Magazine Culture

Monastère

Publié le 18 novembre 2014 par Lecteur34000

Monast_re_181x300

« Monastère »

HALFON Eduardo

(Quai Voltaire)

Voilà un écrivain guatémaltèque qui mérite qu’on lui consacrât un peu de temps et d’attention. Le Lecteur avait découvert, voilà guère plus d’un an, un premier roman, « La Pirouette », roman publié chez le même éditeur. La découverte fut assortie d’une note plutôt flatteuse (voir blog). « Monastère » s’inscrit dans la même lignée.

Eduardo et son frère débarquent à Jérusalem où leur sœur se prépare à convoler en justes et religieuses noces avec un ultra orthodoxe juif. Eduardo découvre un pays, Israël, où cette orthodoxie imprègne une partie non négligeable de la société, laquelle ne répugne pas à laisser suinter un racisme parfois virulent. Ce qu’illustrent très brutalement les propos tenus par le chauffeur de taxi qui le conduit de l’aéroport jusqu’à l’hôtel. (« Des gens répugnants, a-t-il dit. Faut tuer tous les arabes, m’a-t-il encore crié dans le rétroviseur… »). Sauf que la famille d’Eduardo est à la fois originaire du Moyen-Orient et de Pologne, soit donc arabe et juive, et que cette judéité, autrefois, prit même le dessus lors de l’exil au Guatemala.

 Durant son court séjour, face à ce qu’il découvre, Eduardo exhume de sa mémoire des pans entiers, souvent douloureux, d’une histoire complexe. En particulier le séjour qu’il effectua en Pologne et où il visita, à reculons, le camp de concentration d’Auschwitz où son grand-père avait été déporté. Mal dans sa peau, Augusto désertera les contraintes protocolaires liées au mariage de sa sœur, pour trouver refuge auprès de Tamara, jeune femme qu’il avait effleurée quelques années auparavant, chez lui, au Guatemala. Sans toutefois se délivrer des multiples interrogations qui l’obsèdent.

« J’ai pensé, la tête à moitié dehors et sentant déjà la délicieuse léthargie du haschisch, qu’un mur était la manifestation physique de la haine de l’autre. Une manifestation palpable, concrète, qui cherche à nous séparer de l’autre, à nous isoler de l’autre, à éliminer l’autre de notre vue et de notre monde. Mais c’est aussi une manifestation de toute évidence inutile : pour haut et épais qu’on le construise, pour long et imposant qu’on le bâtisse, un mur n’est jamais infranchissable. Un mur n’est jamais plus grand que l’esprit de l’homme qu’il enferme. Car l’autre reste là. L’autre ne disparaît pas. L’autre ne disparaît jamais. L’autre de l’autre c’est moi. Moi, et mon esprit. Moi, et mon imagination… »


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lecteur34000 10711 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines