Des trois expositions du Consortium, proposées jusqu’au 11 janvier, je ne retiens que celle de l’artiste italien Roberto Cuoghi;
Pour une fois, je n’avais pas du tout potassé ma visite! Je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir. « Pas mal aussi de se laisser parfois surprendre! » m’a dit l’un des gentils jeunes médiateurs de l’accueil!
Eh! Ben! oui! Surprise! La première salle, à gauche en entrant, contient une sculpture géante, éclairée du haut, d’où les ombres intéressantes au sol… Une sorte de gros mollusque… Un ver monstrueux comme sorti d’une science fiction genre Dune… Impressionnante masse grise, comme dentelée, annelée, faite d’une matière indéfinissable que l’on croit molle… On ose toucher du bout du doigt, persuadée que la bête va frémir! C’est dur et rugueux. Bon! En sortant de la salle, on se retourne pour jeter un dernier coup d’oeil…La chose nous regarde! Oui! Soudain on a l’impression de voir un vague visage se former au centre d’un anneau…
Les salles suivantes montrent d’autres volumes dans le même esprit que la première. Des variations d’êtres hybrides, de diables, de formes organiques mystérieuses. Ici, peut-être, une tête de lion, là un sabot de cheval, une tête de bélier, là encore des écailles, une crête de volatile, des doigts humains, une queue de poisson… Et autant de matériaux surprenants. Quelque chose qui ressemble à de la pierre rongée par les intempéries, ou de la bave, ou du bois (ah! si! c’est réellement du bois cette fois!), ou du métal lourd, ou du ciment, ou de l’éponge, ou de la corde (ah! si! c’est bien de la ficelle collée!). Roberto Cuoghi sait surprendre, créer l’illusion et troubler!
On évolue dans un univers étrange de créatures (ou de morceaux de créatures) sorties d’un imaginaire très riche. C’est puissant. Souvent beau. Et ça laisse perplexe. Je dirais que c’est presque intimidant.
Renseignements pris…
Roberto Cuoghi est obsédé par l’idée de métamorphose. Thèmes récurrents chez lui: la transformation, les identités hybrides. Et il est allé au bout de ses idées, puisqu’il a testé lui-même. En effet, à 25 ans, il est peu à peu devenu vraiment un homme âgé, à l’image de son père. (Il paraît qu’il a eu toutes les peines du monde à retrouver son physique de jeune homme trois ans après!)
Un jour, le voilà passionné par la civilisation assyrienne (Babylone) et, entre autre, il choisit de s’intéresser à la divinité Pazuzu. Il s’agit du roi des démons du vent (environ 612 avant notre ère). Son apparence est assez terrifiante, mais, en fait, il est souvent représenté sur des amulettes car son rôle est protecteur. Il fait peur aux forces diaboliques néfastes et protège ainsi les enfants et les femmes enceintes en particulier. Au Louvre est conservée une petite statuette de Pazuzu que l’artiste a reproduite plusieurs fois en monumentale sculpture (non présentes ici), après en avoir fait un scan laser 3D. Ici, au Consortium, il présente ses recherches sur les diverses incarnations et facettes du démon en question. Car c’est ce qui le passionne: son pouvoir de se modifier à volonté, de se manifester sous la forme d’un homme ailé, avec queue de scorpion et cornes de bélier… ou autres !…
Des dessins et sérigraphies représentant Pazuzu complètent cette expo de sculptures.
Allez voir cet étonnant décorticage de démon!
cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois