule, et je suis partie au large pour m’évader un peu dans ce monde aquatique qui me fascine ( j’avais bassiné un peu Musclor pour faire de la plongée bouteille pendant le séjour mais c’est pas trop son trip à lui )
Par deux fois, je plonge à 5 mètres pour aller chercher un truc qui brille. Non mais attends : la Crète est pleine de trésors archéologiques et moi je trouverais rien ??
Si, j’ai trouvé quelque chose : une vieille bouteille de bière sertie d’un liseret argenté ( le fameux truc qui brille ). Pdar eux fois cette connasse de bouteille m’a donné une fausse joie.
mon postérieur joue le rôle de la bouée.
Musclor voit bien que je kiffe regarder ce que se passe là-dessous et décide donc de me piquer mon combo masque/tuba pour aller snorkeler un peu lui aussi.
Au final, il a tellement kiffé lui aussi qu’il est même parti là où il n’avait pas pied. C’est vous dire si le spectacle valait le détour. Pendant ce temps, je mate les couples qui rebondissent sur des bouées tractées par des hors-bord, impatiente de les voir se faire éjecter. Je m’endors ensuite comme une larve sur mon transat dont nous ne saurons jamais s’ils étaient payants ou non, personne n’étant jamais venu nous réclamer quoi que ce soit.
En début de soirée, nous nous dirigeons vers l’hôtel pour nous changer et surtout pour commencer à rassembler nos affaires. Avec les quelques souvenirs que nous emportons, j’ignore tout à fait par quel miracle la valise pourra se fermer correctement le lendemain. Musclor conservera un souvenir qui prend peu de place et hmm, comment dire, imprégné en lui : la transformation de son bras gauche en cactus.
Nous partons ensuite en direction de notre restaurant préféré du séjour, le Mouragio pour déguster des spécialités dont seule Stella a le secret.
C’est en bord de mer, un verre d’ouzo à la main et de la saucisse crétoise plein la bouche que nous commençons à réaliser que nous rentrons à Paris le lendemain. Nous resterons au restaurant jusqu’à 23 heures ce soir-là, le temps de dîner très copieusement , de discuter avec Stella, son mari et son fils puis de leur dire au-revoir avec de petits trémollos dans la voix ( enfin surtout moi, Musclor ne moufte pas mais je vois bien qu’il a les boules ).