Polibio Diaz à New – York

Publié le 18 novembre 2014 par Aicasc @aica_sc

Polibio Diaz
©

L’actualité de Polibio Diaz, artiste polyvalent et engagé, photographe, performer, vidéaste de République Dominicaine a été intense ces derniers jours :

Pour commencer les 7,8,9 novembre, une intervention  dans le cadre du Curatorial programm de l’International studio à Brooklyn.

Puis  une conférence au Barnard Collège de Colombia University sur le thème  de la diaspora dominicaine à New – York,  « The Dominican Republic and Dominican York »

Polibio Diaz
©

 Polibio Diaz (République Dominicaine), artiste polyvalent et engagé, photographe, performer, vidéaste essaie de capter l’âme populaire dominicaine à travers une suite de portraits au sein d’intérieurs, peuplés d’objets familiers. Ces polyptiques photographiques d’un large format horizontal où dominent un cocktail étonnant de couleurs, une esthétique de l’accumulation quelquefois aux frontières du kitch montrent un habitat simple, authentique, composé de manière spontanée, imprégné souvent de religiosité et magnifient le style de vie des dominicains des barrios . Sans aller jusqu’au démembrement de l’image, ces panoramiques, assemblage de trois ou quatre photos juxtaposées du même intérieur photographiés sous différents angles, multiplient les points de vue et les points de fuite de la perspective.

Polibio Diaz
©

Polibio Diaz résume ainsi les principaux axes de sa démarche artistique :

A l’âge de treize ans, lors de mon premier voyage à New – York, je visitais Queens avec mon cousin quand, en passant par l’Avenue Jamaïque, il me signala qu’en haut de cette rue vivaient les blancs et, en bas, les noirs.
Pour moi, qui m’étais toujours perçu comme blanc dans ma ville d’origine, Barahona, République Dominicaine, cette information avait été choquante, et depuis ce moment j’ai commencé à me poser une série de questions que je ne m’étais jamais posées auparavant et auxquelles je continue de faire face.
Quand je suis retourné dans mon pays, tout s’est avéré différent. J’ai commencé à observer en détail les cheveux, la couleur de la peau de mon père, de ma mère, de mes cousins, de mes amis, enfin de tous les Dominicains. C’est alors que j’ai été confronté au fait que nous sommes le produit d’un mélange racial. Chose que beaucoup ignoraient comme moi ou que beaucoup d’autres ne voulaient pas reconnaître.

Polibio Diaz
©

Personne ne peut sortir de chez lui sans se voir soi-même dans le miroir et reconnaître qui il est réellement, et toute la beauté qu’il y a en lui. Là se trouve le motif essentiel de mon travail artistique.
Nous, les Dominicains, nous nous considérons comme blancs, et nous ne voyons de noirs que chez les Haïtiens. Il faut se rappeler que notre lutte pour l’Indépendance eut lieu contre les Haïtiens et non pas contre l’Espagne. J’utilise ma chambre photographique et mes performances comme outils pour communiquer ma déclaration artistique, orientant surtout mes compatriotes pour que nous puissions nous voir tels que nous sommes.

Polibio Diaz
©

Comment ai-je utilisé ce défi culturel ?
En faisant de la Négritude et du fait d’être mulâtre les bases de mon travail, et en interrogeant les stéréotypes artistiques gréco-latins dans lesquels nous prétendons baser notre concept de la beauté, je donne un exemple :
La Cathédrale Catholique Dominicaine est la première de toute l’Amérique et le symbole de notre héritage hispanique, de la colonisation universelle. J’ai photographié le reflet de la cathédrale à travers la vitrine d’un vieux cinéma qui se trouvait en face ; en outre, le reflet d’une mulâtresse, quelques vendeurs de rue, des automobiles et les câbles électriques de la rue, tout dans la même vision, j’ai donc désacralisé ou bouleversé le symbolisme sacré de la Cathédrale et son association avec la composante blanche de notre société.
Mon art est orienté vers mes compagnons dominicains pour que nous nous reconnaissions et que nous acceptions ce que nous sommes : Le merveilleux et complexe mélange de plusieurs civilisations avec leurs différentes tonalités de couleur reflétées et projetées dans la complexité de notre peau et de notre culture.

Polibio Diaz
©