Étant développés comme moyens de protection contre le VIH, les microbicides se montrent moins efficaces qu’on le croit. Les chercheurs de l’Institut Gladstone à San Francisco et de ceux de l’Université d’Ulm en Allemagne ont réussi à détecter la cause. Ils ont mené une étude concernant le sujet et le résultat a paru dans la revue médicale américaine Science Transnational Medicine mercredi dernier.
Pour rappel, le microbicide est un gel vaginal à appliquer avant une relation sexuelle non protégée en vue d’écarter tout risque d’infection par le VIH. Le gel a été surtout destiné aux femmes qui résident en Afrique sub-saharienne vu que ces dernières ont beaucoup de mal à imposer à leur partenaire l’utilisation d’un préservatif. Selon les auteurs de cette recherche, c’est le sperme qui empêche le gel microbicide d’assurer son rôle anti-VIH correctement. Plus précisément, ce sont les protéines contenues dans le sperme qui favorisent l’infection du VIH.
Un impact positif pour la lutte contre le Sida ?
Pour arriver à une telle conclusion, les auteurs de l’étude ont effectué plusieurs essais cliniques. Ils ont vérifié la performance de divers microbicides sur des cellules immunitaires exposées au VIH et sur d’autres cellules à risques en contact avec le sperme.
Les scientifiques ont constaté que le taux d’infection est fortement élevé quand les cellules sont en contact avec le sperme. Après avoir mené quelques recherches plus approfondies, ils ont découvert que le sperme comporte des protéines fibrillaires qui amplifient l’infectiosité du VHI. Il se trouve que ces éléments augmentent la capacité du virus à contaminer les cellules immunitaires. Ils peuvent ainsi réduire, voire anéantir, les fonctionnalités des microbicides.
Selon Nadia Roan, une chercheuse ayant participé à l’étude, c’est la première fois que le phénomène a été détecté. Elle pense que c’est une des explications évidentes de l’inefficacité de la plupart des gels microbicides. Un autre chercheur de l’Université d’Ulm, Jan Munch, a déclaré que cette découverte pourrait avancer les recherches menées dans le cadre de la lutte contre le Sida. Pour rappel, le Sida compte encore parmi les maladies incurables bien que des traitements pouvant atténuer, voire faire disparaître les symptômes, sont désormais disponibles. Selon cet expert, les molécules ciblant les protéines qui font obstacle à l’action des microbicides peuvent être exploitées pour inverser la situation.
En général, les microbicides ont pour rôle de détruire le virus VIH et l’empêcher d’atteindre les cellules immunitaires. L’un d’entre eux, dont le Maraviroc, n’agit pas de la même façon. Il intervient plutôt auprès des récepteurs des cellules immunitaires que le virus ne peut pas infecter. Ce microbicide se montre efficace en toutes circonstances. Le Dr Warner Greene, directeur du département virologie de l’Institut Gladstone, a déclaré qu’il s’agit d’une découverte dotée un énorme potentiel clinique.